L'affaire Amina Filali, la jeune adolescente mineure, qui s'est suicidée après avoir été contrainte d'épouser l'homme qui l'a violée, a suscité plusieurs réactions de condamnation et de réprobation et doit amener l'ensemble de la société civile et tous les acteurs de la vie politique à réfléchir mûrement sur les conséquences désastreuses de ces drames sociaux et familiaux. Amina a été doublement victime : d'abord du bourreau qui l'a violée et lui a volé tout ce qu'elle avait de plus précieux, son honneur et sa dignité en tant qu'être humain que Dieu a respecté et honoré, et en deuxième lieu du violeur qui a été autorisé par la loi à l'épouser pour échapper à la sentence judiciaire et qui lui a volé cette fois-ci sa vie, ses espérances et ses rêves. L'article 475 du Code Pénal est une aberration juridique car il protège l'auteur d'un viol, une agression sexuelle caractérisée avec des conséquences familiales et psychologiques graves et qui provoque un mal profond qu'on ne peut oublier avec les jours. Comment peut-on alors, dans ces conditions, tolérer que la victime vive avec son agresseur sous le même toit et subisse des viols répétitifs toute sa vie ? Amina, devant cette anomalie juridique et cette injustice, n'avait d'autre choix que de quitter ce monde pour ne plus revoir son bourreau et ne plus revivre le même drame au quotidien. L'affaire Amina Filali doit pousser le législateur à supprimer carrément l'article 475 du Code Pénal et à renforcer les peines à l'encontre des violeurs de femmes qui ne doivent plus échapper au jugement des tribunaux sous quelque prétexte que ce soit. L'échappatoire du mariage avec les victimes violées constitue un encouragement à l'accomplissement de tels actes et à la multiplication des agressions sexuelles sous la couverture de la loi qui permet aux violeurs de contracter mariage avec leurs victimes sans qu'ils soient exposés à de quelconques poursuites. Amina et les autres sont des victimes qu'il faut protéger et il appartient à la société dans son ensemble de les soutenir. Les jeunes filles ne sont pas les seules victimes du viol. Toute femme – même mariée, et c'est plus grave – peut en subir les conséquences. Aussi, il faut prévoir des peines plus sévères à l'encontre des violeurs qui brisent le bonheur de familles entières et détruisent l'avenir des filles et des femmes victimes de leur acte bestial. L'ensemble de la société marocaine, avec toutes ses composantes, doit se mobiliser pour lutter contre le viol des jeunes filles et des femmes en général, pour aggraver les peines à l'encontre des auteurs de tels actes, empêcher le mariage des violeurs avec leurs victimes et supprimer une fois pour toutes l'article 475 du Code Pénal. Le maintien de cet article est incompatible avec les principes de Droits de l'Homme consacrés par la Constitution marocaine. Les mentalités doivent changer et la famille ne doit pas considérer le viol d'une fille comme un déshonneur. C'est une simple victime qui ne peut oublier le drame qu'elle a vécu et qui a besoin d'aide pour surmonter ses retombées physiques et psychologiques.