La grand-messe d'Ennahda a débuté hier dans la capitale tunisienne et s'achèvera dimanche. Selon les organisateurs, ce congrès va permettre à la première formation politique de la Tunisie de s'affirmer en tant que parti « islamiste modéré ». Rached Ghannouchi, fondateur du mouvement islamiste Ennahda : « Chasser et pourchasser les salafistes ne fera qu'augmenter leur exclusion et radicaliser leur engagement ». La grand-messe d'Ennahda a commencé depuis hier à Tunis. Durant quatre jours, les islamistes tunisiens, au pouvoir, vont profiter de ce congrès, le premier de ce genre tenu dans le pays depuis 1988, pour peaufiner l'image de leur mouvement qui a le vent en poupe depuis la chute de l'ex-chef d'Etat Ben Ali. Pendant cette réunion qui s'achèvera dimanche, le parti au pouvoir s'est fixé l'objectif principal de revoir certains points clés de son fonctionnement. Selon ses leaders, un lifting s'impose dorénavant. Ennahda veut être perçu comme un parti islamiste modéré. « L'objectif majeur de ce congrès est de faire en sorte que ce rendez-vous politique consacre la rupture définitive avec le passé et qu'il constitue une étape privilégiée sur la voie de la consolidation du processus démocratique dans le pays », a déclaré Riadh Chaïbi, le président de la commission supérieure de la préparation du congrès. Pas moins de 1 200 congressistes vont débattre lors de ce congrès de « l'approche du mouvement islamiste et de la nature du système politique adéquate pour la Tunisie ». Lifting Parmi les nombreux invités, on peut citer Khaled Mechaal, le leader du Hamas palestinien et Moustapha Abeljalil, le président du Conseil national de transition(CNT) au pouvoir en Libye, le chef du parti islamiste soudanais de la Oummah, Sadok Mehdi et le secrétaire général du Front national de libération algérien, Abdelaziz Belkhadem. « La plus importante mission du Congrès est sans doute celle d'ancrer Ennahda en tant que mouvement islamiste modéré, ouvert, porté sur les préoccupations des Tunisiens et des Tunisiennes, concentré sur la réalisation de leurs ambitions », a souligné Rached Ghannouchi, le fondateur d'Ennahda. À l'heure où le vent de la démocratie souffle à grande vitesse sur tout le Maghreb, les islamistes tunisiens souhaitent donc faire quelques ajustements pour ne pas décevoir les millions de Tunisiens qui les ont portés au pouvoir au lendemain des soulèvements populaires ayant provoqué la chute du régime dictatorial de Ben Ali. Selon les organisateurs, ces quatre jours de débat vont permettre d'aborder des points essentiels tels que le programme politique du mouvement, sa vision de la société et la place qu'il doit accorder à la religion dans une Tunisie en quête de libertés. La place de la femme, de la famille, de l'art, des médias et du sport alimenteront également les discussions. Quid des salafistes ? Le parti majoritaire à l'Assemblée constituante doit aussi évoquer la question de ses alliances avec les autres formations politiques. « Nous voulons, à travers cette philosophie en matière d'alliance, parvenir à une convergence stratégique pour les 10 à 15 ans à venir, dans le but d'asseoir les fondements d'une démocratie stable irréversible qui barre la voie au retour du despotisme », a expliqué Riadh Chaïbi. À propos des salafistes, auteurs de nombreux troubles en Tunisie depuis l'accession au pouvoir d'Ennahda, Rached Ghannouchi préconise le dialogue. « Les salafistes constituent une partie de la réalité de notre pays. Ou on parie sur leur retour dans les rangs de la nation, ou on opte pour les anciennes méthodes de Ben Ali fondées sur l'oppression, la torture, l'emprisonnement. Les chasser et les pourchasser ne fera qu'augmenter leur exclusion et radicaliser leur engagement », a-t-il expliqué. 25000 à 30000 personnes sont attendues dans le cadre de ce congrès. * Tweet * * *