Finalement, c'est la même formule proposée par le gouvernement sortant qui a été retenue. Sauf que cette fois-ci, de nouvelles donnes ont surgi avec insistance. A leur tête, la sécheresse et la récession brutale que traverse notre premier partenaire commercial, la zone euro. Opérateurs télécoms (Maroc Telecom), institutions bancaires, compagnies d'assurances… Les principaux contributeurs à ce Fonds national de solidarité, qui ambitionne d'atteindre les 2 milliards de dirhams, nous informe Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la Gouvernance. Encore faut-il que le patronat mette la main à la pâte, puisque la participation reste un acte purement et simplement volontaire. Donc pas de contraintes et rien ne l'oblige à mettre la main à la poche. Selon nos informations, ce sont les grandes institutions publiques et semi-publiques (IAM, OCP, BAM…) qui misent le gros de l'enveloppe. Bien que celle-ci reste largement insuffisante aux yeux de Abdeslam Seddiki, membre du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS). Les informations relayées jusqu'à présent indiquent que les entreprises réalisant des bénéfices supérieurs ou égaux à 200 millions de dirhams seraient invitées à y contribuer à hauteur de 1,5 % du total. Suite à un tel engagement, l'Etat devrait encaisser, au meilleur des cas, une somme de 1,6 milliard de dirhams. Le reste émanerait probablement du Fonds de solidarité des assurances et de l'éventuelle révision à la hausse de la TIC sur les cigarettes, à raison de 1,5 %. Volonté conditionnée Mohamed Horani, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), exprime sa volonté conditionnée de participer au financement de ce fonds. « Nous sommes prêts à contribuer. Cette contribution devrait toutefois prendre la forme d'un fonds d'amorçage et être octroyée une fois pour toutes. Nous sommes contre une éventuelle taxation qui risque de nuire à notre compétitivité », confie-t-il, suite à la cérémonie de signature du mémorandum entre la CGEM et le gouvernement, mardi dernier à Skhirat. Il faut noter que la question de la contribution du Patronat au Fonds n'a pas été posée sur la table des discussions à cette occasion. Certains iront plus loin encore en avançant que cette rencontre en soi « n'est qu'une campagne médiatique pour jeter de la poudre aux yeux ». Financement du fonds La loi de finances 2012, qui a été approuvée hier par le Conseil du gouvernement puis par celui des ministres, mettra fin au jeu de scénarios du financement du Fonds de solidarité. L'esprit même d'un tel Fonds est d'arriver à prélever à ceux qui ont le plus pour le redistribuer à ceux qui ont le moins. La question donc est de savoir si le gouvernement en est capable. Le Fonds national de solidarité sociale, destiné essentiellement aux populations nécessiteuses, devra porter sur la généralisation du programme Ramed (le régime d'assistance médicale pour les indigents). De même que sur la lutte contre la déperdition scolaire ou encore sur l'assistance et le soutien des personnes en situation de handicap. S'agissant du désenclavement du monde rural, il devra être financé par une mobilisation à part, d'une enveloppe de 2,6 milliards de dirhams. Mais cette somme n'arriverait même pas à réparer les dégâts subis par la sécheresse. L'exercice n'est pas de tout repos pour le gouvernement Benkirane. Budget 2012 : approbation du conseil des ministres Le projet de loi de Finances 2012 est adopté à l'heure où nous mettions sous presse par le Conseil des ministres. Il sera soumis au circuit législatif mardi prochain en session extraordinaire. Pour rappel, ce projet prévoit un taux de croissance de 4,2 % et un déficit budgétaire contenu à 5 %. Le cours du baril de pétrole retenu est de l'ordre de 95 dollars. Pour la campagne agricole en cours, on prédit une récolte céréalière avoisinant les 60 millions de quintaux.