L'ONEE vient de signer plusieurs conventions de financement concernant les domaines de l'électricité, de l'eau potable et de l'assainissement liquide. En parallèle, un plan de sauvetage est en préparation pour sortir l'Office de sa crise. L'Etat injectera un milliard de dirhams pour redonner un coup de pouce à cet office qui traîne des arriérés énormes. Le directeur général de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), Ali Fassi Fihri, et le directeur en Afrique du Nord et Proche Orient de la Kreditanstalt Fur Wiederaufbau (KFW), Wolfgang Reuss, ont procédé vendredi 9 novembre dernier à Rabat à la signature de plusieurs conventions de financement d'un montant global de 131,5 millions d'euros. Ces conventions concernent tant les domaines de l'électricité, de l'eau potable et de l'assainissement liquide, précise un communiqué de l'ONEE. S'agissant du domaine de l'électricité, la convention signée porte sur le Programme lampes à basse consommation (LBC) pour un montant de financement de 20 millions d'euros. La première phase du projet, achevée en 2011, a été couronnée par le remplacement de 5 millions de lampes incandescentes (LI) par des lampes LBC, au moment où la deuxième phase ambitionne de substituer 10 millions de LI par des LBC chez les clients résidentiels et administratifs, indique la même source. Concernant le domaine de l'eau potable et de l'assainissement, le projet d'alimentation en eau potable de Taroudant porte sur un montant de financement de 21 millions d'euros. Ce projet consiste en la réalisation, à partir du barrage d'Aoulouz, d'une conduite d'eau brute, d'une station de traitement d'une capacité de 200 l/s et d'une conduite d'eau traitée jusqu'à la ville de Taroudant avec des points de piquage pour l'alimentation future de la population rurale. Assainissement dans 30 centres du royaume Pour sa part, la 2ème phase du Programme amélioration des performances a bénéficié d'un montant de financement de 40 millions d'euros, avec un cofinancement de l'Union européennes (UE) et l'Agence française de développement (AFD). La partie allemande KFW contribue, entre autres, pour 38 millions d'euros dans le Programme national d'assainissement (PNA), avec un cofinancement de la Banque européenne d'investissement, de l'UE et de l'AFD, dédié à une population de 570 000 personnes dans près de 30 centres du royaume, précise le communiqué. Par ailleurs, le concours financier réservé à la 2e phase du PNA a été revu à la hausse, avec un financement de 11,2 millions d'euros, tandis que les mesures d'accompagnement relatives au même programme profitent d'un soutien, sous forme de don, de 1,3 million d'euros. 320 millions d'euros de contribution de la KFW Depuis 1974, la contribution de la KFW pour la branche «Electricité» a atteint 320 millions d'euros, soit plus de 3,6 milliards de dirhams, précise l'ONEE, ajoutant que la branche «Eau» a, pour sa part, bénéficié, depuis 1981, de 615 millions d'euros, soit l'équivalent de plus de 6,5 milliards DH. Le plan de sauvetage de l'ONEE Sur un autre registre, en situation financière très difficile, l'ONEE vient de recevoir un premier acompte de 500 millions DH du budget général de l'Etat. Un deuxième versement suivra d'ici la fin de l'année. Ce qui fait que l'Etat injectera un milliard de dirhams pour redonner un coup de pouce à cet office qui traîne des arriérés énormes. « L'Office a du mal à recouvrer ses propres créances, et plus particulièrement auprès des collectivités locales dont les impayés avoisinent les 3 milliards de DH, soit l'équivalent de la perte de l'année dernière », lit-on dans le quotidien l'Economiste. En effet, le recouvrement de ces créances est le deuxième volet de la composante financière du plan de sauvetage. De plus, il est prévu que l'ONE cède certains actifs immobiliers, ce qui rapportera, avec la récupération des impayés des collectivités locales, environ 6 milliards de dirhams. Un déficit de 3,7 milliards de dirhams en 2011 Pour rappel, l'Office a enregistré en 2011 un résultat net déficitaire de 3,7 milliards de dirhams, contre un déficit de 452 millions de dirhams en 2010. Le déficit de son résultat d'exploitation, lui, a été multiplié par deux passant de 1,03 milliard de DH à 2,03 milliards. Cette situation est imputable à la hausse des prix des combustibles, ceci tout en sachant que l'Office vend l'électricité en dessous du prix de revient, puisque le prix de vente n'a pas été changé depuis plus de 6 ans en face d'une hausse continue des prix des combustibles. « En excluant les pays pétroliers et la Bulgarie, l'électricité au Maroc est considérée comme étant la moins chère dans la région Mena, mais également dans le nord de la Méditerranée », avait indiqué récemment Fouad Douiri, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, ajoutant que l'ONEE vend l'électricité à un prix inférieur par rapport à celui de sa production. « L'ONEE est un élément clé dans la politique énergétique nationale et le renforcement et la solidification de l'Office figurent, avec le lancement du plan solaire, dans nos priorités pour les deux années à venir », a-t-il souligné, indiquant qu'un contrat-programme sera finalisé d'ici la fin de l'année pour redresser la situation financière de l'Office. Des hausses des prix en perspective ? Le prochain conseil d'administration de l'ONEE qui sera tenu fin décembre prochain est très décisif. Lors de ce conseil plusieurs décisions seront entérinées notamment celles relatives au contrat-programme ou encore la hausse ou non des tarifs de l'ONEE. Si Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances, parle d'ores et déjà d'une hausse inévitable des tarifs à partir de l'année prochaine, le ministre de l'Energie, Fouad Douiri, lui, préfère tempérer puisqu'il a déclaré à un quotidien de la place qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant. * Tweet * *