Après le Prix art et essai, obtenu le 11 février dernier lors de la dernière Berlinale dans la capitale allemande, sésame qui lui ouvre les portes de 3 000 salles dans le monde, Mort à vendre, a conquis à l'unanimité le public et le jury de cette 18e édition, exclusivement dévolue au septième art du bassin méditerranéen. Le cinéaste qui avait alors présenté son film, lors du 13e Festival national du film de Tanger avait de plus confié, « je serai très heureux si je pouvais présenter mon film à Tétouan, ville où il se situe ». Aujourd'hui, Faouzi Bensaïdi est un homme heureux et un réalisateur couronné par le Grand prix du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. Peter Scarlet, président du jury long-métrage, a manifesté au cours d'un enregistrement diffusé sur l'écran géant de la salle du cinéma Avenida : « On a eu la chance de voir une douzaine de films merveilleux. Je félicite le directeur de ce festival, Ahmed Housni, ainsi que ses organisateurs car la sélection y est d'une rare qualité ». Et l'esprit festif et la chaleur du Nord marocain, ont distillé un heureux mélange de vitalité communicative dès le début de la cérémonie de clôture. Un orchestre accompagné de chanteuses représentant dignement les couleurs du Rif ant égayé ce palmarès. Quant à Faouzi Bensaïdi, il a déclaré « remercier le festival et ses organisateurs qui ont toujours défendu une idée du cinéma. Je remercie également les membres du jury ». Citant ensuite un poème de Mahmoud Darwich, le cinéaste a précisé : « je voulais offrir ces vers au public et aux festivaliers avec l'idée que la liberté, le partage, habitent nos sociétés et nos cœurs ». Autre jalon qui a respiré le cinéma d'un bout à l'autre de sa dramaturgie, « Io sono Li ». Ce film italien, réalisé par Andrea Segre, est un poème flottant au large des côtes nord-italiennes, un pur moment de grâce. La force et l'esthétique de ce tableau brossant une histoire d'amitié et peut-être d'amour entre un pêcheur italien d'origine yougoslave et une jeune femme chinoise a tenu en haleine le public tétouanais, également proche peuple de la mer et des villes de Fnideq et Mdiq. Io sono Li a ainsi obtenu deux récompenses, le Prix Azzedine Meddour et le Prix d'interprétation masculine pour le comédien, Rade erbedzjila. Le Prix Mohamed Reggab, a récompensé le film serbe, L'ennemi, de Dejan Zecevic. Le Prix du public, a couronné Les mains rudes de Mohamed Asli. Aux frontières du réel Côté cinéma et miroir du réel, le documentaire My Land de Nabil Ayouch, a obtenu le Grand prix. « Ce festival est particulier apour moi, car c'est à Tétouan qu'est née l'idée de mon premier long-métrage, Mektoub et My Land, mon premier documentaire », a confié à distance le cinéaste, actuellement au plus fort du montage de son prochain film Les Etoiles de Sidi Moumen, adapté du roman de Mahi Binebbine au titre éponyme. Le Printemps arabe a notamment fait éclore, le documentaire tunisien Fallega de Rafik Omrani, couronné par le Prix de la première œuvre. La mention spéciale, a été obtenue par un autre film documentaire espagnol, Fuego Sobre El Marmara de David Segarra. Enfin, petite pépite issue de Grèce et d'une durée de quatorze minutes, Papa, Lénine et Freddy, d'Irene Dragasak, qui a réuni les aspects indispensables à un très bel ouvrage, a été primée par la mention spéciale dans la section court-métrage. Le Grand prix a récompensé le court tunisien, Mkhobbi fi kobba de Leila Bouzid. Sur la route du paradis de Uda Benyamina a obtenu le prix de l'innovation. Voila, ami lecteur, le riche cru de ce festival, honoré par l'âme battante et fidèle des téouanais, public exceptionnel, qui s'est totalement approprié cet évènement.