Le projet du TGV Tanger-Casablanca continue de susciter une vive polémique. Des associations se mobilisent, dans une tentative de faire « avorter » ce chantier. Un collectif d'ONG dont Transparency Maroc, Azetta (Réseau amazigh pour la citoyenneté) et CAPDEMA, vient de lancer une pétition sous le slogan « Stop TGV ». Une conférence avec la presse est même prévue aujourd'hui mardi 21 février à Rabat. Pour les promoteurs de cette initiative, le projet est jugé « inutile, opaque et beaucoup trop coûteux ». « Notre objectif est de relancer le débat sur ce projet qui est extrêmement coûteux », note Abdessamad Saddouq, secrétaire général de Transparency Maroc, qui dénonce « le manque de transparence sur le projet » et «l'attribution directe sans appel d'offres de certaines de ses composantes ». Les détracteurs du TGV affirment également que « le budget global du projet est au delà de ce qui a été annoncé officiellement ». Pour eux, « le budget d'investissement prévisionnel du projet Tanger-Casablanca dépasse les 25 milliards de dirhams, sans compter les déficits prévisibles d'exploitation». Les critiques sur ce projet abondent : «Plusieurs pays riches comme l'Espagne, le Portugal ou encore l'Argentine ont reconsidéré leurs projets de TGV, au moment même où notre pays, classé avant- dernier de la région en termes de développement humain, envisage de consacrer d'aussi colossales ressources à une entreprise dont le bénéfice est pour le moins discutable ». Pour les détracteurs du TGV, le Maroc a d'autres chats à fouetter. « Le Maroc peut se passer de ce projet et trouver d'autres alternatives », poursuit Ahmed Arahmouch, président du Réseau amazigh pour la citoyenneté AZETTA. Le collectif d'ONG va plus loin dans sa critique. Dans un communiqué, il affirme que le budget global du projet pourra être utilisé pour la réalisation d'autres projets plus importants pour le pays comme « la construction des écoles en zones rurales, de grandes écoles d'ingénieurs ou encore des grands centres universitaires hospitaliers ». La pétition n'est que le début de la protestation. « Nous voulons recueillir 1 million de signatures. Le comité de pilotage se réunira la fin du mois prochain pour évaluer cette première étape et décider des prochaines actions à mener », précise Ahmed Arahmouch. Cette sortie médiatique des détracteurs du TGV intervient au moment où le projet avance à grands pas. Contactée par la rédaction, la direction de l'ONCF (Office national des chemins de fer) affirme que les études Génie Civil sont terminées. De même que le bouclage financier, déjà réalisé depuis décembre 2010. L'ONCF rassure « Les travaux préparatoires (traitement des zones compressibles, terrassements prioritaires) ont déjà commencé depuis le mois de septembre 2010. Les travaux de construction de l'Atelier de maintenance à Tanger ont débuté en septembre 2011. De même que les grands travaux de terrassements GC. Les travaux de construction des ouvrages d'art ont commencé depuis le mois de décembre 2011 », ajoute la direction de l'ONCF, qui précise que le coût global du projet est fixé à 20 milliards de dirhams répartis entre le pilotage du projet et études, l'infrastructure, le matériel roulant et les équipements ferroviaires. Le projet, selon l'ONCF, offre une multitude d'avantages pour tous les acteurs. Pour les usagers du train, un moyen de transport plus rapide et plus sécurisé. « Une valeur ajoutée indéniable en terme de cadence horaire (1/2H contre 3H aujourd'hui) et de temps de parcours (2h10 au lieu de 4h45 entre Tanger et Casablanca). Le projet du TGV Tanger-Casablanca, insiste l'ONCF, permettra également de « fluidifier et de libérer la ligne conventionnelle qui sera dédiée principalement au fret. Celle-ci permettra de faire face au trafic très important entre Tanger Med et Casablanca ». Le projet « concourra au développement des perspectives ferroviaires entre le Maroc, l'Europe et les pays maghrébins: projet de liaison fixe du détroit de Gibraltar, grands axes trans-européens, échanges Europe-Afrique, TGV Maghrébin… ». Autres avantages pas des moindres : encourager le désenclavement géographique et participer à l'aménagement du territoire, améliorer la compétitivité des entreprises régionales avec l'élargissement de leur marché et réduire les émissions de carbone de 20 000 tonnes équivalent-carbone (TeqC) par an et de 150, le nombre de décès des accidents de la route.