A travers sa fondation et son projet pilote OCP-AES, l'Office chérifien des phosphates sensibilise les agriculteurs de 3 000 fermes en Inde à l'utilité de l'utilisation des engrais et les accompagne même au niveau de la recherche de financement. Au final, les rendements des terres ont crû de plus de 10%. Une expérience que l'office compte élargir à l'Afrique. Une offensive commerciale passe également par l'éducation des consommateurs finaux. C'est le nouveau credo de l'OCP. En effet, à travers sa fondation «les agriculteurs en Inde bénéficient d'un système de formation aux bonnes pratiques grâce au projet OCP-AES», souligne Mohamed Belmahi, président de la Fondation OCP. Ce projet pilote mené en partenariat avec les institutions universitaires indiennes a pour but la sensibilisation des fermiers sur les meilleurs usages des fertilisants. En plus de l'amélioration du rendu, où dans certaines exploitations, l'accroissement des rendements a dépassé 10 à 25 % escomptés, le projet a également permis de faciliter les relations entre les intervenants et les bénéficiaires afin d'améliorer l'accès aux produits appropriés, mais également aux crédits. Le département recherche et développement du groupe est en phase de développer de nouveaux produits adaptés aux besoins locaux de certains pays du continent. L'african dream Une des composantes clés de ce projet est, en effet, l'aide au financement, qui s'exprime en facilitant le contact entre les entreprises et les institutions de microcrédit locales. Selon Fatiha Charradi, P-DG d'OCP Innovation Fund for Agriculture et responsable du portefeuille agribusiness du Groupe «le facteur clé du succès de cette initiative réside dans la démarche globale et intégrée adoptée dans sa conception et son implémentation». De l'approche scientifique à l'accompagnement de la formation, en passant par la valorisation de la production et l'accès aux marchés, tout a été pensé du début à la fin de la chaîne de valeur. «En effet, les agriculteurs, acteurs essentiels du programme et agents de changement, bénéficient d'un accompagnement de proximité tout au long de ce cycle», souligne-t-elle. L'approche ayant eu donc le succès escompté, l'OCP compte la reproduire en Afrique, continent connu par sa sous-consommation en fertilisants. D'après les données avancées par l'office, les agriculteurs épandent moins de 6 kg/ha/an en moyenne, contre environ 80 kg/ha/an en moyenne dans le monde. Pour commencer, le groupe a conclu des accords de partenariat pour la fourniture d'engrais en vue de traiter la sous-fertilisation en Afrique. «Mais cela ne suffirait pas. Pour réussir à inciter les agriculteurs à adopter l'approche développement durable qui est la sienne,l' OCP se devait d'étendre son champ d'intervention à l'ensemble de la chaîne de valeur : des négociants en produits agricoles aux points de vente au détail, en passant par les industriels de l'alimentaire, sans oublier bien évidement les partenaires publics et privés», souligne-t-on à l'OCP. Dans ce sens l'office a entamé depuis 2008 des discussions avec des importateurs, des décideurs politiques, des acteurs spécialisés dans les questions de développement et d'autres parties prenantes dans plus de vingt pays. L'objectif final étant de fournir aux agriculteurs locaux le bon engrais au meilleur coût. En parallèle et afin de mieux répondre aux spécifiés du sol africain, le département recherche et développement du groupe est en phase de développer de nouveaux produits adaptés aux besoins locaux de certains pays du continent. Un sol mal nourri Le continent africain totalise le cinquième des terres arables mondiales, pourtant il est toujours associé aux famines. D'après l'OCP, le continent utilise moins de 1% des engrais épandus dans le monde rendant ainsi le rendement des terres très limité. Avec moins de 6 kg d'engrais épandus par hectare par an en moyenne les sols africains sont les plus déficitaires au monde en nutriments indispensables au développement des cultures. En effet, les agriculteurs n'y apportent que 20 % des engrais nécessaires pour éviter l'épuisement de la teneur en phosphore de leurs sols. Selon la Banque mondiale, au moins 85 % des pays africains souffrent d'un prélèvement de nutriments de plus de 30 kg par hectare et par an, et 40 % des pays subissent des pertes de plus de 60 kg de nutriments par hectare et par an.