Le SNASup fait son entrée sur la scène syndicale. Il se dit autonome et ne dépendant d'aucun parti politique. L'initiative émane des enseignants titulaires du Doctorat français. Scission au sein du SNE-Sup. Le syndicat de l'enseignement supérieur au Maroc, qui depuis sa création en 1960 avait jusqu'alors su garder sa cohésion et son unité en dépit des divergences politiques et de gestion entre ses différentes composantes, a actuellement un concurrent. Il s'agit du SNASup (Syndicat national autonome de l'enseignement supérieur). Ses fondateurs sont des enseignants-chercheurs, anciens membres du vétéran SNE-Sup. L'un des principaux initiateurs est le Docteur Mohamed Mahassine, président de l'Association marocaine des enseignants-chercheurs lauréats des universités françaises. L'attitude du SNESup jugée «négative» face au dossier de ces lauréats qui a réussi à avoir le soutien de la France est à l'origine de cette scission. Pour mémoire, le Bureau national du SNESup et le ministère de tutelle ont conclu en 2006 un accord qui assujettit l'accès au PES (Professeur de l'enseignement supérieur) à la condition du concours. Une décision qui ne pourrait faire figure de solution acceptable à ce dossier, selon les concernés. Ces derniers l'ont même qualifiée de «politique des demi-mesures». «La confiance a été retirée au SNESup le 30 novembre 2006, date de la grève de la faim que nous avons menée pour défendre notre droit à l'équivalence. Au lieu de plaider notre cause, le syndicat nous a abandonnés à notre propre sort. Vu la position négative du SNESup qui a préféré s'occuper des intérêts politiques et partisans au lieu des droits syndicaux de ses membres, nous avons décidé de créer notre propre syndicat», souligne-t-il. Cette décision a été prise en janvier 2008. Depuis, ses promoteurs n'ont épargné aucun effort pour faire aboutir leur projet. Le nouveau venu sur la scène syndicale se prépare actuellement à l'organisation de son congrès constitutif prévu pour le samedi 27 mars au Centre d'Accueil et de Conférences (CAC) de Rabat. Lors de cette rencontre, il sera procédé à la mise en place de l'instance dirigeante dont les membres seront exclusivement les fondateurs du syndicat. Elle aura la charge d'organiser le 1er congrès du SNASup. Le SNASup prépare son congrès constitutif prévu pour le samedi 27 mars. Cette nouvelle organisation dépendra de quel parti politique ? Des informations font état de son affiliation au parti socialiste de Abdelmajid Bouzoubaâ. Or, Mohamed Mahassine nie toute dépendance politique. Le SNASup se déclare autonome et ouvert à tout enseignant-chercheur marocain et non seulement aux titulaires du prestigieux diplôme français. «Notre syndicat se propose de défendre les droits et rien que les droits des enseignants, en toute autonomie et loin de tout calcul politique. Actuellement, une centaine de personnes ont exprimé leur souhait d'adhérer à notre organisation. Nous tablons à court terme sur 200 adhésions et à 2. 000 à moyen terme, soit 15% du corps enseignant. La priorité du syndicat sera donnée à la «levée du préjudice» vieux de plus de 20 ans», insiste Mohamed Mahassine, coordinateur du SNASup et membre fondateur. L'équivalence du doctorat français est un éternel problème. Contrairement aux Doctorats américain, canadien et anglais ou belge, le Doctorat français est le seul diplôme étranger non reconnu comme équivalent au Doctorat d'Etat marocain. Ironie du sort pour ce prestigieux diplôme reconnu au niveau mondial ! La loi en vigueur exige le passage par la commission des équivalences qui ne s'est jamais réunie pour se prononcer sur le diplôme en question. Pour quelles raisons ? Nous ne le saurons pas. Les détenteurs de ce diplôme ont été recrutés sur la base d'une lettre, émanant du secrétaire général du ministère de l'Enseignement marocain. Selon cette lettre, le doctorat français est provisoirement considéré comme l'équivalent du DES (Diplôme des études supérieures) en attendant que la commission des équivalences de diplômes se réunisse pour statuer sur sa valeur. Ils étaient recrutés à cette époque, pour répondre aux besoins des universités en ressources humaines, en tant que professeurs assistants avant de pouvoir prétendre, quatre années plus tard, au grade de professeur de l'enseignement supérieur. Considérés comme de simples professeurs assistants bien qu'ils soient titulaires du Doctorat français, ces enseignants-chercheurs n'ont ni le droit de diriger des thèses et encore moins de postuler au poste de doyen ou à d'autres responsabilités administratives au sein de l'université. Sentis lésés dans leur droit «légitime», ces 1.700 enseignants chercheurs revendiquent leur «droit au grade de professeur de l'enseignement supérieur et la préservation de l'intégrité de l'ancienneté acquise depuis leur recrutement». Enseignants-chercheurs :L'indignation de la France Pour défendre leurs droits, les titulaires du Doctorat français ont mené un long combat jalonné de sit-in désespérés. Pour faire entendre leur voix, les protestataires ont observé une grève de la faim qui a suscité le soutien de la France à leur cause. Indigné par la position du ministère de l'enseignement supérieur marocain, le syndicat de l'enseignement supérieur français et les universités de l'Hexagone ont interpellé leur gouvernement pour venir en aide à leurs collègues marocains. Dans un communiqué, ils dénoncent ce qu'ils qualifient de «discrimination incompréhensible des autorités marocaines». Le conseiller honoraire du commerce extérieur français, Gerard Follain, a même adressé en 2006 une lettre au secrétaire général de la Présidence de la République pour soumettre cette question à Jacques Chirac alors Président de la République. De son côté, le président de l'université Pierre & Marie Curie, Jean-Charles Pomerol, première université scientifique et médicale de France, considère la non-reconnaissance du Doctorat français, qualifié de «prestigieux» comme une «anomalie qui affecte la considération que mérite l'enseignement français et le dévalue au Maroc par rapport à celui d'autres pays étrangers».