Mohamed Morsi, le nouveau chef d'Etat, devra mettre Les bouchées doubles pour satisfaire les immenses attentes des Egyptiens il devra aussi remporter le bras de fer avec les militaires qui comptent bien garder le contrôle du pouvoir. Un jeune Egyptien célébrant la victoire de Mohamed Morsi après l'annonce des résultats. La déferlante islamiste embrase tout sur son passage depuis le Printemps arabe. L'islamiste Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans a remporté l'élection présidentielle égyptienne face à son adversaire Ahmed Chafik, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak. Après plusieurs jours de suspense et de tensions, la commission électorale électorale égyptienne s'est finalement résolue à donner son verdict dans l'après-midi de dimanche. Farouk Sultan, le président de cette commission a solennellement déclaré Mohamed Morsi vainqueur de la Présidentielle avec 51,73%, soit plus de 13,2 millions des voix, lors d'une conférence de presse au Caire devant des dizaines de journalistes. C'est la première élection libre organisée dans ce pays depuis des décennies. Son challenger, lui, arrive en seconde position avec 48,27%. Déjà rassemblées depuis plusieurs jours dans l'attente des résultats, des centaines de milliers de personnes ont fêté la victoire du candidat de la confrérie sur la place Tahrir. Des scènes de liesse embrasaient la capitale et les autres villes après le verdict ressenti comme une délivrance des millions d'Egyptiens qui craignaient notamment de voir un autre militaire revenir au pouvoir puisque Ahmed Chafik est un ancien général de l'armée. Président de tous les Egyptiens Barack Obama, le président américain a appelé, dimanche, son dorénavant homologue Mohamed Morsi pour le féliciter. Le Qatar a, quant à lui, félicité l'Egypte et son peuple ainsi que son président élu, Mohamed Morsi, pour le succès de la démocratie. A Bruxelles, l'Union européenne a qualifié la victoire du candidat des Frères musulmans d'historique pour le pays et pour la région. « Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception », a déclaré le tout nouveau chef d'Etat égyptien qui succède à Hosni Moubarak après plus de trente ans de dictature. « L'unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles », a-t-il ensuite souligné lors de son premier discours. La presse égyptienne se réjouit de cette victorieuse issue. Elle a salué, hier, la victoire du « premier président civil » d'Egypte, estimant qu'avec lui la « révolution » qui a renversé Hosni Moubarak l'ait emporté sur les restes de l'ancien régime. « L'important, c'est qu'il s'agit du premier président à ne pas être issu de l'institution militaire, et il a vaincu les derniers descendants de Moubarak », se réjouissait, hier, le quotidien indépendants Al-Tahrir dans sa publication. « Nous souhaitons la bienvenue au nouveau président. Nous le disons avec l'espoir débordant que l'Egypte vive avec lui des jours faits de justice, de démocratie, d'égalité, de tolérance et de réconciliation nationale », a, pour sa part, souligné le journal Al-Ahram, fidèle défenseur du régime Moubarak jusqu'à sa chute. Et c'est bien sûr un défi immense pour Mohamed Morsi, premier président civil élu en Egypte depuis 1952. Des défis colossaux Ingénieur formé aux Etats-Unis, le nouveau chef d'Etat âgé de 60 ans va devoir faire face à une montagne de dossiers urgents. Mais encore faudrait-t-il qu'il ait les coudées franches pour être à la hauteur de la situation. L'armée qui a annoncé de toute « bonne foi » qu'elle cédera le pouvoir au président une fois élu, garde néanmoins le contrôle. Ces derniers jours, les militaires se sont attribués plusieurs prérogatives avant l'annonce des résultats de l'élection dans le but d'affaiblir le chef d'Etat. Le Parlement a été dissout par le CSFA (Conseil suprême des Forces armées) qui s'érige désormais en législateur. Les militaires feront donc la loi, du moins le temps de la transition avant qu'une nouvelle Assemblée ne soit élue. Toutefois, compte tenu des nombreuses attentes du peuple égyptien, Mohamed Morsi devra agir pour s'affirmer. C'est donc un bras de fer qui s'annonce d'ores et déjà tendu entre l'armée et la confrérie des Frères musulmans. La sécurité sera le maître mot de son mandat. Car après la révolution, les événements qui ont suivi, ont ranimé le sentiment d'insécurité. Diplomatie, économie, chômage des jeunes, constituent entre autres le reste des principaux dossiers de Mohamed Morsi. * Tweet * * *