Le Festival international du raï a débuté hier, lançant sa 5e édition pour se poursuivre jusqu'au 14 juillet à Oujda. Artistes emblématiques de cette scène toujours actuelle et nouveaux talents enflammeront de concert, les nombreuses scènes. Le mythique courant musical, qui dit de façon crue et poétique, l'amour, la trahison, la passion, le quotidien à l'état brut, en un mot : ceux qui mordent dans la vie, est de retour dans l'Oriental. Le pur son raï va déferler sur la région, dans un flot ininterrompu durant plusieurs jours et plusieurs nuits, et peut-être souffler un air de cabaret oranais, aux mille et une effluves, où il bat chaque été, une cadence endiablée. Attention ! Les puristes, les passionnés de la première heure, les moins de vingt ans vont goûter à la folie raï. Ceux, tombés sous le charme de la voix éraillée de feue Cheikha Remitti, peuvent encore rêver. Cheikha Remitti, nous offrant l'un de ses derniers concerts sur l'incontournable scène du Cabaret sauvage, puis l'ultime, le 16 mai 2006 au Zénith, à peine quelques jours avant que cette exceptionnelle flamme raï ne s'éteigne. Cheikha Remitti, pionnière de cette musique subversive, n'hésitait d'ailleurs pas, à chanter durant plusieurs décennies l'amour, la liberté, la femme et bien d'autres thèmes sulfureux qui traînaient alors un parfum de scandale. La présence de l'une des grâces du raï, de la même veine que son aînée Remitti, lors de cette 5e édition Festival international du raï d'Oujda, est à saluer : Zahouania. Parce qu'elle est depuis la disparition de Remitti, la plus grande voix du raï, et qu'elle n'hésitait pas à chanter il y a encore quelques années ses envies d'amour, cachée dans un cabanon en bordure de plage, donnant toute sa dimension insolente au raï oranais ou encore à dénoncer un oncle incestueux dans l'un de ses titres, la reine Zahouania, de passage sur la scène du Festival de Timitar l'été 2010, enflammant la ville d'Agadir, enroulée du drapeau marocain, a signé son retour, l'hiver dernier, avec « Loukane », son nouvel album, où se pose sa légendaire voix éraillée, alliant une rythmique rock et orientale bien sentie. On était déjà emporté, par des titres accrocheurs comme « Bladi » et « H'bibi », et on en demandait encore... Au rythme de puissantes voix Pour l'heure, les festivaliers vont surtout, renouer avec la culture raï, «un état d'esprit, un mode de vie, authentique. Un univers très touchant qui vous marquait et ne vous quittait plus», souligne Safy Boutella, compositeur algérien hors-pair qui a longuement suivi et approché les raïmen alors qu'il était au plus fort de la préparation du premier album international de Khaled, Kutché signé en 1988. La suite présageait la future carrière du jeune « cheb » de l'époque. Comme celle de Mami, Houari Dauphin, futurs poulains et nouveaux ambassadeurs de ce flow, à l'instar de bien d'autres, tous originaires, du plateau culminant de Saïda, posé au nord-ouest algérien et au delà de Sidi Bel Abbes, dont ses voix sont originaires, non loin de Tessala, où naquit Cheikha Remitti et DJ Sem, nouveau poulain et premier DJ raï en Europe à l'image de Sami Raï ainsi que Rachid Kasmi, porte-flambeau du raï marocain à l'étranger, aujourd'hui. Cette nouvelle édition, va sans nul doute, prouver son identité profonde et son fort attachement au raï, tel que le soulignait l'été dernier, Larbi Dida, puissante voix de Raïna raï, la formation originelle du mythique courant : « J'ai ressenti, ici, une immense joie. Le raï a une valeur à Oujda. C'est un festival dont il faut prendre soin, car il accorde une grande importance au staïfi, terghi, chaâbi, gnawa. Cette invitation m'a rempli de fierté, en tant qu'ex-chanteur de l'Orchestre National de Barbès et de Raïna Raï. J'ai été très heureux de retrouver Lotfi Attar sur scène ». Les concerts phares se dérouleront les 12, 13 et 14 juillet, et consacreront de grandes stars du raï, tels que le roi Khaled, Billal, Zahouania, Mami, suivis de Cheb Abbes, Mouss Maher, Simo El Assaoui. Pour l'amour de la fièvre raï, à Oujda. Les Temps forts du Festival La scène régionale, l'Orientale, sera dignement représenté par Mimoun Lafrouh de Nador, Cheb Kiriss, natif de Guercif, Jihad Maghreby, star de la Debkka libanaise d'origine oujdie, Cheb Souna et bien d'autres voix emblématiques. La chanson marocaine populaire et moderne sera aussi mise en lumière, avec Statia, Fnaïre. Quant à la scène d'ouverture, elle réunira le groupe belge 107 Qatar, qui offrira un jus rock'n and raï, des plus actuel, intitulé « Rock Raï ». * Tweet * * *