« Des espaces autres » est un voyage photographique itinérant, fruit de résidences croisées entre photographes marocains et néerlandais. Une exposition hybride qui se tiendra au Maroc et aux Pays-Bas. Zoom. Les clichés «La ville affranchie» et les photographies abstraites sur l'immigration des Subsahrariens, derniers travaux effectués par les deux photographes marocains Khalil Nemmaoui et Leila Alaoui. L'exposition hybride « Des espaces autres » est la synthèse d'une vision artistique marocco-néerlandaise, autour de l'espace urbain. Elle sera présentée au Maroc, en septembre, à l'occasion de l'année de la photographie, soutenue par l'ambassade des Pays-bas au Maroc, avant d'être accueillie à l'Institut de photographie d'Amsterdam Foam, en mai 2013. Le choix de l'espace et du temps est judicieux : le Maroc, pays d'émigration et de re-migration ou « retour au pays » et les Pays-Bas, un exemple de pays qui s'est érigée en terre d'acueil de flux migratoires au cours des trente dernières années. Le projet met en avant les œuvres de sept photographes : les Marocains Leila Alaoui, Zineb Andress Arrraki, Khalil Nemmaoui, Saâd Tazi et Hollandais Charlotte Dumas, Natascha Libbert et Henk Wildschut. Il est initié par les deux commissaires d'exposition Alya Sebti, ancienne responsable « Art contemporain International » au sein de Art Holding Morocco et nommée directrice artistique pour la prochaine édition de la biennale de Marrakech, et Hicham Khalidi, commissaire d'exposition et entrepreneur artistique basé aux Pays-Bas. « Des espaces autres » se situe entre le subjectif et l'objectif, et cristallise des perceptions individuelles ayant trait à l'histoire, à la temporalité, et à l'espace. Selon les commissaires, le titre est tiré d'un essai de 1967 de Michel Foucault où le terme « hétérotopie » renvoie à « autres endroits », ou « l'espace autre ». L'exposition s'articule autour de ce concept qui, selon le philosophe belge Lieven Cauter, distille une interaction dans un troisième espace en dehors du « vrai » monde. Un terme généralement repris en architecture mais rarement utilisé pour expliquer la pratique de la photographie, plus particulièrement documentaire. Une continuité artistique Tout a commencé en mai à Amsterdam, à l'occasion de la Biennale de photographie d'Amsterdam (Grid) où le pavillon marocain a été représenté pour la première fois, et où les quatre photographes marocains ont effectué une résidence artistique atypique. Se penchant sur la thématique « Des espaces autres », ils ont déployé une vision personnelle de la ville d'Amsterdam tout en restant fidèles à leurs propres univers, s'aidant des échanges avec les photographes néerlandais. Ils ont approfondi leur rapport à l'extérieur -une notion primordiale qui se fixe comme objectif la visibilité dans l'espace public – d'où la déclinaison de l'ensemble des photographies sur des supports propres à l'espace public. L'exposition démarrera sur une façade d'immeuble du centre d'Al Hoceima – ville du nord considérée comme une zone au fort taux d'immigration vers les Pays-Bas – et se verra le théâtre de la création d'une serre en verre qui accueillera l'exposition ainsi que les cartes postales déclinées. Cette serre suscitera la curiosité des résidents, de part ses liens avec le développement durable, emblématique de la production néerlandaise. Une occasion de démocratiser encore plus l'art dans un espace public. L'exposition se déplacera ultérieurement à Casablanca et se déploiera sur quarante bus qui parcourront 50 km de la ville, et aboutira sur un vernissage dans la ville blanche qui clôturera le premier cycle d'exposition. Dans chacune de ces deux villes, les catalogues sous format journal et des cartes postales seront distribuées et le catalogue sera relayé par un site dédié où il sera téléchargeable. Un second cycle démarrera en 2013 à Amsterdam où l'exposition s'achèvera en mai 2013, un an après la première rencontre au même lieu, à savoir la résidence artistique. À signaler que les trois artistes néerlandais ont effectué juin dernier une résidence de deux semaines à Casablanca à la Source du Lion, espace de création pluridisciplinaire. Synergie humaine en open space L'artiste Khalil Nemmaoui connu pour ses deux séries « La maison de l'arbre » et « La ville affranchie », est l'auteur de photographies minimalistes et un habitué du paysage urbain et de sa relation avec l'homme. Leila Alaoui est une artiste prise particulièrement le portrait, les identités culturelles et la migration. Saâd Tazi est capteur d'images entre espaces et frontières, quelque part entre détails minuscules et diversité des références religieuses, picturales et mathématiques. Zineb Andress Arraki interroge l'habituel et le banal, et tente d'aller au-delà de « l'anesthésie et ce conditionnement » quotidien. Les trois artistes Charlotte Dumas, Natascha Libbert et Henk Wildschut jonglent entre photographie documentaire et empreinte esthétique. Ils ont choisi respectivement de sonder le rôle des animaux dans la société, la chaîne alimentaire à travers le phosphate au Maroc, ainsi que le tourisme et l'impact sur le logement au royaume. Une exposition itinérante et une ode en images à l'espace public. A découvrir. * Tweet * *