À la Chambre des conseillers, mardi après-midi, Nabil Benabdallah a expliqué que les logements menaçant ruine posent un problème d'une grande complexité au niveau juridique et logistique. 114 000 logements au moins doivent être restaurés. Nabil Benabdallah admet être face à de rééls problèmes d'ordre juridique et logistique qui bloquent les solutions prônées pour éradiquer l'habitat insalubre et les logements menaçant ruine. «Nous ne disposons pas d'un cadre juridique nous permettant d'intervenir dans la propriété privée d'un citoyen. Et souvent, plusieurs ménages se partagent le même toit et lorsqu'ils sont avisés d'une expulsion, parce que les études prouvent qu'ils habitent une demeure menaçant ruine, ils refusent tous de la quitter. Bien plus, lorsque les forces locales interviennent pour une expulsion forcée, on se retrouve face à des manifestations qui se transforment en problème social et politique ». Le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, Nabil Benabdellah, souligne la complexité du problème que posent les habitations menaçant ruine. Comment éviter des drames ? La ministre de l'Habitat a répondu aux questions des deux groupes de l'USFP et de l'alliance socialiste à la Chambre des conseillers, à propos du danger que revêt le problème ayant fait, il y a quelques jours à peine, cinq morts au quartier Sidi Fatah dans l'ancienne médina de Casablanca. Pour les conseillers, ce qui semble être la meilleure solution est de parvenir à prévenir le drame avant d'en récolter les victimes. Une situation que Benabdallah assure en saisir l'importance mais admet être face à de grosses difficultés sur le plan juridique mais aussi logistique. « Quand on propose à des sociétés de restaurer ces demeures menaçant ruine, elles refusent parce que ce genre de travaux leur impose de réparer également les dommages qui pourraient être provoqués dans les habitats voisins », reconnaît le ministre, rappelant que seule la ville de Fès dispose d'une Agence chargée de la réhabilitation de l'ancienne médina. À la difficulté d'intervention technique, Benabdellah tient à préciser que l'anarchie des constructions complique encore plus la situation. « On assiste à la construction d'étages supplémentaires, un deuxième, puis un troisième, souvent sans autorisation, échappant donc à toute légalité assurant la sécurité de l'habitation. Tout logiquement, cela augmente les risques d'une demeure de s'effondrer », affirme-t-il. Quelle priorité choisir ? Le ministre déclare, ainsi, qu'il se retrouve face à la difficulté d'une hiérarchisation des priorités : « Il faudra qu'on décide à quel problème donner la priorité au programme « Villes sans bidonvilles » ou aux logements menaçant ruine. Ce dernier requiert, aujourd'hui, une urgence puisqu'il s'agit de préserver la vie des citoyens. Nous devons certainement adopter une nouvelle approche et trouver des instruments adéquats pour mieux intervenir et définir les responsabilités », estime le ministre pour qui établir un cadre juridique plus précis serait la première base à mettre en place pour organiser l'intervention, cibler et empêcher les drames meurtriers des habitats menaçant ruine. L'un des instruments que semble privilégier Benabdallah pour mener à bien cette mission est de doter toutes les villes d'une agence de réhabilitation similaire à celle de Fès. En attendant, il faudra éviter que d'autres logements s'effondrent à Casablanca. « Des études techniques sont en cours pour connaître avec précision l'origine de l'effondrement survenu dans l'ancienne médina ainsi que d'autres notamments à El Fida et Mers Sultan », affirme le ministre annonçant la création de deux commissions au niveau de l'ancienne médina et d'El Fida réunissant l'ensemble des secteurs concernés afin d'évaluer l'état des lieux. Une enveloppe budgétaire de 90 millions de dirhams (dont 30MDH du ministère de l'Habitat) a été allouée pour cette intervention urgente. De 2003 à 2011, pas moins de 1,35 milliard de dirhams ont été consacré à ce problème au profit de 87 500 ménages alors que 140 000 logements sociaux ont été octroyés aux familles concernées. À l'heure actuelle, 114 000 logements menacent de s'effondrer et 13 % de la population résident dans des habitats insalubres. * Tweet * * *