La dernière notation de Standard & Poor's sur les pays de la zone euro tombe à un mauvais moment. Après la France et huit autres pays, c'est au tour du Fonds européen de stabilité financière (FESF), censé venir en aide aux pays en difficulté, de voir sa note dégradée par l'agence. Sans répit, les agences de notation s'acharnent sur la zone euro, déjà fragilisée par la crise de la dette. Standard & Poor's a dégradé, lundi, le triple A du Fonds de secours européen visant à venir en aide aux pays en difficulté. FESF ne conserve plus qu'un AA+, une note qui est loin de rassurer les marchés. Vendredi, l'agence de notation américaine avait déjà abaissé la note souveraine de neuf pays dont la France, l'un des principaux pourvoyeurs du Fonds de secours. « Cet abaissement de la note du FESF est la conséquence de la dégradation des notes de la France et de l'Autriche, deux des contributeurs du fonds », a expliqué Standard & Poor's. L'Espagne, déjà en pleine crise, passe à un simple A avec perspective négative, l'Italie avec son nouveau gouvernement dirigé par Mario Monti, qui a récemment annoncé une importante cure d'austérité se retrouve avec un BBB+, le Portugal, la Slovénie, la Slovaquie, l'Autriche entre autres ont vu leur note abaissée. En revanche, l'Allemagne, la Finlande, les Pays-bas et le Luxembourg conservent la confiance de l'agence de notation américaine. Cependant les autorités de la zone euro tentent de rassurer l'opinion publique. Exception allemande « Nous devrions apprendre à nous passer de ces notes, ou du moins apprendre à évaluer les dettes en considérant la notation des agences comme un paramètre parmi beaucoup d'autres », a déclaré Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne(BCE). « Ce ne sont pas les agences de notation qui doivent dicter les politiques économiques de nos pays respectifs », a déclaré, lundi, le chef d'Etat français, Nicolas Sarkozy, en déplacement en Espagne. Cette situation est notamment due à l'explosion du déficit budgétaire des pays de la zone euro ces dernières années. De nombreux pays dont la Grèce, l'Italie entre autres, ont eu recours à l'endettement pour se financer, générant ainsi un niveau élevé de la dette publique. L'Allemagne s'en est sortie à coup de réformes drastiques menées ces dix dernières années, selon les économistes qui estiment que le pays a su assainir ses finances publiques pour gagner la confiance des investisseurs. « L'économie allemande a démontré ses capacités à faire face à des chocs financiers importants. Ses finances publiques sont suffisamment solides pour faire face aux difficultés que traverse la zone euro », reconnaît Standard & Poor's. L'Allemagne, première puissance économique de l'Europe, avait adopté en 2005 plusieurs mesures pour favoriser la croissance de son économie. Son taux de chômage est de 5,5 %, l'un des plus bas de l'Union européenne, alors qu'en Espagne par exemple, il est de 22,9%. Mais Berlin ne compte pas se réjouir de sa situation au moment où la monnaie unique est plus que jamais en péril. « La zone euro a encore du chemin à parcourir pour retrouver la confiance des investisseurs. Il est cependant aussi visible que nous sommes engagés de façon décidée sur ce chemin d'une monnaie stable, de finances solides et d'une croissance durable », a déclaré Angela Merkel, la chancelière allemande. Renforcement du fonds de secours européen Cette perte du triple A effrite la crédibilité des pays concernés sur les marchés financiers dans la mesure où le taux d'intérêt de leur emprunt va augmenter. Les conditions d'emprunt subiront également des durcissements. L'une des conséquences de cette situation pourrait aussi être la fuite des investisseurs vers d'autres marchés plus sûrs. Concernant le Fonds européen de stabilité financière (FESF), la BCE a appelé les pays à le renforcer. « Il est vital que les engagements pris par les chefs d'Etat et de gouvernement soient mis en œuvre rapidement et intégralement », a expliqué Mario Draghi. Le Japon a également annoncé qu'il continuera d'acheter des obligations du FESF en dépit de l'abaissement de sa note. « Nous avons acheté ces obligations que nous considérons comme des actifs importants pour une gestion sûre des réserves de changes du Japon, les deuxièmes plus importantes du monde après celles de la Chine », a déclaré le ministre des Finances, Jun Azumi.« L'euro résistera à l'actuelle crise de la dette. Les inquiétudes des investisseurs sur l'éventualité d'une disparition de la monnaie unique ne sont pas fondées », a assuré, mardi, Klaus Regling, le président du FESF. Par ailleurs, Standard & Poor's a notifié que le fonds en question « pourrait retrouver sa note maximale si les pays contributeurs, et notamment l'Allemagne, acceptent d'augmenter leur garantie financière », mais pour le moment, ce point de vue ne semble pas faire l'unanimité.