Le dernier rendez-vous mensuel du Conseil économique et social (CES) s'est déroulé vendredi , au lendemain de la 11e session ordinaire de l'instance consultative. Sujet du nouveau rapport présenté, l'implication des jeunes par la culture. Deux éléments antinomiques au Maroc, caractérisé par une profusion de jeunes d'une part, et une carence culturelle, de l'autre. Un luxe intellectuel Comment rééquilibrer la balance ? Un changement de perception doit tout d'abord être opéré. « La culture est toujours considérée aujourd'hui par les jeunes comme un luxe intellectuel, qui n'arrive pas en tête de leurs préoccupations », constate Ahmed Abbadi, président de la commission chargée de réaliser le rapport en question. Toutefois, la multitude de moyens dont dispose le jeune pour enrichir sa culture attise sa curiosité et développe sa débrouillardise. Les technologies de l'information et de la communication (TIC) figurent en pôle position des moyens utilisés par les marocains pour cet enrichissement. Quelques clics suffisent pour voir des extraits vidéo, lire, et échanger. « Les jeunes sont autonomes, et n'attendent pas de s'enrichir par le biais des sources traditionnelles et production et de diffusion de la culture », ajoute Ahmed Abbadi. Ils n'attendent donc pas que des institutions leur fournissent leur dose culturelle. Ils vont la chercher eux-mêmes. Heureusement, puisque le rapport indique que les sources traditionnelles sont encore à la traîne. « Une stratégie culturelle quasi-inexistante a conduit à une dévalorisation de notre patrimoine culturel », a lancé dans ce sens Chakib Benmoussa, président du CES. Le Conseil indique d'ailleurs que les politiques publiques concernant les jeunes « souffrent de l'absence d'accumulation, d'harmonie et de continuité dans les programmes adoptés ». Une situation qui a entraîné un gaspillage énorme de ressources, aussi bien financières qu'humaines, qui ne sont pas dirigés vers les bons canaux. Des programmes en manque d'harmonie Comment changer la donne ? Le CES propose notamment d'opérer une rupture avec la conception traditionnelle de la jeunesse. Les jeunes ne sont pas des enfants sous tutelle. Ils ont leur avis à donner et doivent être impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques les concernant. Le rapport propose également de « mettre en place une stratégie participative sous forme de contrat-programme national, et d'instituer une charte nationale pour la préservation du patrimoine matériel et immatériel », comme annoncé par Ahmed Abbadi. La nouvelle constitution prévoit d'ailleurs des mesures qui n'ont pas encore été concrétisées. Le texte évoque la création d'un « conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative », ainsi que du « conseil national des langues et de la culture marocaines ». En effet, le pays ne part pas d'un niveau zéro de culture. « Nous disposons d'un patrimoine qu'il convient de mettre en avant. Non pas pour le folkloriser, mais pour pouvoir en tirer des forces et mieux aborder la relation active avec les autres cultures », a précisé Chakib Benmoussa. Il ne s'agit donc pas de devenir de passifs consommateurs de culture mondialisée, mais d'être également des créateurs. « Notre culture marocaine est, dans son essence, une culture plurielle. Il faut la placer au cœur de notre projet de société, et faire de la culture un levier de développement, intégrée de manière transversale dans l'ensemble des secteurs concernés ».