La grande nouvelle est tombée dimanche. Nabila Mounib a été élue secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU). Assurant ainsi la succession de Mohamed Moujahid, elle est la 3e femme marocaine à la tête d'un parti politique. Un très bon point pour le PSU qui a encore un long chemin devant lui. La décision a été tardive mais elle a été très bien accueillie par la majorité des membres du PSU. Nabila Mounib, secrétaire générale du PSU a remporté 48 voix sur 80. Très connue pour son nerf militant et ses positions démocratiques, elle est convaincue par le même combat sempiternel qu'elle a mené des années durant depuis son action à l'Organisation de l'action démocratique populaire (OADP). «Nous menons tous un combat pour notre projet commun de société progressiste où démocratie et égalité restent les principes fondamentaux. Nous continuons, pour cela, à clamer haut et fort la monarchie parlementaire ici et maintenant», n'a-t-elle cessé de répéter. Pour Kamal Lahbib, membre du PSU, l'élection de Nabila est une initiative qu'il applaudit chaleureusement mais «le PSU doit se retrouver et se secouer». Le PSU au féminin « C'est une excellente nouvelle. Nous avons tout le temps milité pour la participation de la femme dans l'action politique. On a toujours prôné cette parité. Reste maintenant à unifier cette vision des choses. La femme doit être considérée avec respect et impliquée dans toutes les démarches de projets démocratiques. Il faut que nous arrivons à un stade où la problématique de l'implication de la femme dans les décisions du pays ne soit plus un sujet d'actualité. Un jour, cette question ne doit plus être un obstacle pour les institutions politiques. ». Les propos de Kamal Lahbib sont déterminés et catégoriques. La représentativité de la femme, qui a reçu un coup lors de la nomination du nouveau gouvernement Benkirane, ne l'a pas laissé indifférent. Pour lui, le parti pris pour la parité femme-homme est chose acquise au sein de son parti. Mais il peine à croire que Nabila Mounib puisse avoir tout le temps le dernier mot. « Théoriquement, les priorités de Nabila sont définies par la direction du bureau politique du PSU. La plate-forme est déjà là». Ceci dit, Nabila ne se laissera pas faire. Son esprit de gauche et sa passion pour le changement démocratique lui permettront d'apporter une touche personnelle bien à elle. « Elle saura mieux que n'importe qui trouver un plan élaboré pour donner aux manifestations de la rue un nouveau sang. Elle saura aussi renforcer les alliances en perspective de la création d'un véritable front démocratique pour une monarchie parlementaire. Enfin, Nabila sait très bien que le PSU nécessite un coup de fouet pour repartir sur de nouvelles bases. » Et c'est là où Mounib est attendue. Pour mieux convaincre Le programme du PSU est connu de tous. Monarchie parlementaire au vrai sens du terme, une réelle refonte des partis politiques, une ouverture propice vers la voie de la démocratie et un débat critique qui se nourrit notamment de l'apport de la nouvelle génération politique. Mais encore ? « Le PSU nécessite une révision globale et une réflexion profonde, surtout en matière de gestion. La philosophie du parti doit pencher vers davantage de décentralisation et de régionalisation des procédés. Nous avons encore du mal à convaincre dans les petites régions. C'est là où nous sommes les plus faibles », avoue Lahbib. Si le PSU a beaucoup perdu dernièrement en terme de notoriété, c'est bien pour des raisons décisionnelles. Le boycott, une mauvaise idée« A mon avis, le boycott n'avait pas de sens. Les gens qui allaient voter pour le PSU ont voté, par sanction, PJD. On est aussi à la traîne du M20F, mouvement qui a marqué un déclic dans l'histoire du Maroc. Nous devons rattraper le temps perdu et attirer la classe moyenne pour développer notre projet démocratique. Le PSU n'a pas assez pris au sérieux l'esprit du changement», nous révèle Kamal Lahbib. Pour ce qui est de la relation du PSU avec le M20F, ce dernier parle d'une nécessité d'aller au-delà de la rue. Une coalition politique entre ces éléments ne serait pas de refus. « La jeunesse devra prendre plus d'initiatives concrètes et voir dans l'action politique une obligation». Enfin, pour ce qui est des islamistes, notamment Al Adl Wal Ihssane, Kamal Lahbib garde le verbe ferme. « La tendance dominante est au refus de tout pacte avec Al Adl ! Cela fait presque l'unanimité. Le choix de la gauche, c'est principalement une démocratie moderniste, chose qui inquiète Al Adl », conclut Kamal.