L'Union européenne réitère son soutien financier et politique à l'Observatoire marocain des prisons (OMP), qui fait de l'amélioration des conditions de détention son cheval de bataille. L'ambassadeur de l'UE, Eneko Landaburu, a effectué mercredi dernier une visite au siège de cette ONG, à Casablanca. Objectif : s'enquérir de la situation des prisonniers, des contraintes et problèmes qui entravent l'action de l'OMP. Cette visite témoigne de l'intérêt que porte l'UE aux droits fondamentaux de l'homme derrière les barreaux. « Je suis venu vous écouter, pour mieux connaître votre activité, vos objectifs, les contraintes qui entravent votre action sur le terrain pour l'amélioration des conditions de détention et le sort des prisonniers », note Eneko Landaburu. Et de poursuivre : « Un détenu, comme tout autre individu, a le droit à la dignité et au respect de ses droits accompagnés de conditions de détention humainement acceptables. Il ne pourrait y avoir de démocratie sans la mobilisation vivante de la société civile. Les textes de loi et les institutions sont essentielles mais demeurent insuffisantes sans la prise de conscience de la société civile. L'UE soutient tous ceux qui veulent élargir cette démocratie et donner à la société civile l'opportunité d'y participer». Prenant la parole, Kamal Lahbib, membre fondateur de l'Observatoire marocain des prisons, dénonce d'abord le « blocus de l'Administration pénitentiaire qui refuse de leur ouvrir les portes des prisons ». « Le délégué général de l'Administration pénitentiaire refuse de nous ouvrir les portes des prisons. Il se cache toujours derrière l'argument du respect de vie privée des détenues. Notre dernière visite des centres de détention remonte à 2009. Ce blocage nous empêche de mener des actions de proximité auprès des détenus », déplore ce militant qui dénonce aussi « les conditions de détention » qualifiées « d'inhumaines », « le mauvais traitement des détenus », «le surpeuplement des prisons » et surtout « les suicides et les grèves de faim qui prennent, selon lui, une ampleur inquiétante ces dernières années dans le milieu carcéral ». « Les détenus sont privés de leur droit à la santé et à l'éducation », renchérit maïtre Abderrahim Jamai, vice-président de l'OMP. Ce ténor du barreau critique l'approche adoptée par l'Administration pénitentiaire. Il pointe également du doigt le manque de contrôle de cette institution. « Il faut que cette administration présente son rapport annuel devant le Parlement », réclame-t-il. L'OMP revendique également la réforme du code pénal et des lois qui organisent les établissements pénitentiaires et l'Administration. Sensibiliser l'administration pénitentiaire Par ailleurs, la rencontre avec les militants de l'OMP a été l'occasion pour Eneko de s'enquérir de l'état d'avancement du projet « Initiative pour la protection des droits des prisonniers et l'amélioration des conditions de détention », financé par la Délégation de l'UE à Rabat. Le projet lancé il y a près de deux ans vise notamment la promotion du respect de la dignité du prisonnier et de leurs droits ainsi que l'amélioration des conditions de détention. Il a également pour objectif de sensibiliser l'administration pénitentiaire au respect des droits humains et le renforcement des capacités des acteurs de la société civile dans les actions de veille et de monitoring pour contribuer au respect des droits des prisonniers. Le projet prévoit également la création d'espaces de réflexion, de dialogue et de plaidoyer pour la réforme des textes de loi et de formulation de solutions alternatives aux peines privatives de liberté à la lumière des expériences internationales.