Ce n'est pas fortuit que le Maroc ait organisé, les 16 et 17 avril courants à Marrakech, la deuxième édition de la Facilité arabe de financement des infrastructures (FAFI). En effet, à côté de l'Egypte, notre pays figure parmi les premiers bénéficiaires de ce nouveau fonds d'investissement, créé officiellement l'année dernière en Jordanie. Une information qui nous a été confirmée par un haut cadre opérant pour le compte d'un des quatre membres de la FAFI que sont la Banque mondiale, la Société financière internationale (SFI), la Banque islamique de développement (BID) et enfin la Banque européenne d'investissement (BEI), qui a intégré le partenariat à l'occasion de cette deuxième édition du forum FIFA, et dont la mission se limite dans un premier temps à une assistance technique. Officiellement, rien n'est encore annoncé, puisque Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances, a préféré esquiver notre question sur le sujet. Le recours massif du gouvernement marocain aux prêts étrangers est motivé par le déficit flagrant en matière d'infrastructures. C'est ce qui justifie, en quelques sortes, que le Maroc figure parmi les plus importants emprunteurs. Comme nous le fait remarquer d'ailleurs Walid Abdelwahab, chef du département de l'infrastructure chez la Banque islamique de développement : « Le Maroc est l'un de nos meilleurs clients. Il est même classé parmi les premiers ». Maintenir la dynamique de croissance Pour mémoire, le Maroc est membre de la BID avec un capital souscrit représentant une part de 0,51 % du total du capital de l'institution, soit 9 169 actions. Walid Abdelwahab explique que plusieurs projets ayant trait à différents secteurs sont financés par la BID. « Des discussions sont en cours avec l'Office chérifien des phosphates (OCP), qui a formulé une demande pour contracter un prêt de 160 millions de dollars », confie-t-il. Le montant du crédit sera réservé aux travaux de réhabilitation et d' extension du port de Jorf Lasfar. Les grands efforts émis par l'Etat en vue d'améliorer l'accès aux infrastructures de base se trouvent corroborés par le budget alloué à l'investissement public (188 milliards de dirhams au titre de la loi de finances 2012 contre 168 milliards de dirhams une année auparavant). Des efforts nécessaires pour maintenir la dynamique de croissance dans laquelle s'est engagé le pays. Désengagement graduel Mais ce rythme de financement public d'infrastructures semble peser lourdement sur les caisses de l'Etat. Une tendance de désengagement graduel est en train de se dessiner par la mise en avant de la formule Partenariats public-privé (PPP). « Le gouvernement penche actuellement sur la finalisation du cadré juridique et réglementaire régissant ce mode de financement suivant une approche participative incluant tout les départements et opérateurs économiques concernés », affirme Baraka à cette occasion. Celui là même insiste sur l'importance d'une telle rencontre pour approfondir le débat sur les modes d'utilisation de ces sources de financement. Il est question aussi de sensibiliser le secteur privé pour une meilleure contribution aux efforts d'équipement et d'amélioration des services publics. Objectif : assurer une meilleure intégration régionale dans les pays arabes. Bien que la part des échanges intra-arabes ne dépasse guère les 10%. Cette intégration pourrait gagner davantage en efficacité si les différents partenaires réussissent une mobilisation optimale des pétrodollars pour les réorienter davantage vers un meilleur placement/investissement. Certes la formule PPP, largement soutenue par l'institution de Breton Woods, est un mécanisme avantageux pour l'accès aux sources de financement, mais il n'empêche qu'elle elle bute sur l'efficacité et le coût de gestion.