Face à la pression, les putschistes ont finalement décidé de se retirer du pouvoir à Bamako. Le futur président malien en charge de la transition, Dioncounda Traoré, a poursuivi, hier, ses consultations avant son investiture qui doit suivre le retrait du pouvoir de la junte issue du putsch du 22 mars. Arrivé samedi du Burkina Faso, qui a conduit la médiation ouest-africaine, le président de l'Assemblée nationale malienne doit impérativement mettre en place, et dans les plus brefs délais, une équipe capable de surmonter la situation actuelle du pays. Un accord-cadre conclu, vendredi, entre la junte et des représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), prévoit le transfert du pouvoir aux civils et la désignation d'un président de la République et d'un Premier ministre de transition jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Et compte tenu de la vacance du pouvoir, c'est donc Dioncounda Traoré, président du Parlement, qui prendra les rênes du pays. « Notre pays a besoin d'unité, notre pays a besoin de solidarité, notre pays a besoin de son armée pour recouvrir l'ensemble de son territoire. Je n'ai aucune crainte par rapport à cela parce que je crois en les Maliens, je crois en les Maliennes, je crois en vous et je crois en moi-même», a-t-il souligné lors de sa première déclaration à la presse. Le président du Parlement malien, Dioncounda Traoré, assume désormais la fonction de chef de l'Etat en charge de la transition. Transition L'accord stipule que le poste de chef de l'Etat intérimaire doit être occupé par le président de l'Assemblée nationale qui, avec son gouvernement, a théoriquement 40 jours maximum pour organiser des élections. Mais le texte prend acte de « l'impossibilité » de tenir ce délai vu les « circonstances exceptionnelles » et la crise au Nord, sans fixer une durée pour la transition. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé la junte « à mettre rapidement en œuvre les dispositions de l'accord-cadre qui prévoit un transfert du pouvoir aux autorités constitutionnelles ». L'Union africaine, l'Union européenne et la France ont de même salué l'accord. Les ministres des Affaires étrangères d'Algérie, du Niger et de la Mauritanie se sont réunis, hier, à Nouakchott pour discuter de la situation au Nord du Mali, en l'absence de représentants de ce pays. Cette rencontre intervient après la proclamation, quelques jours plutôt, de l'indépendance de l'Azawad par les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad qui ont conquis tout le nord du Mali suite au putsch à Bamako. De même, une réunion du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), qui réunit ces quatre pays, doit aussi se tenir dans les prochains jours. Levée des sanctions Par ailleurs, après les différentes avancées constatées au cours du week-end sur le dossier malien, les chefs d'Etat ouest-africains ont décidé de lever les sanctions qui pesaient sur le pays. Ces sanctions prévoyaient un embargo financier et diplomatique du Mali. Un isolement qui ne ferait qu'empirer la situation de ce pays enclavé de l'Afrique occidentale. L'annonce officielle de la fin de ces sanctions diplomatiques, économiques et financières a été faite samedi en début de soirée à l'aéroport de Bamako par le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Adama Bitogo, qui a lu le communiqué du président en exercice de l'organisation ouest-africaine. « Le président de la CEDEAO, Alassane Ouattara, a en conséquence et avec l'accord de ses pairs, décidé la levée avec un effet immédiat de toutes les sanctions imposées au Mali », a-t-il affirmé. Toutefois, l'organisation ne s'est pas encore clairement prononcée au sujet d'une intervention au Nord Mali en vue de déloger les rebelles et les islamistes qui y règnent en maîtres absolus depuis quelques jours.