Le second tour de la présidentielle égyptienne débute demain. Plus de 50 millions d'électeurs sont appelés à choisir entre le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi et le cacique de l'ancien régime Ahmed Chafiq. [egyptien] L'affiche du candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi (en rouge) et celle de Ahmed Chafik, le dernier Premier de Moubarak, au Caire. Les Egyptiens sont appelés aux urnes, demain, pour le second tour de la présidentielle. Un scrutin crucial qui dessinera l'avenir du pays le plus peuplé du monde arabe (80 millions d'habitants), après la tempête de 2011 qui a balayé le régime de Hosni Moubarak après trois décennies de règne. Depuis, hantée par l'islamisme à l'image de la confrérie des Frères musulmans qui domine déjà le Parlement et aussi par les fantômes de l'ancien régime à l'instar du candidat en lice Ahmed Chafiq, qui n'est autre que le dernier Premier ministre de Moubarak, l'Egypte va tenter de trouver le juste milieu pour se frayer un chemin vers la démocratie. Au-delà du beau discours des deux candidats qui promettent un avenir mirobolant aux Egyptiens, le choix reste quand même difficile. Faut-il accorder du crédit au candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi, et prendre le risque de donner tout pouvoir aux islamistes, ou plutôt croire à la bonne volonté de Ahmed Chafiq qui prône une nouvelle ère ? Un vrai casse-tête. Pour l'heure, le duel s'annonce, en tout cas, très serré entre les deux candidats arrivés en tête du premier tour avec respectivement 23,6 % pour Ahmed Chafiq et 24,7 % pour Mohamed Morsi. Force est de souligner que cette élection sera un rapport de force entre deux machines électorales. Rapport de force D'un côté, il y a le vieux parti de Hosni Moubarak, le PND (Parti national démocrate) qui s'est enraciné au fil des années et de l'autre, les Frères musulmans, qui en remportant haut la main les législatives, ont prouvé qu'ils disposent d'une base électorale solide. Ahmed Chafiq, un ex-général de l'armée égyptienne, bénéficie aussi du soutien du Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays depuis la chute du raïs en février 2011. La campagne de l'entre-deux-tours a été très mouvementée avec des attaques tous azimuts des deux candidats, puisque chacun tente de gagner la sympathie des révolutionnaires, en majorité des jeunes. L'ex-Premier ministre a ainsi accusé les Frères musulmans, lors d'une conférence de presse en fin de semaine dernière, d'avoir recruté des « voyous » pour saccager son QG de campagne après les résultats du premier tour. « Les Frères musulmans continuent d'utiliser des méthodes crapuleuses », a-t-il affirmé. Et ce n'est pas tout. « Les électeurs avaient fait une erreur cet hiver en faisant des Frères musulmans la principale force du Parlement », a encore récemment déclaré Ahmed Chafiq. De son côté, la confrérie a traité les propos de son adversaire de « mensonge grossier » et a également prévenu que sa victoire serait un retour en arrière pour l'Egypte. Une chose est sûre, c'est que la candidature du cacique de l'ancien régime ne fait pas l'unanimité au sein de la société égyptienne puisque de nombreuses manifestations ont eu lieu Place Tahrir, depuis l'annonce des résultats du premier tour pour réclamer son annulation par la Haute cour constitutionnelle. Quelle place pour l'armée ? Difficile de savoir pour le moment la position de l'armée dans la nouvelle configuration que prendra l'Egypte après ce scrutin. Les militaires ont promis de lâcher le pouvoir une fois qu'un chef d'Etat civil sera élu, mais il y a encore des zones d'ombre. Car on n'imagine mal l'armée s'effacer totalement du paysage politique d'un seul coup. Et cette crainte se justifie d'autant plus que le ministre de la Justice vient d'accroître les pouvoirs de la police militaire et des agents de renseignement. Le ministère a, en effet, décidé mercredi, d'élargir leurs pouvoirs afin qu'ils puissent être en mesure d'arrêter des civils liés à des séries d'infractions. Les militants égyptiens des droits de l'Homme n'ont pas tardé à réagir estimant que cette mesure représente un retour à l'état d'urgence qui a prévalu dans le pays pendant 31 ans. Par ailleurs, de nombreuses voix s'élèvent depuis pour appeler à voter blanc lors de ce second tour. En tout cas comme le dit la maxime populaire, entre deux maux, il faut savoir choisir le moins mal. * Tweet * * *