Une première dans les annales du monde du travail : la CGEM et l'UMT viennent de se mettre d'accord pour la mise en place d'un dispositif de médiation sociale. Mohamed Horani, président de l'organisation patronale, et Miloudi Moukharik, Secrétaire général de la première centrale syndicale au Maroc, ont signé, mardi à Casablanca, une convention relative au cadre de fonctionnement du «médiateur social» et fixant les modalités de prévention de conflits collectifs au sein des entreprises. Désormais, «le mur de la méfiance est tombé» commentera Jamal Bellahrach, président de la commission de l'emploi et des affaires sociales au sein de la CGEM. «On ne continuera plus à voir les trains bloqués et les charrues sur les routes», ajoutait notre interlocuteur, connu pour son humour à la bonne franquette. Concrètement, les deux parties vont mettre en place une « commission mixte de médiation sociale » composée de quatre membres et qui a pour attributions notamment de proposer et valider la liste des médiateurs, de proposer toute initiative allant dans le sens de l'amélioration de la gestion consensuelle des conflits ainsi que de proposer et de valider le processus de médiation pré-conflits et post-conflits sociaux. Autrement dit, les deux partenaires ont opté pour le dialogue et la concertation pour éviter le pourrissement des débrayages. Si la grève est un droit, sa gestion est une responsabilité partagée, précise Miloudi Moukharik dans une déclaration à Al Bayane. «La plupart des grèves se déclenchent, se poursuivent et pourrissent et c'est souvent un problème d'incompréhension», concède le patron de l'UMT. Conçu essentiellement comme un lieu de concertation, cette commission mixte, dont la présidence est assurée par l'UMT et le secrétariat général par la CGEM, est composée de deux représentants du patronat et deux de l'UMT et a aussi pour attribution de dresser un bilan trimestriel des conflits sociaux traités. Elle prend toutefois une nouvelle actualité dans le contexte constitutionnel nouveau que vit le pays. La convention signée entre la CGEM et l'UMT inaugure une nouvelle ère de confiance entre les acteurs sociaux et constitue un premier jalon vers une compréhension mutuelle en matière de gestion de conflits sociaux. Le patron des patrons s'est réjoui de cette initiative de l'UMT. M. Horani ne manquera pas de dupliquer cette formule avec les autres centrales syndicales les plus représentatives du monde du travail. Et pour tirer le meilleur de cette synergie, il va falloir, convenons-en, assurer une bonne «mise en ordre de marche» de cette commission. Convaincu de l'importance de la responsabilité sociale de l'entreprise, le président de la CGEM voudrait sans doute démontrer que les entreprises qui respectent leurs obligations sociales sont les entreprises les plus compétitives. Avis partagé par M. Moukharik pour qui le temps est venu de créer des relations professionnelles basées sur le dialogue et la résolution des conflits collectifs dans un cadre juste et équitable afin de préserver la pérennité de l'entreprise et maintenir sa capacité de production et, in fine, les intérêts des travailleurs et la sécurité des emplois.