Après l'UMT, c'est au tour de la CDT de s'allier avec la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) pour instaurer un mécanisme de médiation sociale. Un protocole a été paraphé mercredi dernier entre le secrétaire général de la centrale syndicale, Noubir Amaoui, et le patron des patrons, Mohamed Horani. L'accord porte sur la création d'une commission mixte de médiation sociale qui sera chargée de « régler les conflits sociaux , de résoudre les problèmes sociaux à la source ou du moins avant qu'ils ne dégénèrent et créer un climat sain au sein des entreprises permettant la concertation et assurant la rentabilité, la qualité et la promotion pour le bien des deux parties ». En clair, l'accord-cadre porte, d'une part, sur la mise en place d'un mécanisme préventif des grèves et, d'autre part, sur l'instauration des moyens susceptibles de régler les conflits collectifs dans l'entreprise dès son déclenchement. Dans leurs discours de circonstance, Noubir Amaoui et Mohamed Horani ont exprimé leur ambition de restaurer la confiance entre les employeurs et les employés pour éviter les grèves qui impactent négativement sur le rendement du travail et ainsi sur la production. Ces dernières années ont été ponctuées par la hausse des conflits collectifs du travail. Les statistiques du ministère de l'Emploi sur l'évolution des conflits dans le secteur privé le confirment. Jugez-en vous mêmes. En 2011, le nombre des grèves a atteint 474 contre 241 en 2010, soit une augmentation de 96,7%. Le nombre des entreprises touchées par les débrayages est également en hausse. Elles étaient 194 en 2010. Ce chiffre est passé à 348 entreprises en 2011, ce qui correspond à une augmentation de 79,4%. Selon la même source, le nombre des journées perdues s'élève à 276 928 jours contre 175 251 jours en 2010. La situation est alarmante et reflète le malaise social. L'accord entre la CGEM et les centrales syndicales vise donc à arrêter cette hémorragie. Commission mixte Composé de 15 articles, ce protocole d'accord volontaire instaure d'abord une commission mixte de médiation qui sera chargée de désigner les médiateurs sociaux ayant une expérience et une qualification requises du monde du travail. Ces derniers, en cas de conflit, ont pour mission de déceler le problème et d'aider les deux parties en conflit à trouver un terrain d'entente. Pour renforcer leurs connaissances en matière de médiation, ils bénéficieront d'une formation continue, qui sera validée par la commission mixte de médiation. Selon l'article 8 de l'accord- cadre entre la CGEM et la CDT, le processus de médiation est déclenché suite à la demande d'une ou des deux parties en conflit. La commission avise les parties concernées par le conflit et leur donne un délai de 8 jours pour accepter ou refuser la médiation. Si les deux parties sont favorables à la médiation, elles se réunissent pour signer l'accord de médiation. Le médiateur est désigné d'un commun accord. La période de la médiation ne doit pas dépasser trois semaines à compter de la date de son acceptation. Un agenda précis En cas d'échec, les deux parties en conflit peuvent recourir à des experts. En cas d'accord, un protocole d'entente sera soumis à la commission mixte de médiation pour validation. Ce comité veillera à son application sitôt après sa signature. A noter que la Commission mixte de médiation sociale se réunira tous les trois mois en vue de dresser une liste des réalisations établies, soit à la demande d'une des parties ou lorsqu'un besoin se manifeste. Par ailleurs, si les deux parties en conflit ne sont pas arrivées à trouver un consensus, la médiation prend fin. Par ailleurs, après l'UMT et la CDT, la CGEM compte convaincre d'autres formations syndicales à s'adhérer à son mécanisme de médiation. Lors de la cérémonie de signature du protocole d'accord, le secrétaire général de la CDT a plaidé pour l'unité syndicale. «Souvent les syndicats sont à l'origine des conflits sociaux. Ils se livrent à une course effrénée pour la question de la représentativité. Ceci ne joue pas en faveur des employés ni des employeurs», argumente-t-il. Un avis que partage également Mohamed Horani. Pour le patron des patrons, «le pluralisme syndical a un impact négatif sur la stabilité sociale».