La ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social a récemment annoncé qu'un nouveau projet de loi en faveur des personnes handicapées sera prêt début 2013. Une commission juridique spécialisée se chargera de son élaboration. L'insertion sociale des personnes handicapées reste d'une brûlante actualité. La situation des personnes handicapées préoccupe les autorités. Le ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social travaille actuellement sur un projet de loi qui devrait consolider davantage leurs droits. L'annonce a été faite en marge de la 60e réunion ordinaire du bureau exécutif des ministres arabes des Affaires sociales qui s'est déroulée le 14 octobre dernier au Caire. D'après Bassima Hakkaoui, « Le projet de loi sera fin prêt début 2013 et discuté par l'exécutif avant d'être soumis au secrétariat général et au Parlement pour validation et adoption ». Ce texte qui devrait respecter les engagements internationaux du Maroc en la matière, s'inscrit dans le cadre de l'actuel plan législatif. Une commission juridique spécialisée est déjà mise sur pied pour l'élaboration de ce document. Pour une application effective Du côté des principaux concernés, la nouvelle est bien accueillie. « L'annonce en elle-même est positive car elle engage la ministre et le gouvernement à faire aboutir un projet de loi qui était attendu depuis longtemps par plus de deux millions de Marocains qui vivent dans des conditions difficiles, voire inhumaines », se réjouit Rachid Issari vice-président de l'Association marocaine pour adultes et jeunes handicapés (AMAJH). Elaborer un projet de loi c'est bien, l'appliquer, est encore mieux. Sur ce dernier point, l'Amajh reste vigilante. «Nous attendons l'application de ce projet de loi. Un texte quelle que soit sa qualité n'a aucune valeur s'il n'est pas appliqué. Malheureusement au Maroc et notamment dans le domaine du handicap, nous avons plusieurs lois qui restent dans les tiroirs.», à titre illustratif, « le décret du Premier ministre instaurant l'obligation d'accorder 7% des postes budgétaires de l'Etat aux personnes handicapées qui, dans certains cas, est appliqué de façon très arbitraire. Nous espérons que ce nouveau projet de loi soit le plus complet possible en comportant ses décrets applicatifs et en prévoyant les moyens de son application en matière de financement, contrôle et suivi ». Un chapelet de doléances Si l'on croit Bassima Hakkaoui, ce projet de loi devra répondre aux attentes des personnes à mobilité réduite. Un chapelet de doléances qui pourrait être résumé en trois points, selon l'Amajh. D'abord, modifier les stéréotypes, « on a tendance à exclure la personne handicapée de la société. Donc il faut plus de sensibilisation, plus de vulgarisation et plus d'intégration et nous attendons beaucoup des médias pour qu'ils nous aident à changer le regard de la société sur le handicap et en finir avec les stéréotypes et les tabous ». Ensuite, « l'accessibilité aux infrastructures éducatives culturelles, numériques, etc.. Aucune intégration n'est possible sans un environnement accessible adapté à la personne handicapée. Le dernier rapport du Conseil économique et social estime le manque à gagner causé par l'exclusion des personnes handicapées à 9 milliards de dirhams ». Enfin, « une prise en charge globale du handicap par une société solidaire et démocratique. Les personnes handicapées et leur famille sont livrées à eux-mêmes : aucun accompagnement, aucune aide sociale officielle ne leur sont accordés par les structures étatiques. Même l'information fait défaut. Certains cas de personnes lourdement handicapées vivant dans des villages reculés nous ont été signalés par des touristes . Ceux qui ont la chance de vivre dans les villes et de bénéficier d'une couverture médicale du fait du travail des parents ou de l'accompagnement de la société civile sont une très faible minorité. » L'insertion sociale des personnes handicapées reste d'une brûlante actualité. La ville de Tétouan a abrité dimanche 21 octobre une journée d'étude sur « Le droit des enfants handicapés à l'insertion dans le système d'enseignement » et qui avait regroupé des experts, institutionnels et acteurs associatifs. Cette rencontre a été organisée par le Comité régional des droits de l'Homme, en collaboration avec l'Association Hanane pour la protection des enfants handicapés et l'association la Colombe Blanche pour la protection des jeunes handicapés. Les participants ont indiqué que l'insertion totale de ces enfants dans le système éducatif figure parmi les dispositions de la Constitution, singulièrement dans son article 34 qui stipule que « les pouvoirs publics doivent veiller à réhabiliter et intégrer dans la vie sociale et civile les handicapés physiques sensorimoteurs et mentaux et faciliter leur jouissance des droits et libertés reconnus à tous, insistant sur la nécessité de prendre en considération dans les politiques publiques les différents types de handicap au niveaux des programmes d'enseignement et de l'encadrement pédagogique. » Ils ont en outre révélé que sur les 230 000 enfants handicapés, seuls 78 000 sont scolarisés. Autant d'indicateurs qui devraient inspirer les rédacteurs du futur projet de loi. * Tweet * *