Alors que l'heure semble à l'apaisement après la tension provoquée dans le monde musulman par le film anti-Islam Innocence of Muslims, Al Qaïda appelle à continuer à s'en prendre aux intérêts américains. à Lahore au pakistan, devant l'ambassade de Suisse à Téhéran ou à Tunis (de haut en bas), les manifestations de foules en colère n'ont épargné aucun pays musulman depuis jeudi. Le réseau extrémiste Al-Qaïda a appelé les musulmans à continuer à s'en prendre aux intérêts américains pour protester contre un film islamophobe, après une baisse des tensions samedi dans le monde arabe secoué par quatre jours de violentes protestations parfois meurtrières. Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a aussi affirmé que l'assaut sanglant contre le consulat américain en Libye avait été motivé, non seulement par ce film réalisé aux Etats-Unis, mais aussi par la mort du numéro 2 du réseau, Abou Yahya al-Libi, tué en juin dans une attaque américaine au Pakistan. Face aux attaques répétées contre leurs représentations diplomatiques, les Etats-Unis ont ordonné samedi l'évacuation de tous leurs personnels non-essentiels de Tunisie et du Soudan et ont déconseillé aux citoyens américains de se rendre dans ces pays, a annoncé le département d'Etat. Ils ont aussi envoyé 100 Marines en Libye et 50 au Yémen, le secrétaire à la Défense Leon Panetta soulignant que son pays devait être prêt au cas où les manifestations deviennent hors de contrôle. Mais le Soudan a affirmé avoir refusé une demande américaine d'envoyer des Marines, se disant capable d'assurer lui-même la défense des intérêts américains sur son territoire, alors que le Parlement yéménite a estimé qu'il revenait au gouvernement de se charger de cette protection. Apaisement Pour rappel, le film anti-Islam, « Innocence of Muslims », a provoqué mardi une violente manifestation contre l'ambassade des Etats-Unis au Caire et une protestation devant leur consulat à Benghazi (est- libyen) au cours de laquelle des hommes armés ont attaqué le bâtiment, tuant quatre Américains dont l'ambassadeur. Des manifestations de foules en colère, comptant parfois de nombreux extrémistes, se sont ensuite étendues jeudi et vendredi touchant le Yémen, l'Irak, l'Iran, l'Egypte, la Syrie, le Maroc, l'Algérie et Gaza, ainsi que plusieurs pays musulmans d'Asie vendredi, jour de la grande prière musulmane. Au moins onze manifestants sont morts lors des accrochages avec les forces de l'ordre, sept vendredi (quatre à Tunis, deux à Khartoum et un au Liban) et quatre jeudi au Yémen. Des renforts de sécurité ont été déployés autour de l'ambassade américaine à Tunis, comme dans plusieurs autres pays. « Faisons de l'expulsion des personnels des ambassades et des consulats une étape de la libération des terres arabes de l'hégémonie et de l'arrogance américaines », a écrit Aqpa, dans un communiqué reproduit par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Les islamistes somaliens et les talibans pakistanais ont aussi appelé à attaquer les intérêts américains. La veille, les talibans ont pris d'assaut la base où est stationné le prince Harry, « en représailles » selon eux contre le film. Deux marines américains ont été tués. Toutefois, il faut souligner que samedi, aucune manifestation notable n'a été signalée dans les capitales arabes. Des cortèges de centaines de personnes ont défilé dans le calme en Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, et en Australie. À Paris et à Anvers (Belgique), des dizaines de personnes ont été interpellées après des heurts avec la police. Dans le nord d'Israël, des centaines d'Arabes israéliens ont manifesté alors que 150 Palestiniens ont protesté à Jérusalem-Est où un manifestant a été arrêté près du consulat américain. Atteintes aux figures sacrées Après les violentes manifestations au Caire, le grand imam d'Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, a appelé les Egyptiens à la retenue et l'ONU à adopter une résolution internationale interdisant toute atteinte à l'Islam. Le mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz Al-cheikh, a quant à lui demandé que les « atteintes aux figures sacrées » « soient criminalisées », tout en condamnant le recours à la violence lors des manifestations. Dans un communiqué, la branche yéménite d'Al-Qaïda a affirmé que la mort du cheikh al-Libi a accru l'enthousiasme et la détermination des fils d'Omar al-Mokhtar (en Libye) à se venger de ceux qui ont tourné en dérision et attaqué notre prophète. Selon le président de l'Assemblée nationale libyenne, Mohamed al-Megaryef, des éléments étrangers sont impliqués dans l'attaque contre le consulat américain à Benghazi. Dans son adresse hebdomadaire à ses compatriotes, le président américain, Barack Obama, les a appelés à ne pas se laisser décourager par les images de violences anti-américaines dans le monde musulman, disant sa certitude que les idéaux de liberté de l'Amérique finiraient pas triompher. * Tweet * *