Jeudi matin, une famille se rend au CHU d'Ibn Rochd pour hospitaliser une de ses proches, Aïcha. Impatiente, alors que les procédures d'enregistrement et d'alitement des malades prenaient leur temps habituel, la famille ne trouve pas mieux que de s'en prendre au personnel et cadres de l'hôpital. Récit. Une manifestation contre ces actes de violence a été tenue vendredi matin devant le CHU. La semaine dernière le personnel et les patients du Bloc 24 du Centre Hospitalier Universitaire Ibn Rochd à Casbalanca allait vivre des scènes peu habituelles lorsque une simple procédure d'enregistrement avant hospitalisation allait dégénérer en bagarre. Les faits remontent plus précisément à la matinée du jeudi quand la famille B. se rend au Bloc 24 pour y présenter une de ses proches. La patiente en question, Aïcha B, devait passer d'urgence un examen médical, plus précisément une fibroscopie. « Le médecin de garde a demandé à la famille de patienter quelques minutes car il n'y avait pas assez de places à ce moment : il fallait patienter le temps de déplacer un patient vers un autre bloc afin de libérer un lit pour Aïcha », nous raconte un infirmier du Bloc 24. La tension monte. Impatiente, la famille se serait emportée exprimant avec « rage » son refus d'attendre « même une seule minute de plus ». En attendant la libération d'un lit pour Aïcha, cette dernière aurait attendu, allongée sur « une couette par terre, dans le couloir du bloc », d'après une autre source au CHU d'Ibn Rochd. « Il n'y avait pas d'autre solution. On n'allait pas la laisser par terre. On demandait juste quelques minutes, le temps d'apporter un autre lit du bloc », témoigne une infirmière. La famille n'en peut plus. « Les membres de la famille se sont défoulés sur trois ou quatre médecins et infirmiers du bloc, en les insultant, les menaçant et les frappant aussi », nous révèle une autre infirmière ayant assisté à cet incident. La police débarque Le corps médical du Bloc 24 que Le Soir échos a contacté a la même version des faits. La famille, refusant de patienter, aurait bousculé et violenté deux infirmiers et une infirmière en chef. Ces derniers ont déposé un certificat et une plainte au commissariat du 6e arrondissement, apprend-t-on d'une autre source du CHU. « L'un des membres de la famille de Aïcha a lancé sur ma collègue une bouteille d'eau en plastique. C'était très humiliant pour elle. Ils n'ont d'ailleurs pas arrêté de crier derrière tout le monde, perturbant par la même occasion la quiétude des patients alités dans ce bloc », nous révèle une infirmière. Et de poursuivre : « L'une des femmes de la famille de Aïcha m'a même menacée. Elle a juré qu'elle allait me frapper et qu'elle était prête à passer trois mois derrières les barreaux à cause de cela ! », s'indigne l'infirmière. Une autre source de l'hôpital nous avoue que dans le Bloc 24, il n'existe qu'un seul lit pour les cas d'urgence et qu'il est interdit de l'utiliser dans les situations non graves. « Des membres de cette famille n'ont pas arrêté de me suivre là où j'allais. Ils nous ont suivi jusqu'au bloc opératoire. Je me suis cachée, car ils m'ont vraiment terrorisée. Ils étaient incontrôlables », nous avoue-t-elle. Une des infirmières a alors tenté de calmer la famille B., en vain : « Ils ont voulu prendre le lit de force et finalement ils m'ont attaquée moi aussi. J'ai reçu un coup de genou brutal au thorax. Alors qu'elle les empêchait de prendre ledit lit, une de mes collègues a également reçu un coup au visage. Heureusement que la police a fini par débarquer sur les lieux », nous rapporte l'infirmière. Pénurie de lits… Le corps médical du Bloc 24 du CHU Ibn Rochd refuse d'affirmer que leur département manque de lits. « Pas du tout ! Nous disposons d'assez de lits pour tout le monde. Nous en avons trois par bloc, disponibles aux cas urgents. Nous avons proposé à la famille d'ailleurs un autre lit mais elle a refusé. Ils ont fait une fixation sur le lit installé dans notre bloc et destiné aux cas critiques. Nous avons refusé évidemment, car Aïcha n'allait passer qu'un test de fibroscopie et pouvait attendre », nous révèle un infirmier ayant requis l'anonymat. Une manifestation contre ces actes de violences a été tenue vendredi matin devant le CHU. L'affaire est entre les mains des policiers du commissariat du 6e arrondissement avec certificat et preuves à l'appui. Nous avons tenté d'avoir le numéro de la famille pour connaître sa version des faits, mais l'hôpital a refusé de nous les communiquer, arguant qu'il est « interdit de donner des informations sur les patients et leur famille... », De son côté, la section sectorielle de l'Union marocaine du Travail a, pour sa part, publié un communiqué exprimant son soutien au corps médical du Bloc 24 du CHU et son indignation face aux agissements « inhumain » qu'a subi le personnel de l'hôpital… Affaire à suivre. * Tweet * *