Après leur single « Hali Gnaoui » qui a fait un tabac, Mayara Band s'affirme aujourd'hui comme un groupe incontournable de la musique fusion. Farid, chanteur du groupe était sur la scène du Chellah vendredi soir. Rencontre. Vous avez chanté avec deux membres du groupe au Chellah. Comment avez-vous participé aux rencontres européennes du Jazz au Chellah ? Notre manager a proposé Mayara Band dans le cadre de la programmation du Jazz au Chellah, mais comme le directeur artistique a décrété que la musique du groupe ne convenait pas au concept du festival, ce qui est normal vu qu'on fait du gnaoua, il a proposé que je fusionne seul avec un groupe européen, pour rester fidèle à la thématique du festival. Ayoub m'a accompagné au chant et Toufik à la percussion. Vous avez fusionné avec le sixtet de Toine Thys dont les musiciens viennent de Belgique, du Portugual et des Pays-Bas. Sur quelles bases avez-vous choisi les morceaux ? J'ai fait une résidence avec le groupe avant le concert et nous avons répété ensemble plusieurs fois. Nous avons également joué au Bistrot Le Pietri la veille, ce qui a renforcé l'entente et la symbiose entre nous. Toine Thys est un groupe qui fait du jazz classique évolué, une musique de haut niveau. Pour la rencontre, j'ai opté pour des morceaux traditionnels, des reprises gnaoua , du tagnaouite comme Khali Mbara (mon oncle Mbara) et Hadi en référence à Moulay Idriss le surnommé « El Hadi ». Vous êtes un autodidacte originaire d'Agadir et fortement imprégné de musique gnaoua. Parlez-nous de vos débuts. Oui je suis originaire d'Agadir et je suis fils d'une mère musicienne, pianiste de jazz et d'un père accordéoniste. Mon oncle est aussi batteur dans un groupe berbère d'Agadir. J'aime le chant spirituel africain et j'explore beaucoup de musiques lyriques et spirituelles, je suis fan de la musique hindoue, gospel et gnaoua, et je suis un grand admirateur de Salif Keita et Ismaël Lô. Quand je me suis installé à Casablanca, j'ai voulu explorer la musique gnaouie d'Agadir et j'ai regroupé des amis musiciens au fur a mesure, pour me lancer dans la musique. Le single « Hali Gnaoui » a lancé votre groupe Mayara Band. Où se place Mayara Band sur la scène marocaine ? Nous faisons de la world music et, à la base, nous sommes des musiciens gnaoua, avec une touche occidentale que j'ajoute par le biais de mon chant et mon jeu de basse. En 2007, nous avons participé a Génération Mawazine et remporté le prix de meilleur groupe fusion et le premier prix au Tremplin en 2008. Dans l'album « Derbala » sorti le 8 février 2011 les onze chansons combinent flamenco, reggae, raï et la Reggada d'Oujda. Les problématiques des chansons sont marocaines et internationales. Ayoub et moi écrivons les compositions, et tous les membres du groupe donnent leurs feelings. J'injecte du funk et du jazz, Tawfik le percussioniste du latino, Ayoub est plutôt gnaoua. Dans mon album, il y aussi deux duos avec Nabila Maan « L'amane » et « Povri Gal » avec King Barra, chanteur de reggae. Vous avez reçu un don royal s'élevant à 150 000 dirhams, une expérience unique. Quelles étaient vos impressions suite à cette distinction ? Oui, nous avons reçu un don dans le cadre de l'aide de sa Majesté Mohammed VI octroyée aux jeunes groupes marocains et à la nouvelle scène musicale, du jamais vu auparavant. Les groupes Hkayne, Hoba Hoba spirit et Darga en ont recu aussi. L'expérience était vraiment unique et cela nous a propulsés vers l'avant. Après le concert de Mawazine en 2008, un conseiller du roi nous a appelés et nous a remis les chèques. A noter que le clip de ‘'Hali Gnaoua'' est une production de la SNRT sous ordre royal.