* Grève du personnel, panne de courant, c'est plus ce qu'un citoyen peut supporter d'un établissement public. * Habiba Taleb, une patiente âgée de 50 ans, décède des suites d'une opération banale à cause de l'indifférence face à ses appels de détresse. * Sa famille reproche le manque d'assistance de la part des infirmiers Le mardi 14 mars n'était pas un jour ordinaire pour la famille de Habiba Taleb. Cette quinquagénaire qui a été admise quelques jours plus tôt au service Chirurgie du CHU Ibn Rochd de Casablanca, a rendu l'âme suite à une banale intervention chirurgicale pour une hernie de la ligne blanche. Tout a commencé quand Habiba Taleb apprend de son médecin qu'il lui était impératif de se faire opérer. Elle se rend donc à l'hôpital pour prendre rendez-vous avec le médecin, afin de se faire soigner. Passant par le circuit habituel, le rendez-vous n'est fixé que pour plusieurs mois plus tard malgré l'urgence de son cas. Ne pouvant plus attendre, elle a mis la main à la poche pour rapprocher le rendez-vous à un mois. Habiba subira donc plusieurs tests et analyses pour s'assurer qu'elle n'avait pas d'autres problèmes pouvant rendre dangereuse son opération. Le bilan était satisfaisant, le médecin pouvait l'opérer sans risque. Le jeudi 9 mars, elle se présente au CHU pour être hospitalisée. Là encore, il lui a fallu distribuer des pots-de-vin pour avoir un lit, sachant qu'elle est nounou de par sa profession, sans compter les frais officiels nouvellement facturés par le CHU. Après six longues heures d'attente, elle a enfin un lit. Quelques jours plus tard, le lundi 13 mars, Fatima subit l'opération, a fortiori banale et sans aucun risque. Le médecin soignant assure sa famille du succès de l'opération. Même son fils reconnaît qu'elle s'est vite remise de l'intervention, même si elle s'est plainte d'avoir froid. Elle fut ensuite réinstallée dans son lit par les membres de sa famille. Etant un peu corpulente, les infirmiers ne voulaient pas se donner du mal pour cette patiente. Pour une personne qui vient de sortir du bloc opératoire, son fils remarque que sa mère n'a pas été l'objet de soins particuliers pour ne pas dire qu'elle n'a bénéficié d'aucune assistance. Même quand son état s'est compliqué par la suite, souffrant d'atroces douleurs, elle poussait des cris et des gémissements devant l'indifférence totale des infirmiers, rapporte un proche de la famille. La patiente demande même à son fils de donner 20 DH à l'infirmière pour qu'elle lui fasse sa toilette et lui changer de vêtements. Non-assistance à personne en danger Le mardi 14 mars, l'état de Habiba Taleb s'aggrave. Elle souffre toujours de douleurs atroces, mais personne n'en a cure. En effet, ce même jour, le personnel soignant observe une grève. Aucune permanence n'est assurée. Après le travail, le fils de Habiba retrouve sa mère en piteux état. Et comme si cela ne suffisait pas, une panne de courant survient le jour même à 17h. L'hôpital baigne dans le noir, ne disposant pas de générateur de secours pour faire fonctionner toutes les installations. A 18h, les douleurs reprennent, Habiba se tort de douleur, gémit, crie. Car à ce moment-même, elle était victime d'une embolie pulmonaire, une occlusion aiguë de l'artère pulmonaire ou de ses bronches par un caillot fibrino-cruorique migré d'une veine thrombosée. Ce qui n'est pas une surprise dans ce cas de figure où c'est une personne corpulente qui subit une opération de l'hernie de la ligne blanche. Des membres de sa famille, venus lui rendre visite, appellent les infirmiers. Ces derniers leur demandent d'aller acheter des bougies pour pouvoir l'examiner. En attendant, les infirmiers qui n'étaient pas nombreux ce soir-là sont restés à regarder mourir la défunte. Ils n'ont même pas pris la peine de la conduire en salle de réanimation. Le fils de Habiba explique qu'une personne s'est présentée à eux comme étant le surveillant de l'aile 1 et ira même jusqu'à se plaindre des désagréments causés par cette malade. Une heure plus tard, Habiba décède sans qu'aucun soin ne lui soit prodigué. Son fils raconte avec amertume que le corps de sa mère a été abandonné sur le lit dans le couloir. Deux jours plus tard, sachant que le fils de Habiba a alerté la presse de ce qui est arrivé à sa mère, l'hôpital lui remet rapidement un permis d'inhumer pour pouvoir enterrer sa mère. Mais les résultats de l'autopsie qui déterminent la cause de la mort ne lui ont, à ce jour, pas été remis. Tout simplement parce que ces mardi et mercredi, le personnel était toujours en grève ! Contacté par Finances News Hebdo, le directeur du CHU n'a à ce jour pas répondu à notre requête. Le fils de Habiba est plus que jamais déterminé à dénoncer ces comportements dont sa mère a fait les frais.