Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Saâd Dine El Otmani, a été invité, jeudi soir au Parlement, pour s'expliquer sur le nouveau rebondissement que connaît le dossier du Sahara. Saâd Dine El Otmani a dû longuement s'expliquer sur la décision de retrait de la confiance à Christopher Ross. Ils n'ont pas ménagé Saâd Dine El Otmani. À la commission parlementaire des affaires étrangères, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger, le chef de la diplomatie marocaine a dû affronter les critiques acerbes des députés qui se disent déçus par « la mauvaise gestion » du dossier du Sahara. De l'opposition comme à de la majorité, les députés souhaitent tous que la diplomatie marocaine change de stratégie et les implique à dans les prises de décisions aussi décisives que celle du retrait de la confiance à l'envoyé spécial Christopher Ross. Echec de la diplomatie « Nous n'avons ressenti aucune amélioration dans le traitement du dossier du Sahara. Nous attendions du nouveau gouvernement la mise en place d'une nouvelle méthode de travail pour accomplir cette mission, mais vous avez conservé le mode classique de vos prédécesseurs. Il ne s'agit pas de multiplier les voyages à l'étranger et de répéter des discours ! », s'exclame la députée PPS, Gajmoula Ben Abbi. Et de reprocher également au gouvernement Benkirane de n'impliquer ni le Parlement ni la société civile dans la gestion du dossier qui gagnerait plus, selon elle, à faire l'objet d'un débat de fond. « Il est clair qu'aujourd'hui, il est temps d'arrêter ce mode de travail et d'entamer un autre basé sur une nouvelle stratégie », estime la députée. Les députés se disent plutôt convaincus d'un échec de la diplomatie marocaine. Pour le PAM, l'optimisme affiché de Saâd Dine El Otmani n'a pas réussi à apaiser les craintes croissantes du parti. « Lorsque le Maroc a été élu membre du Conseil de sécurité, la diplomatie marocaine l'a qualifié de succès mais voilà que vous en payez le prix ! », lance Abdellatif Ouahbi, président du groupe PAM à la Chambre des représentants, critiquant le manque de communication du ministre avec le Parlement. L'ignorance des députés « Vous avez déserté le Parlement depuis le vote du budget sectoriel de votre département. Nous n'avions aucune information sur le contenu de vos voyages diplomatiques ni l'occasion de vous en parler (…) Et cela, pour nous, est une grave erreur politique », fustige ce député, soulignant que le rôle des ses pairs ne devrait pas se limiter au « traitement des conséquences ». Dressant un constat négatif à tous points de vue de la situation actuelle, le président du groupe PAM affirme qu'il est également temps pour le Maroc d'interrompre son opération séduction vis-à-vis de l'Algérie. « Pourquoi continuons-nous à envoyer des fleurs à l'Algérie alors que ce pays n'hésite pas à nous renvoyer des épines. Nous ne devons plus poursuivre cette tentative de séduction ni ouvrir les frontières », déclare Ouahbi, justifiant son appel par le respect dû au territoire marocain. L'après rapport Ross Les députés se disent inquiets quant aux acquis du Maroc. À l'USFP, c'est un paradoxe qui est relevé entre les réformes internes et le recul de la diplomatie marocaine. « N'était-il pas possible d'améliorer notre position et susciter une mobilisation autour de nos dossiers sur la base de nos réformes structurelless à commencer par la nouvelle Constitution ? », se demande Ahmed Zaidi, président du groupe socialiste, appelant le gouvernement à ne pas considérer l'affaire du Sahara comme « son exclusivité ». Et d'estimer que la diplomatie marocaine devait réagir bien avant la publication du rapport de Christopher Ross dont le contenu se résume à une attaque contre le Maroc et son projet d'autonomie. « De la position algérienne, il semble que vos déclarations sur l'instauration de la confiance bilatérale ne soient que mirage », lance Zaidi. Ross, la « Hogra » À l'instar de son ministre délégué, Youssef Amrani, Saâd Dine El Otmani a dû longuement s'expliquer sur la décision de retrait de la confiance de Ross. Pour lui, son rapport est une injustice vis-à-vis du Maroc qu'il n'a pas hésité à qualifier de « hogra ». « Il a tenté d'élargir les attributions de la Minurso et a manqué à son objectivité nous amenant à prendre cette décision (…) Nous avons mené, ensuite, une campagne auprès des membres du Conseil de sécurité pour les informer et leur donner toutes les justifications dont nous disposons », se défend le ministre affirmant que le Maroc maintient sa position : poursuivre les négociations. « Le retrait de confiance de Ross ne signifie pas que nous nous retirons des résolutions du Conseil de sécurité. Nous continuons, d'ailleurs, à maintenir la dernière 2040 », indique El Otmani précisant que le rapport de Ross n'a aucunement altéré la position des alliés vis-à-vis du plan d'autonomie. * Tweet * * *