Hier, aux alentours de 16h, des milliers de manifestants du Mouvement 20 février ont entamé une marche dans plusieurs villes du pays. Cette dixième marche nationale du Mouvement est la première qui se tient après la montée au pouvoir du PJD et s'est déroulée sans la Jamaâ. « Sous le slogan ‘‘inébranlables dans notre lutte contre la prévarication et l'absolutisme'', le Mouvement du 20 février a organisé une marche populaire de contestation dimanche 25 décembre à 16h (…) afin d'insister sur la continuité de notre lutte jusqu'à la réalisation de l'ensemble des revendications des citoyens marocains. Nous invitons ainsi, tous les citoyens, toutes les voix libérées mais aussi toutes les personnes jalouses pour leur pays à nous rejoindre dans cette marche ». L'annonce faite par le Mouvement sur sa page Facebook officielle n'a pas changé depuis 10 mois.Comme de coutume, le ton est courtois, mais ferme. Sauf que cette fois-ci, les membres du M20F montrent une inquiétude terrible, liée sans nul doute, au retrait des islamistes d'Al Adl Wal Ihssane. « La seule chose qui risque de changer dans la marche d'aujourd'hui c'est bien le retrait d'Al Adl. J'estime que nous serons moins nombreux cette fois-ci, car les rangs du M20F fourmillaient d'adeptes de la Jamaâ », nous avouait hier Ghizlane Benomar, membre du M20F, récemment élue au conseil national du PSU. Le mouvement de contestation devrait donc démontrer s'il est capable de survivre sans Al Adl qui, d'après les observateurs, représentait plus de 60 % de l'effectif du M20F. « D'après nos estimations, nous serons quelque 10 000 manifestants », nous révèle timidement Ghizlane. Le retrait des islamistes et de certaines mouvances au sein du M20F serait donc patent et, optimisme oblige, connaîtra peut-être l'adhésion de nouveaux sympathisants.Contactée quelques heures avant la marche, Ghizlane nous déclare que les manifestants scanderont les mêmes slogans, dénonçant « la prévarication, l'absolutisme, la corruption » et revendiqueront « de vrais changements démocratiques au Maroc ». Force de contestation et de pression Ceci dit, même si le M20F souffre d'hémorragie ces derniers temps, rien n'est censé arrêter la lutte du Mouvement qui s'est voulu, de prime abord, une force de contestation et de pression contre les organisations et les responsables « corrompus ». « Même si la marche connaît un échec aujourd'hui, le M20F poursuivra ses sorties pour continuer son combat pour la démocratie et les droits humains au Maroc. Nous sommes un mouvement qui rassemble tous les Marocains désireux de vrais changements et nous manifesterons jusqu'à ce que nos revendications soient écoutées », conclut Ghizlane.