La Banque africaine de développement prévoit une amélioration du solde budgétaire du Maroc. Le pronostic fait suite à une baisse significative des dépenses couplée à une quasi-stabilisation des recettes. Les analystes de la Banque africaine de développement prévoient un léger recul des recettes fiscales pour l'année en cours. La Banque africaine de développement (BAD) vient d'émettre une note d'analyse sur le Maroc, englobant à la fois le solde budgétaire de l'année 2011 et les prévisions pour les exercices 2012 et 2013. Ce qui en ressort ? Si à fin 2011 le déficit budgétaire a atteint 6,9 % du Produit intérieur brut (PIB) contre 4,7 % en 2010, selon le dernier rapport d'activité de Bank Al-Maghrib, ce même déficit devrait être ramené à 5,6 % en 2012 et à 5 % en 2013. Ainsi, la hausse de 15,9 % en dépenses ordinaires en 2011 s'explique principalement par les charges du personnel et les dépenses de la Caisse de compensation, un mécanisme conçu pour maintenir la baisse des prix des produits de base. La masse salariale a augmenté de plus de 11 % en 2011 à 88,6 milliards de dirhams. La montée en flèche du prix des matières premières a eu un effet d'entraînement sur la Caisse de compensation: les charges nettes de la Caisse en 2011 se sont établies à 48,8 milliards DH, enregistrant une hausse de près de 80 % en comparaison avec 2010, alors que les crédits prévus étaient limités à 17 milliards DH. Réduction des dépenses Pour rappel, cette augmentation des dépenses au-delà de ce qui était prévu dans le budget 2011 avait conduit à un ralentissement des dépenses publiques d'investissement, croyant pourvoir, de la sorte, soutenir la situation budgétaire, souligne la BAD. En effet, à fin juillet 2011, les dépenses d'investissement avaient atteint seulement 45 % de ce qui avait été projeté. Ce décalage a été, cependant, rattrapé durant les cinq derniers mois de l'année. Les dépenses d'investissement se sont ainsi fixées à fin 2011 à 49,9 milliards de dirhams, soit 5,8 % de plus par rapport à l'année précédente. C'est ainsi que, selon les estimations de la banque, les dépenses ordinaires devraient se fixer au titre de l'exercice 2012 à 24,9 % du PIB alors qu'elles sont à 26,8 % du PIB en 2011, soit une baisse de 2 points. Cette baisse sera tirée principalement par la réduction des charges de personnel qui passent de 11 à 10,7% du PIB. En 2013, les dépenses ordinaires devraient s'établir à 21,4 % du PIB (-0,5 point). Les charges de personnel devraient, également décroître de 0,5 point à 10,2 % du PIB. D'un autre côté, les recettes ordinaires ont atteint 207,2 milliards de dirhams en 2011 selon le dernier rapport d'activité de Bank Al-Maghrib, soit une augmentation de 7 % par rapport à l'année précédente. « Ce bon résultat s'explique par l'augmentation des recettes fiscales et non fiscales », avance la BAD. Les recettes fiscales à fin 2011 ont en effet augmenté de 6,2 % par rapport à fin 2010 pour s'établir à 184,4 milliards de dirhams. Cet augmentation trouve sa raison dans la hausse de 14,6 % à 40,2 milliards de dirhams des recettes provenant de l' Impôt sur les sociétés conjugué à une hausse de 2,2 % à 27,5 milliards de dirhams des recettes provenant de l'impôts sur le revenu. Les impôts indirects ont également généré des recettes plus importantes, en partie grâce à une hausse de 10,2 % à 65,2 milliards de dirhams des recettes de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Léger repli des recettes Les recettes non fiscales, à l'exclusion des privatisations, ont augmenté, pour leur part, au cours de cette période de 21,1% à 19,6 milliards de dirhams, ce qui représente près de 10 % des recettes publiques. La privatisation a, elle, bénéficié de près 5,6 milliards de dirhams à l'Etat, grâce entre autres à la cession de 20 % du capital de la Banque Centrale Populaire, qui a généré 5,3 milliards de dirhams de revenus. Ainsi, s'agissant des recettes ordinaires, la banque table sur une quasi-stagnation à 25,5 % du PIB en 2012 alors qu'elles sont de l'ordre de 25,9 % en 2011. La BAD prévoit ainsi un léger repli de 0,4 % des totales recettes de l'Etat. En 2013, ces recettes ordinaires devraient s'établir à 25,3 % du PIB (-0,2 point). Cette quasi-stagnation est appuyée par le léger repli des recettes fiscales qui s'établiront en 2012 à 22,7 % du PIB alors qu'elles sont au titre de l'année 2011 à 23,2 %. La BAD prévoit d'ailleurs que ces dernières se stabiliseront l'année suivante à 22,6% du PIB. Des taux qui en disent long sur un climat des affaires impacté par la crise qui sévit dans le pays de l'UE, premier partenaire économique du Maroc. * Tweet * *