Après le projet Amwaj à Rabat, Sama Dubaï élimine Casablanca Marina de sa carte de projets en Afrique du Nord. Pourquoi une telle décision et est-ce que le projet connaîtra des retards de livraison ? Mohamed El Mrini, directeur général d'Al Manar, société qui gère ce projet, apporte au Soir échos des éléments de réponse. La CGI (Compagnie générale immobilière), bras immobilier de la CDG, vient de communiquer sur son acquisition de 30 % de sa filiale Al Manar Development Company auprès de Sama Dubaï. « Ainsi, la CGI porte sa participation à 100% de sa filiale Al Manar, afin accélérer la réalisation du projet Casablanca Marina », note la CGI dans un communiqué. Pour avoir plus de détails par rapport au retrait de Sama Dubaï du projet, Le Soir échos a contacté Mohamed El Mrini, DG d'Al Manar. Ce dernier nous confirme que cette décision a été prise par le nouveau management du groupe émirati suite à l'adoption d'une nouvelle stratégie à l'international. « Il n'y a pas eu d'événements particuliers qui ont poussé le groupe à quitter le projet. Tout se passait dans les meilleures conditions. Cette décision est purement le fruit d'un équilibrage de leur portefeuille à l'international. De plus, ce redimensionnement est global et ne touche pas que leurs projets entamés au Maroc », explique El Mrini. Un gel des projets depuis la crise de 2009 Cette réorientation stratégique est-elle due à la crise qui a frappé Dubaï en 2009 ? Même si El Mrini reconnaît que la capacité financière de Sama Dubaï, le bras immobilier de Dubai Holding Group a accusé un coup, il ne voit pas dans la crise de Dubaï une raison directe à ce retrait. « Depuis l'installation de la nouvelle équipe d'Al Manar début 2011, les choses se sont améliorées. Et Sama Dubaï nous a accompagné dans nos investissements pour respecter l'échéancier établi. Je ne crois pas que la crise de Dubaï soit la conséquence directe à ce retrait du projet de Casablanca Marina », nous déclare El Mrini. « Il n'y a pas eu d'événements particuliers qui ont poussé le groupe à quitter le projet. Tout se passait dans les meilleures conditions. » Mohamed El Mrini, DG d'Al Manar. Et pourtant, l'historique des décisions de gel des investissements de la holding au Maghreb en particulier, démontrent clairement que la crise économique et immobilière de Dubaï a été la cause principale de ce revirement stratégique. Et ceci a commencé depuis 2009. « Si l'ambition de se concentrer davantage sur les projets entamés à Dubaï et les pays avoisinants a été dictée par le nouveau management du groupe Sama Dubaï, elle a laissé plusieurs projets en stand-by et d'autres délaissés. La crise de Dubaï est passée par là et a impacté les ressources financières de la holding, la poussant à revoir ses projets au Maghreb », nous commente un promoteur immobilier. En Tunisie, par exemple, le projet de « La Porte de la Méditerranée », la nouvelle ville que Sama Dubaï devait réaliser sur les bords du Lac Sud de Tunis, avec un investissement de 25 milliards de dollars, a connu des réajustements. « Réunis en assemblée générale extraordinaire, Sama Dubaï et le britannique EC Harris, ont décidé le 27 janvier 2009 de dissoudre de manière anticipée Sama ECH Tunisia, leur joint-venture en Tunisie qui devait superviser la planification et la réalisation du projet La Porte de la Méditerranée », avait révélé le site d'information tunisien Webmanagercenter à l'époque. L'échéancier sera respecté Sans plus tarder, et en l'intervalle d'un mois, Sama Dubaï vire de sa carte de projets dans la région de l'Afrique du Nord, le projet Amwaj, dans la vallée du Bouregreg, situé à Rabat. Et aujourd'hui, c'est le projet de la future marina casablancaise qui paye le prix de cette nouvelle stratégie. Quoi qu'il en soit, El Mrini tente de nous rassurer quant à la réalisation du projet et le respect des échéances. « Nous allons livrer le projet fin 2012 comme prévu initialement. La première tranche a connu un succès commercial en ce qui concerne le résidentiel avec un taux de 85 % de ventes. Et le samedi prochain, nous allons commencer la commercialisation de la deuxième tranche du résidentiel qui sera constituée d'appartements de 60 à 100 m2, moins petite que l'offre de la première tranche. Par rapport aux prix, nous sommes en train de les boucler mais je peux vous dire qu'ils avoisineraient les 27 000 dirhams le mètre carré », détaille pour le Soir échos, le DG d'Al Manar. Immobilier de bureau : absence de menace Casablanca Marina constituera-t-elle une menace pour le marché de l'immobilier de bureau à Casablanca ? « Non », nous répond fermement Mohamed El Mrini, DG d'Al Manar. En effet, des inquiétudes ont été exprimées récemment au Soir échos par Karim Tazi, DG du cabinet A. Lazrak Immobilier qui nous confiait que face à une demande annuelle d'immobilier de bureau de 50 à 75 000 m2, l'offre prévisionnelle sur les cinq prochaines années serait d'environ 950 000 m2. Ce qui engendrera certainement une vacation de bureaux. « Par rapport à cette étude, il faut regarder au delà des chiffres. Il y a beaucoup de produits dans l'immobilier de bureau. Nous allons proposer une nouvelle catégorie de produits au Maroc. Cette offre sera concentrée sur le développement durable et l'efficacité. », déclare El Mrini. Puis d'ajouter, « Pour ne pas avoir de concurrence frontale avec la Casa Finance City (CFC), nous avons segmenté nos marchés. La CFC proposera de l'immobilier de bureau destiné aux banques, assurances et au secteur financier en général. Pour Casablanca Marina, nous exploiterons les autres secteurs », conclut El Mrini