Nino Mekouar, jeune guitariste qui brasse le flamenco avec le smooth jazz, s'est produit vendredi soir à l'auditorium du Twin Center, accompagné de son quartet. Entretien avec un passionné du flamenco. Nino Mekouar lors de son concert vendredi soir, à l'occasion de la sortie de son album Daydream . Religieusement penché sur sa guitare, Nino Mekouar a revisité les partitions de son nouvel album Daydream, sorti en novembre 2011. Accompagné du bassiste Hermann Doh, du batteur Rémi Sambale et du guitariste Réda Benabou, il a plongé l'audience dans une ambiance aux inflexions flamenco funk, légèrement jazzy, puisant dans un répertoire aux doux emportements latins. Un concert mélodieux et agréable qui en dit long sur ses influences musicales. Entre flamenco puro et flamenco nuevo, cet autodidacte s'est inspiré de sa propre cuisine musicale pour séduire les mélomanes. Religieusement penché sur sa guitare, Nino Mekouar a revisité les partitions de son nouvel album Daydream, sorti en novembre 2011. Accompagné du bassiste Hermann Doh, du batteur Rémi Sambale et du guitariste Réda Benabou, il a plongé l'audience dans une ambiance aux inflexions flamenco funk, légèrement jazzy, puisant dans un répertoire aux doux emportements latins. Un concert mélodieux et agréable qui en dit long sur ses influences musicales. Entre flamenco puro et flamenco nuevo, cet autodidacte s'est inspiré de sa propre cuisine musicale pour séduire les mélomanes. Comment êtes-vous venu à la musique ? Je suis un autodidacte et j'ai commencé à jouer quand j'avais 15 ans. Je jouais au début pour le plaisir, puis petit à petit les choses prenaient une tournure professionnelle. J'ai passé beaucoup de temps à essayer d'assimiler la théorie musicale. Je jouais des reprises dans les petites salles et quelques morceaux bruts de mes compositions, jonglant entre mes influences de flamenco pur et de flamenco moderne. Pourquoi avez-vous choisi ce genre de musique, le flamenco mêlé au smooth jazz ? Je me suis pris de passion pour cette musique, un phénomène qui s'est développé naturellement. Je fais partie des musiciens non espagnols qui reprennent ce genre de musique à leur manière, comme le Canadien Jesse Cook. Je ne suis pas dans la mouvance du flamenco puriste mais je le fusionne avec d'autres influences, en l'occurrence le smooth jazz. Trois titres dans mon album s'inscrivent dans la lignée du flamenco pur, dont Querido Amigo Vicente, mélodie mélancolique et libre qui rend hommage au grand Vicente Amigo. Comment est né votre premier album Day dream ? J'ai commencé à composer cet album il y a huit ans, et je l'ai enregistré deux fois avant l'aboutissement final, en novembre 2011. L'album n'était pas assez riche et ne me satisfaisait pas. J'y suis accompagné par le guitariste Réda, le batteur Rémi et le bassiste Hermann, deux excellents musiciens ivoiriens que j'ai rencontrés lors d'un concert au Mazagan. Ils ont un groove excellent, comme tous les bassistes afro-américains. Je cite Richard Buena, Marcus miller, ou Victor Wooton. Pourquoi n'y-a-t-il pas de touche orientale dans votre album ? C'est voulu. J'aime beaucoup la musique orientale et j'ai beaucoup d'influences au niveau de la musique arabe, mais j'ai choisi de ne pas les intégrer complètement dans cet album. Je n'y ai inséré qu'une seule partition, Granada, que j'ai jouée avec le luthiste Yassine Chraibi. Mes prochains albums seront sûrement dans une tonalité plus orientale. Vous avez fait des études d'économie et de communication. Pourquoi avoir choisi de ne pas vous consacrer entièrement à la musique ? J'étais un peu confus mais la réalité du terrain commande que c'est extrêmement dur de vivre de la musique. Je me mobilise et je fais ce que j'ai à faire, et je me consacre à ma musique tout en pratiquant d'autres activités professionnelles, en rapport avec mes études. Il est dommage que ce métier ne soit pas mis en valeur au Maroc. Et l'inconvénient de cette situation est simple : ne pas pouvoir concurrencer les musiciens qui ne se consacrent qu'à la musique, particulièrement ceux à l'étranger. Le flamenco vu par Nino Mekouar Lors de notre entretien, Nino, véritable féru de cette musique immortelle venue des contrées hispaniques, a partagé avec nous ses connaissances sur le genre. Le flamenco est né de la souffrance du peuple gitan, d'où son timbre mélancolique, signe de solitude qui se traduisait souvent par les danses individuelles et fougueuses des gitans. Les gitans, persécutés à l'époque de l'expulsion des musulmans de l'Andalousie, se cachaient dans les grottes où ils chantaient et jouaient leurs peines, s'accompagnant du claquement des mains, et des pieds. C'est le flamenco puro, ou le flamenco traditionnel. Plus tard, le flamenco nuevo ou flamenco moderne fut introduit par le père fondateur de cette musique, Paco de Lucia, qui brassa le flamenco classique avec le jazz, et introduisit les instruments modernes dont le piano, la basse et le cajon. D'autres variantes plus entraînantes du flamenco furent introduites, dont la buleria, flamenco festif au rythme endiablé. Le bailé (danse), le canté (chant flamenco) et le toqué (guitare), ainsi que la taranta et souleria font partie du jargon que vous entendrez souvent dans les milieux où foisonne ce genre de folklore.