Le 4e FIDADOC a rendu son palmarès, samedi au Cinéma Rialto d'Agadir face à un public toujours plus nombreux et fidèle. Retour sur les temps forts de cet évènement entièrement dévolu au genre documentaire. Jérôme Le Maire avec le jury ( de gauche à droite) Simone Bitton, Hind Saih, Alice Rohrwacher, Claire Diao . Intense, émouvant, chaleureux, le cru et la vie de ce nouveau festival, qui a mis en lumière la création de ce genre à travers de nombreux horizons, a levé le rideau sur des thématiques et des réalités actuelles et humaines, faisant écho à la voix des peuples et des révolutions en marche. Témoins, les deux mentions spéciales attribuées aux films Nous sommes ici d'Abdallah Yahya et Tahrir de Stefano Savona. Le premier documentaire évoque la voix des habitants d'un quartier abandonné de Tunis, le second, la révolution égyptienne, au plus fort de son onde de choc. « Un pays sans documentaires est comme une famille sans photos. C'est là que s'expriment les mémoires et que se forgent les identités. Nous remercions l'équipe du Fidadoc qui a su poursuivre le travail ambitieux et généreux de sa fondatrice Nouzha Drissi. Les membres du jury saluent les nombreuses initiatives de professionnels marocains qui œuvrent à ancrer le cinéma du réel dans les pratiques et demandent, avec eux, que ce festival important et nécessaire soit pérennisé », a souligné Simone Bitton, membre du jury du 4e FIDADOC, poursuivant : « Les révolutions en cours dans le monde arabe insufflent au genre documentaire une urgence nouvelle ». Révolutions arabes Stéphano Savona, Prix du Jury pour Carnets d'un combattant kurde. Jérôme Le Maire, Grand Prix Nouzha Drissi pour Le Thé ou L'electricité. Nous sommes heureuses que la 4e édition du FIDADOC ait pris acte de cette urgence en nous proposant des films qui remettent la lutte à l'honneur. C'est pourquoi le jury a décidé d'attribuer deux mentions spéciales à deux films très différents : l'épicentre de la révolution égyptienne sous le regard d'un cinéaste confirmé et la périphérie de la révolution tunisienne, vue par un jeune cinéaste dont l'énergie exprime cette urgence. Aux côtés de Simone Bitton, trois autres femmes et homologues étaient présentes pour représenter ce jury : Hind Saih, productrice franco-marocaine, Claire Diao , journaliste franco-burkinabé et Alice Rorwacher, cinéaste italo-allemande. « Le Prix du jury va à un film qui nous immerge dans le tragique de la situation sans issue d'une communauté de migrants. Le jury a été sensible à la pudeur et à la délicatesse de ce film qui rend à des hommes la dignité que notre époque leur refuse », a précisé Claire Diao, le Prix du jury a récompensé, Los Ulises d'Agatha Maciaszek et Alberto Garcia Ortiz. « À l'unanimité, le jury attribue le Grand Prix Nouzha Drissi à un film dont la démarche documentaire est exemplaire. Avec patience et justesse, le réalisateur confirme sa profonde implication auprès d'une communauté. Avec tendresse, il sublime des héros ordinaires et inclut le spectateur dans cette belle fraternité », a expliqué, Hind Saih. Le thé ou l'électricité de Jérôme Le Maire, a été récompensé par le Grand Prix et le Prix du public gadiri, de cette nouvelle édition. Un film qui respire le cinéma et l'humanité, d'un bout à l'autre. Fruit d'un travail de quatre ans, Le thé ou l'électricité, co-produit par 2M, retrace l'arrivée de l'électricité dans un village de l'Atlas, à Ifri, totalement isolé, dénué de dispensaire, d'école et de route. C'est à ses habitants que le réalisateur, Jérôme Le Maire, a dédié ce prix, rappelant qu'à l'heure où nous mettions sous presse, ces hommes et ces femmes étaient toujours en attente de cette route, qu'ils ont eux-mêmes commencé à construire. Bel hommage rendu à la fondatrice et directrice de cet évènement, Nezha Drissi, à travers ces moments de cinéma, ces rencontres qui écrivent, image après image, la suite de l'histoire de ce festival, qu'elle avait créé.