Les inspecteurs de l'AIEA commencent jeudi leurs inspections en Iran. Ils devront s'assurer que le pays ne développe pas clandestinement un programme d'armement nucléaire. Le scénario de l'Irak est en train de se reproduire. Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique, (AIEA) débarquent cette semaine en Iran dans une mission d'inspection de l'arsenal nucléaire iranien. C'est le commencement d'un véritable bras de fer qui opposera les Etats-Unis d'Amérique et la république islamique. Celle-ci est dans le collimateur. C'est pratiquement le même scénario de l'Irak qui est en train de se reproduire. Et comme ils ont procédé pour le cas irakien, les Américains vont accuser les Iraniens de non-coopération avec les inspecteurs de l'AIEA. Et quelles que soient les conditions et la coopération iranienne, Washington procédera de la sorte. Ensuite, elle va saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour arracher une résolution dans ce sens. Les prémices de ce scénario s'annoncent déjà. En effet, l'Iran a fait savoir lundi que les six inspecteurs de l'AIEA attendus cette semaine à Téhéran n'auraient qu'un accès restreint aux installations nucléaires du pays. L'AIEA espère que cette mission d'une semaine au plus, qui débute jeudi, lui permettra de s'assurer que l'Iran ne développe pas clandestinement un programme d'armement nucléaire. Le 12 septembre, le conseil des gouverneurs de l'AIEA avait donné à l'Iran jusqu'au 31 octobre pour coopérer pleinement avec l'Onu concernant le suivi de son programme d'armement nucléaire. L'AIEA demande à la république islamique de fournir la preuve qu'elle ne cherche pas à se doter d'armes atomiques, comme l'en accusent les Etats-Unis. Le conseil de l'AIEA avait indiqué que si l'Iran n'obtempère pas à cette résolution, l'agence internationale pourrait déclarer l'Iran en infraction de ses obligations internationales et le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être saisi du dossier en vue de l'adoption d'éventuelles sanctions contre Téhéran. En réaction, Téhéran qui avait ouvert la porte à des inspections plus poussées, déclare désormais s'en tenir strictement au niveau de coopération prévu par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). «Les inspections ne se feront que dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire (TNP)», a déclaré Saber Zaimian, porte-parole de l'organisation iranienne de l'énergie atomique. Le TNP dont l'Iran est signataire oblige le pays à autoriser des visites dans un certain nombre d'installations nucléaires déclarées, comme l'usine d'enrichissement de Natanz ou le réacteur en construction de Bushehr. D'autres sites, comme la centrale électrique de Kalaye où sont entreposées et assemblées des centrifugeuses servant à l'enrichissement ne sont pas couverts par le TNP. Seul le protocole additionnel du TNP prévoit des inspections inopinées et plus poussées. L'Iran est fortement incité à le signer par l'AIEA et les pays occidentaux, mais cette décision provoque un vif débat entre les clans réformiste et conservateur qui se disputent le pouvoir à Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharrazi a déclaré que son pays était prêt à signer le protocole additionnel mais à la condition qu'il soit autorisé à poursuivre son programme nucléaire, dont ses activités d'enrichissement de l'uranium. La question nucléaire iranienne a été un sujet dominant des entretiens entre M. Bush et le président russe Vladimir Poutine vendredi et samedi dans la résidence présidentielle américaine de Camp David, alors que Moscou apporte une aide technologique à Téhéran pour la construction d'une centrale nucléaire à usage civil, à Bouchehr (sud de l'Iran). L'administration Bush insiste pour que Moscou exige de Téhéran des garanties très strictes pour que cette installation ne soit pas utilisée à des fins militaires. Il faut dire que les Américains et leurs alliés visent les ressources pétrolières de la région et la protection de l'Etat sioniste pour faire de lui le gendarme de toute la région. Ce qui explique cet état de choses est le comportement, ”de deux poids deux mesures”, adopté par les Américains et leurs alliés chaque fois que le cas du contrôle de l'armement nucléaire refait surface. Dernièrement, la Corée du Nord avait défié la superpuissance du monde, mais on n'a pas entendu parler ni de Conseil de sécurité ni d'ultimatum, ni encore de menace d'imposer des sanctions. Le scénario de l'Irak est en train de se répéter avec l'Iran. Et même si le pays coopère, dans la parfaite transparence avec les inspecteurs de l'AIEA, les Alliés trouveraient, comme ce fut le cas en Irak, une raison pour justifier l'intervention militaire.