Le drame d'Amina El Filali ne cesse de susciter une mobilisation internationale. Preuve en est la pétition lancée, pour l'abrogation de l'article 475 du code pénal, sur Internet par le mouvement mondial avaaz.org, qui a réussi, à dimanche dernier, à recueillir 785 167 signatures à travers le monde. L'article incriminé constitue une aberration juridique car il protège l'auteur du viol et lui permet d'échapper à des poursuites judiciaires et d'éviter une longue peine de prison en épousant sa victime si elle est mineure. Cette anomalie législative est dénoncée à travers le monde. Les signataires sont originaires notamment de Finlande, de France, d'Allemagne, d'Australie, du Danemark, d'Italie, de Belgique et de Suisse. Des Marocains figurent également sur la liste des signataires. L'objectif ultime de cette initiative est de recueillir 1 million de signatures de dénonciation. La pétition sera ensuite soumise au chef du gouvernement pour entreprendre les mesures nécessaires pour la réforme du code pénal. Depuis 2006, le gouvernement promet de voter une loi visant à stopper les violences faites aux femmes, mais n'a pas honoré sa promesse. « Nous, citoyens du monde, appelons à défendre la cause des femmes en abrogeant immédiatement l'article 475 et en adoptant une législation globale de lutte contre les violences faites aux femmes », lit-on sur la pétition en ligne. Ses promoteurs appellent à la mobilisation et à la participation massive. « Si nous intensifions la pression, nous pourrons obtenir des avancées concrètes ». Certes l'affaire Amina El Filali n'est pas un cas isolé. De nombreux drames similaires ont eu lieu depuis des années, qui ont été dénoncés à maintes reprises par les composantes de la société civile. Cependant, leur appel n'a pas trouvé oreille attentive. « Anomalie législative » Aujourd'hui, les ONG locales se mobilisent pour mettre un terme à cette « anomalie législative » qui porte atteinte aux droits des mineurs et des femmes. Le mouvement Avaaz, qui signifie « voix », dans plusieurs langues d'Asie, du Moyen-Orient et de l'Europe de l'Est, soutient la cause de ces associations pour atteindre leur objectif en menant une campagne de lobbying. L'Union de l'action féminine est l'une de ces ONG qui ne lâchent pas le combat. Samedi dernier, l'association a organisé à Casablanca un tribunal symbolique pour le jugement des auteurs de viol. Il s'agit du 13ème tribunal de la femme pour « juger le phénomène du mariage forcé des mineurs et le mariage avec le violeur ». Le slogan de cette initiative est « Arrêtons l'infanticide de nos filles ». Pour rappel, le gouvernement Abbas El Fassi a promis une réforme globale du code pénal. Un projet de loi a été même initié par l'ancien ministre de la Justice. Cependant, la réforme n'a pas vu le jour. Des promesses gouvernementales ont été également formulées pour mettre en place une loi protégeant les femmes contre la violence. Jusqu'à ce jour, rien n'a été fait. Fédérer les citoyens du monde Créé en janvier 2007, le mouvement mondial Avaaz s'est assigné comme mission de fédérer les citoyens de toutes les nations pour peser sur les décisions politiques de leurs pays. Le but étant de défendre leurs droits fondamentaux. Leur arme de prédilection est Internet. Conscients du pouvoir de l'Internet, ses militants investissent les nouvelles technologies pour mobiliser les populations à entreprendre un véritable changement dans leurs pays. « Notre modèle de mobilisation par internet permet à des milliers d'efforts individuels, aussi petits soient-ils, de se combiner rapidement pour devenir une puissante force collective », soulignent-ils sur leur site Internet.