« Au sein du mouvement, nous nous sommes dit qu'il est temps de passer d'une approche contestataire à une approche de résistance. Cette transition se fait partout dans le monde. La culture de résistance a fait ses preuves chez toutes les mouvances protestataires mondiales afin d'ouvrir un débat plus attractif avec la société et mettre en relief une vraie culture de militantisme ». Youness Belghazi pèse bien ses mots. Membre du bureau culturel et artistique du mouvement du 20 février, ce jeune militant a fait, avec d'autres sympathisants, des recherches sur la trajectoire que prennent ou suivent les mouvements contestataires dans le monde entier une fois qu'ils ont atteint une certaine notoriété mais aussi une authentique maturité. C'est pourquoi tout un festival artistique est au programme de la célébration du premier anniversaire de la création du M20F. La thématique adoptée est « Résistance et alternative ». « De nombreux mouvement sont passés par là. C'est inéluctable et nous ne pouvons pas y échapper. C'est dans l'ordre des choses », explique Youness. Manifestations, sit-in, expositions, débats, projections mais aussi déjeuners conviviaux seront aux rendez-vous. En tout cas, ceux qui s'intéressent au Mouvement auront droit à 4 jours pour célébrer son anniversaire. 4 jours pour conquérir de nouveaux cœurs avides de changement. La culture de résistance « Plusieurs villes du royaume fêterons de manière artistique notre anniversaire. Mais c'est à la capitale que nous avons voulu concentrer nos talents, nos dons et nos attentes. », affirme Youness. Vendredi, à 10h, le siège de l'Union marocain des travailleurs abritera la cérémonie d'ouverture de ce festival. Le bal débutera par une exposition de photos montrant différentes situations marquantes des manifestations du M20F. « Des images de flics en pleine matraque, d'autres sur les encerclements qu'on a subi ou encore des petits enfants qui, terrorisés, explosent en pleurs… Les images auront pour but de montrer l'évolution des choses et aussi les difficultés que nous avons traversé», détaille Youness. Après cette projection, un débat « résistance politique » sera organisé. Tout un chacun pourra s'exprimer sur la notion de résistance. Suivra une conférence –débat avec comme thème « La détention politique ». « Nous évoquerons là la question des détenus politiques et comment nous pouvons exercer une pression efficace pour les libérer. », développe le jeune militant. A 18h00, une fin de journée en beauté attend les «invités»: un sit-in en face de la Poste sous le slogan « Libérez nos détenues politiques, rendez hommage à nos martyrs. ». Samedi, ce sera la reprise des ateliers artistiques. « Un autre Agora est prévue ce jour là. Le thème choisi est « Art contre Makhzen ». Le Makhzen a son propre « art » pour réprimer les manifestations. Nous discuterons des méthodes artistiques pour le contrer », révèle Youness. Vers 11H00, les organisateurs de ce festival organiseront un atelier de théâtre et de guitare. « Des moniteurs et des artistes seront là pour encadrer les intéressés », rassure le militant. En milieu de la journée, dans le jardin de la maison blanche (en face de la Poste. NDLR) un déjeuner à thème atypique mais convivial est lui aussi prévu : « Apportez à manger et partagez »… Bataille à Seattle…àRabat L'après midi connaîtra ensuite une projection-étude sur l'image et la résistance, dans les locaux de l'AMDH. Si Dimanche, les organisateurs de cette anniversaire ont prévu d'autres débats sur la résistance sociale et une marche depuis Bab El Had, la projection du film Bataille à Seattle ne sera pas un hasard. « Le film de Stuart Townsend nous montre tout simplement comment réussir une résistance », résume Youness. Lundi, dernier jour de fête, sera marqué par une touche anticapitaliste, et assez originale. « Les membres du mouvement qui font toujours leurs études dans les facultés de Rabat auront comme tâche ce jour-là de sensibiliser leurs collègues sur les systèmes des banques et leurs arnaques flagrantes, mais aussi sur le système de vote et les produits de consommation que nous devons boycotter », conclue Youness. La projection du court métrage « My Makhzen and Me » du jeune réalisateur marocain Nadir Bouhmouch, clôturera l'anniversaire du M20F.