Vous pouvez poser toutes les questions que vous souhaitez». C'est ce que disait un haut cadre de Méditel aux journalistes conviés, jeudi, à la présentation officielle des résultats 2009. Cette «carte blanche» est-elle valable pour les informations portant sur l'entrée de l'Emirati Etisalat dans le capital de l'opérateur Telecom ? «Tout ce que vous voulez», promet le même cadre. Effectivement, l'entrée d'un actionnaire externe dans le capital était la première question à laquelle a dû faire face le DG de Méditel, Mohamed El Mandjra. «Nous sommes peut-être à notre quatrième démenti par rapport à ce sujet. Les déclarations des actionnaires marocains en septembre étaient très claires. La cooptation d'un actionnaire externe n'est pas exclue. D'ailleurs, nous recevons fréquemment des sollicitations de plusieurs gros opérateurs, mais rien n'est encore concrétisé», soutient-il. Reste à savoir qui sont ces opérateurs qui se bousculent au portillon. «Vous conviendrez que les pourparlers sont confidentiels. Le jour où cela se concrétisera, nous serons les premiers à l'annoncer», tranche El Mandjra. La place casablancaise s'est longtemps posée la question sur le règlement de la transaction suite à la sortie du capital de Portugal Telecom et Telefonica. A ce niveau, El Mandjra est moins clair que pour la première question. «C'est un chèque qui a été signé et donné aux anciens actionnaires. Les montages financiers qui ont permis de mobiliser les fonds sont du ressort des actionnaires, ce n'est pas à moi qu'il faut les demander. D'ailleurs, c'est réducteur de douter de leur capacité à régler ce chèque», rétorque-t-il. Voilà une première non-réponse où El Mandjra renvoie la balle aux actionnaires. Qu'en est-il de l'avenir ? Y a-t-il une intention claire pour accueillir un actionnaire étranger, ou bien la CDG et BMCE Bank sont- ils déterminés à rester seuls maîtres à bord pour un bon bout de temps ? Là aussi El Mandjra sort sa réponse fétiche : «demandez aux actionnaires». Bien qu'elle ne soit pas tranchée, sa position peut être justifiable. Finalement, le DG de Méditel n'a pas à se substituer à Anas Alami et Othman Benjelloun. Mais là où El Mandjra s'est montré cachotier c'est au niveau des indicateurs financiers, objet principal de la rencontre. Le DG de l'opérateur n'a dévoilé que les principaux indicateurs. Un chiffre d'affaires qui efface la baisse enregistrée durant le premier semestre 2009 pour enregistrer une hausse de 2,2% sur un an à 5,4 milliards de DH. Un cash flow opérationnel qui s'envole de 62% à 1,2 milliard de DH. Sans oublier la croissance du parc clientèle de 21%. El Mandjra parle même d'un record de performance au quatrième trimestre 2009, où le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,5 milliard de DH. «Nous avons également réalisé un record au niveau de la rentabilité», indique le DG de Méditel qui estime que sans la baisse essuyée à l'international les performances auraient été bien meilleures. Chiffres à l'appui, il indique que la progression des ventes à l'échelle nationale est de 5,8% alors qu'à l'international l'activité est en baisse de 11%. Ce dont est fier El Mandjra, c'est la tendance de croissance de Méditel aussi bien pour le chiffre d'affaires que pour le parc de clientèle qui dépasse pour la première fois celui du marché (le chiffre d'affaires global du marché n'a pas bougé alors que la croissance du parc clientèle s'est limitée à 10%). Cela a permis à Méditel, toujours selon El Mandjra, de faire passer sa part de marché de 34,7 à 37,2%. Autre indicateur : le remboursement de 1 milliard de DH de dette en 2009, ce qui limite l'endettement à 1,5 milliard de DH. Tout cela est bien, mais qu'en est-il des indicateurs financiers classiques, indispensables dans toutes les présentations des résultats. El Mandjra n'a annoncé ni résultat d'exploitation, ni Ebitda, ni résultat net, ni dividendes. Même l'ARPU (revenu par client) que les autres opérateurs affichent n'a pas été dévoilé. L'audience a demandé ces chiffres mais El Mandjra a esquivé. Même après la fin de la rencontre, les journalistes ont cherché à lui arracher des réponses à ces questions, sans succés. Facturation à la seconde : Chacun sa stratégie Comme c'était le cas pour Abdeslam Ahizoune, patron de Maroc Telecom qui n'a pas montré d'intentions claires pour adopter l'approche commerciale d'Inwi basée sur la facturation à la seconde, le DG de Méditel n'a pas montré d'intérêt pour la formule. «Chacun des opérateurs a sa propre stratégie. C'est ce qui créé d'ailleurs une dynamique sur le marché», lance-t-il. Pour ce qui est de la stratégie de communication, El Mandjra a annoncé que les 14 marques qui composent le portefeuille de Méditel sont à l'origine d'une confusion chez le client. Il est désormais question de les unifier sous l'enseigne de l'opérateur associé à un nouveau slogan, à savoir «connectés à l'avenir». Par ailleurs, El Mandjra a annoncé des croissances conséquentes au niveau des secteurs stratégiques sur lesquels compte l'opérateur pour faire croître ses ventes. Le DG de Méditel parle d'une envolée de 120% pour le revenu issu d'Internet 3G et 36% pour le fixe entreprises. Pour ce qui est du postpayé et le marché entreprises, le parc de clients à certes augmenté mais la croissance des revenus n'a pas atteint celle des deux autres segments (7% pour le post payé et 13,5% pour l'offre entreprises).