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Mousavian : « Le dossier nucléaire iranien est purement politique » | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 28 - 12 - 2012

Le dossier nucléaire iranien ne cesse de soulever controverses et interrogations. Pourquoi le programme d'enrichissement de Téhéran fait tant jaser ? Pourquoi l'Iran, en dépit des sanctions internationales, persiste toujours à poursuivre son projet ? Dr Seyed Houssein Mousavian, ancien porte-parole du groupe de négociateurs iraniens sur le dossier nucléaire et professeur associè à l'Université de Princeton apporte des éléments de réponse.
Dr Seyed Houssein Mousavian, ancien porte-parole du groupe de négociateurs iraniens sur le dossier nucléaire et professeur associè à l'Université de Princeton apporte des éléments de réponse.
Dans son dernier rapport d'août 2012, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) indique que l'Iran a doublé sa capacité d'enrichissement nucléaire notamment sur le site de Fordo. Elle révèle aussi que Téhéran mène « des activités sur les lieux qui entraveront considérablement la capacité de l'agence à mener une vérification efficace ».
Que répondez-vous à ces accusations ?
L'Agence Internationale de l'Energie Atomique devient de plus en plus un outil politique depuis l'avènement de Yukiya Amano. Mohamed El Baradei qui suivait le dossier iranien depuis 2003 a tenu en 2010 une interview publique en déclarant que durant toutes ces années, l'agence n'a vu la moindre évidence qui démontre que le programme nucléaire iranien est développé pour l'obtention de l'arme nucléaire. Par contre, des documents confidentiels américains dévoilés par Wikileaks ont révélé que Amano est sous les ordres des Etats-Unis y compris dans le dossier nucléaire iranien. Donc on comprend aisément les raisons qui l'ont poussé à publier un tel rapport. Les éléments soulevés par l'AIEA se fondent sur des actions passées. Les services de défense et de sécurité américains ont annoncé en 2007 et en 2011 que l'Iran n'a pas développé des activités nucléaires à des fins militaires depuis 2003. Alors que le dernier rapport souligne le développement de programmes similaires depuis 2011.
Quelle est l'opinion de la société iranienne sur la question ?
Le peuple iranien estime que ce dossier nucléaire est purement politique. C'est un dossier qui mobilise toute la population iranienne. Pour elle, c'est une question de fierté nationale et cela renforce davantage leur ressentiment à l'égard de l'Occident. Les Etats-Unis veulent, à travers cette problématique, accroître davantage la pression au niveau de la communauté internationale. Depuis 2006, les Nations unies et les pays occidentaux appliquent des embargos économiques sur l'Iran. Aujourd'hui, ces mesures semblent avoir des répercutions négatives sur la situation économique du pays.
Téhéran pourra-t-il surmonter ces épreuves ?
Certes, l'Iran traverse actuellement une situation économique délicate. Ceci résulte de deux choses : la mauvaise gouvernance de l'actuel régime et l'embargo pratiqué par plusieurs pays occidentaux. La classe moyenne vit actuellement dans des conditions précaires car l'Etat n'a pas posé des actes concrets pour faire face à l'inflation et à ces sanctions financières. Mais à mon avis cet embargo n'est pas la solution pour espérer trouver un compromis dans le dossier nucléaire iranien. Aucun groupe en Iran, que ce soient les radicaux, modérés, extrémistes, monarchistes ou clercs, ne renonceront jamais au programme d'enrichissement qui est un droit pour leur pays. L'Iran continuera à développer ce programme mais pas pour l'acquisition de la bombe nucléaires. Plusieurs pays signataires du Traité de non prolifération des armes nucléaires – comme l'Iran- à l'instar de l'Argentine (TNP) ont des activités d'enrichissement. Pourquoi donc refuser ce droit à l'Iran. Le premier ministre Benjamin Netanyahou n'exclut pas une éventuelle attaque israélienne sur les installations nucléaires iraniennes.
Une menace à prendre au sérieux ?
Je ne trouve pas les raisons qui justifieraient une éventuelle attaque d'Israël sur l'Iran. Cette décision est illogique et illégitime. En tant que membre du TNP, nous avons accepté que l'Agence Internationale de l'Energie Atomique viennent mener des investigations dans nos installations. C'est la plus grande mission d'inspection opérée par l'AIEA au sein d'un pays signataire du traité. Les inspections n'ont pas démontré des preuves concrètes sur la volonté de l'Iran d'acquérir la bombe nucléaire. Israël qui détient environ quatre cent armes nucléaires, qui n'a pas signé le traité de non-prolifération et qui a refusé que l'AIEA inspecte ses centres nucléaires, n'est pas approprié à donner des recommandations sur le respect du TNP.
Quelle est votre appréciation sur la diplomatie de Barack Obama à l'égard de l'Iran ?
Contrairement à Benjamin Netanyahou, le président Barack Obama a voulu engager des négociations avec l'Iran en 2009, mais malheureusement ses intentions n'ont pas abouti à cause des pressions exercées par le Congrès américain, le lobby pro-israélien AIPAC et Benjamin Netanyahou. Durant son premier mandat, il devait se plier à certaines contraintes parce qu'il voulait être réélu pour un second mandat. Reste maintenant à savoir s'il fera fi de ces pressions au cours de son deuxième et dernier mandat à la tête des Etats-Unis. Il est de notoriété publique que l'Iran soutient le régime de Bachar al-Assad qui est englué actuellement dans une véritable crise. Que suggérez-vous pour que la Syrie retrouve sa stabilité ? L'organisation d'une élection libre supervisée par les Nations unies avec la participation des pro et anti-Assad pourrait permettre de dénouer la crise syrienne. Cette consultation électorale permettra au peuple syrien de choisir son camp. La transition politique en Syrie ne doit pas se faire avec des armes. Nous avons constaté que souvent les changements de régime s'opèrent soit à travers des élections ou via l'usage de la violence. L'Iran opte pour la première solution.
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