Suite à une coupure du courant électrique, survenue le 14 mars à l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca, Habiba, une femme opérée pour une hernie, décède. Son fils unique décide de porter l'affaire devant la justice. Mardi 14 mars 2006, vers 17 heures. Une coupure accidentelle d'électricité s'est produite à l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca. L'ensemble de l'hôpital a été plongé dans le noir. La perturbation était à son comble. Allongée sur son lit, Habiba, une femme quinquagénaire qui a été opérée lundi13 mars pour une hernie de la ligne blanche, gémissait de douleurs. La patiente continue à crier. Des membres de sa famille, venus lui rendre visite, appellent les infirmières. Ces dernières leur demandent de ramener des bougies pour pouvoir l'examiner. Quelques minutes plus tard, Habiba décède à cause d'une embolie pulmonaire. "Nous sommes partis chercher des bougies pour examiner ma mère qui ne cessait de crier à cause des douleurs. À notre retour, on nous dit qu'elle était morte", indique Mohamed Boussedra, fils de la défunte, le cœur serré de tristesse. Et d'ajouter: "Son médecin traitant nous a expliqué que ma mère est décédée suite à une embolie pulmonaire, provoquée par la coupure du courant. Il s'agit d'une oblitération brusque d'un vaisseau sanguin par un caillot ou un corps étranger véhiculé par le sang. J'ai perdu ma mère à cause du manque de groupes électrogènes dans l'hôpital. Il n'y en a pas en nombre suffisant pour faire fonctionner toutes les installations. C'est scandaleux." Contactée par ALM, la direction de l'hôpital affirme que la mort de la femme n'est pas liée à la coupure d'électricité. "Il est vrai que la patiente était atteinte d'une hernie. Elle a été opérée puis transférée au service de chirurgie froide. Dans ce service, le malade n'est pas mis sous assistance respiratoire. La patiente est morte à cause d'une embolie pulmonaire brutale. Le sang coagulé circulant vers les poumons a bouché les artères de cet organe. Et c'était fatal", insiste Mohamed Andaloussi, directeur du CHU de la métropole. Qu'en est-il alors des générateurs de secours et des groupes électrogènes permettant de maintenir une alimentation électrique permanente et autonome ? "L'hôpital dispose de sept groupes électrogènes liés uniquement à des services stratégiques comme le bloc opératoire, le service de réanimation, le service médical et chirurgical, les salles de déchoquage et les unités de soins intensifs. Les autres services ne sont pas liés à ces équipements", ajoute-t-il. Dans ce cas, les patients installés dans ces services, privés de courant, peuvent alors mourir. Concernant les causes de la coupure du courant électrique, M. Andaloussi a tenu à indiquer que "la coupure s'est produite suite à des travaux d'aménagement au niveau du service psychiatrie. À cause d'un trax, les câbles électriques ont été endommagés. La personne qui l'a utilisée pour déraciner des arbres ignorait que les nœuds des câbles étaient dans cette zone. Il faut noter que l'hôpital est très ancien et date de 1930. Nous ne disposons pas de tous les plans et données des réseaux d'électricité." Et comme les malheurs n'arrivent jamais seuls, le jour de l'incident dramatique, une grève a été observée par le personnel médical de cet établissement sanitaire. "Au moment où ma mère gémissait, j'ai beau chercher le médecin qui assure la permanence. Il n'y avait que quelques infirmières", déplore le fils de la défunte. Réclamant que "justice soit faite", ce dernier a décidé de porter l'affaire devant la justice. "J'ai déjà entamé les procédures nécessaires pour porter plainte contre l'hôpital. Je veux qu'il reconnaisse sa responsabilité dans le décès de ma mère, la personne la plus chère et la plus précieuse dans ma vie", souligne-t-il. "Habiba Taleb est morte pour cause de négligence, d'indifférence et du manque de conscience professionnelle du personnel soignant", s'indigne un proche de la défunte.