Le chef d'Etat syrien Bachar al-Assad continue sa fuite en avant. Malgré l'acceptation du plan de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, le régime poursuit sa barbarie. Mardi, pas moins de 80 personnes, en majorité des civils, ont péri dans les violences en Syrie. 58 civils ont été tués, dont 20 dans la région de Taftanaz dans la province d'Idleb au nord-ouest du pays, dans le pilonnage et les tirs à la mitrailleuse lourde, de même que dans les combats entre soldats et militaires dissidents, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La même source précise aussi que quinze civils ont été tués dans des attaques de l'armée contre la ville de Homs et le reste dans d'autres villes du pays. Alors que la communauté internationale exige la cessation des combats, Damas a renforcé ses opérations militaires contre les villes rebelles depuis mardi. En début de semaine, le président syrien Bachar al-Assad avait fait part aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU de son intention de retirer les chars de son armée des villes assiégées d'ici le 10 avril, date-buttoir fixée par l'émissaire international Kofi Annan. Mais tout porte à croire que les promesses du régime syrien ne sont que des mots creux et vides de sens ; car il cherche simplement à gagner du temps dans l'espoir de voir la contestation s'essouffler. Face à cet entêtement, Washington a appelé le Conseil de sécurité à agir rapidement. « Le Conseil de sécurité devrait réagir très rapidement et avec vigueur si le régime syrien ne tenait pas ses promesses », a déclaré Suzan Rice, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, ajoutant que son pays craint fortement une escalade de la violence en Syrie. Rappelons que les Occidentaux (Etats-Unis, France et Royaume-Uni notamment) ont préparé lundi soir un projet de déclaration sur le désengagement militaire de Damas , lequel devrait être adopté aujourd'hui par les membres du Conseil de sécurité. Toutefois, une déclaration de l'ONU a moins de poids qu'une résolution, qui, elle, est contraignante. Soutien inconditionnel De son côté, Amnesty international déplore le manque de précision du gouvernement syrien quant à l'application du plan Annan. « Le gouvernement syrien n'a pas fourni d'informations sur la manière dont il compte mettre en œuvre les autres points du plan, y compris son engagement d'accélérer la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement », a indiqué l'ONG de défense des droits de l'homme dans un communiqué. C'est dans ce climat qu'une équipe de l'ONU s'apprête à se rendre en Syrie, aujourd'hui, selon le porte-parole de Kofi Annan, Ahmad Fawzi. Les membres de cette équipe onusienne ont pour objectif de préparer la mission d'observation qui sera prochainement déployée sur le terrain par les Nations unies. En outre, le Comité international de la Croix-Rouge, actif en dans le pays depuis des mois, s'emploie à venir en aide aux populations des villes rebelles. Son président, Jakob Kellenberger, est lui-même en Syrie, depuis le début de la semaine pour convaincre le régime de permettre aux membres de son équipe d'avoir accès aux villes assiégées, afin d'y acheminer de l'aide humanitaire. Par ailleurs, la Russie, allié fidèle du régime syrien, accuse les « amis de la Syrie » de saper les efforts de l'émissaire international, Kofi Annan. « Tout le monde a soutenu le plan de Kofi Annan mais les décisions prises lors de la réunion des Amis de la Syrie (ndlr: tenue en Turquie le 1er avril) et leur volonté d'armer l'opposition et d'imposer de nouvelles sanctions sapent les efforts de paix. C'est clair comme de l'eau de roche, même si on armait l'opposition jusqu'aux dents, elle ne battrait pas l'armée syrienne, on aurait alors juste un carnage pendant de longues années, une destruction mutuelle », a estimé Serguei Lavrov, le chef de la diplomatie russe, lors d'un déplacement à Bakou, en Azerbaïdjan.