Le chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé, a rencontré, hier, les représentants des groupes islamistes armés qui contrôlent la partie nord du Mali depuis plusieurs mois. C'est la première fois depuis le début de la crise qu'un haut responsable se rend au Nord-Mali. Le chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé, et Noute Ag Attia, un notable de la région du Nord-Mali occupée par des groupes islamistes armés en avril dernier à Bamako. Un émissaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a rencontré hier les représentants des groupes islamistes armés qui occupent la ville de Gao au Nord du Mali. Le chef de la diplomatie burkinabé, Djibril Bassolé, dont le pays assure la médiation dans la crise malienne sous la bannière de la CEDEAO, a été accueilli à l'aéroport de Gao par des notables et un responsable local du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). C'est la première fois depuis le début de la crise qu'un responsable de haut rang se rend dans cette région du Mali, coupé en deux suite au coup d'Etat du 22 mars. Selon le ministre, sa visite a pour objectif de porter un « message » du médiateur en chef, le président burkinabé Blaise Compaoré, aux groupes islamistes. Tout porte à croire donc que cette visite au Nord-Mali ouvre une phase dans la résolution de la crise. La politique de la carotte et du bâton À son retour de Paris, après deux mois de convalescence, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, avait déjà annoncé, il y a quelques jours, qu'un organe sera créé pour mener des discussions avec les groupes armés qui occupent la moitié du pays au Nord. Cependant, c'est la politique de la carotte et du bâton que mène la CEDEAO dans la mesure où l'option militaire est toujours d'actualité. L'organisation sous-régionale n'attend que le feu vert des Nations Unies et notamment un soutien logistique de la part de la France et des Etats-Unis pour déployer sa force de plus de 3 000 hommes au Mali. Cette visite à l'allure de pourparlers sonne aussi comme un avertissement eu égard aux multiples dérapages des islamistes ces derniers jours (lapidation meurtrière, fréquents affrontements entre les groupes islamistes et la population locale, prises d'otages). L'organisation sous-régionale tient peut-être à rappeler les « occupants du Nord » à l'ordre. Toutefois, à l'heure où nous mettions sous presse, aucune déclaration officielle n'avait encore été faite au sujet de la raison principale de cette visite du haut responsable ouest-africain. Quid des consultations nationales ? Au sud également, l'heure n'est pas au répit. Après avoir obtenu dix jours supplémentaires de la part de la CEDEAO pour mener ses consultations en vue de former un gouvernement d'union nationale, le président malien, Dioncounda Traoré, est à pied d'œuvre. Il ne cesse de multiplier les rencontres avec toutes les forces vives du pays pur réussir son pari. Toutefois, la grande inconnue de l'équation reste le maintien ou non de l'actuel Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Sur la sellette depuis quelques temps à cause de sa gestion de la crise, le chef du gouvernement ne fait l'unanimité ni au sein de la classe ni au sein de la société civile. De sources concordantes, d'autres personnalités comme l'ancien Premier ministre Soumana Sako ou encore le général Siaka Toumani Sangaré sont également sur la liste des noms retenus par le chef d'Etat pour diriger ce nouveau gouvernement dont la composition devrait être connue d'ici la fin de la semaine. Selon la presse malienne, le capitaine Amadou Sanogo, figure de proue des putschistes du 22 mars, pourrait également hériter d'un poste important dans la nouvelle configuration mise en place. L'ex-chef de la junte serait, en effet, pressenti pour être l'un des futurs vice-présidents du Haut conseil d'Etat qui sera bientôt mis sur pied pour compléter les institutions de la transition. Amnesty International dénonce de nombreuses exactions Un rapport d'Amnesty International fait cas des nombreuses exactions commises au Mali depuis le coup d'Etat du 22 mars. Dans ce document, l'organisation internationale de défense des droits de l'homme épingle les groupes armés du Nord, de même que la junte militaire au sud et les accuse d'avoir perpétré plusieurs crimes. Il s'agit, entre autres, du massacre des soldats maliens désarmés, achevés d'une balle dans la tête, à Aguelhoc par les groupes armés. S'y ajoutent les viols des femmes et, surtout, l'enrôlement des enfants. Au sud, Amnesty Internationale dénonce les arrestations arbitraires et la détention des militaires du bataillon des para–commandos (bérets rouges), arrêtés, dans le cadre du putsch raté du 30 avril qui a fait plus d'une vingtaine de morts. Ces militaires sont détenus à Kati, quartier général de la junte militaire et sont victimes de torture et de traitements inhumains. L'ONG souhaite que les auteurs de ces actes soient identifiés et jugés. * Tweet * * *