Face à la répression brutale à l'encontre de la population syrienne, la Ligue arabe a de nouveau haussé le ton contre Damas. L'institution panarabe exige l'envoi en Syrie de plusieurs centaines d'observateurs internationaux, dans les prochains jours, en vue de protéger les civils. Face aux multiples atermoiements du Conseil de sécurité de l'ONU, depuis plusieurs mois, la Ligue arabe tente toujours de trouver une solution à la crise syrienne. Réunie au Qatar le 2 décembre, la commission ad hoc sur la Syrie a de nouveau lancé un ultimatum à Damas. «Nous sommes entrés en contact, pendant la réunion, avec les responsables. Et nous avons répondu à leurs demandes d'éclaircissement. Nous avons également demandé à ce qu'ils signent le protocole. En tant qu'Arabes, nous craignons que si cette situation continue, les choses échappent à notre contrôle. Et nous sommes donc dans l'attente d'une réponse», a déclaré cheikh Hamad à l'issue de la réunion. Une attente qui risque d'être interminable, dans la mesure où Damas semble bien déterminé à faire fi de tout ce qui pourrait l'obliger à arrêter la répression. Samedi, au moins vingt-cinq personnes ont été tuées par les forces de l'ordre à Homs, selon les comités locaux de coordination de la contestation. Plusieurs affrontements entre l'armée régulière et les soldats déserteurs ont également été signalés. La situation reste donc critique. Renforcement des sanctions La commission, composée en majorité de ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Syrie, a arrêté une liste nominative de 19 personnalités syriennes qui doivent être interdites de voyage dans les pays arabes et dont les avoirs seront gelés dans ces pays. Il s'agit notamment du ministre de la Défense Ali Mamlouk et de l'homme d'affaire Rami Makhlouf, qui est un cousin du président syrien Bachar el-Assad. Le protocole de la Ligue arabe vise à envoyer plusieurs centaines d'observateurs internationaux en Syrie, en vue de protéger les civils. «Tout ce que nous voulons, c'est arrêter l'effusion de sang en Syrie», a insisté cheikh Hamad. Pour rappel, une série de sanctions a déjà été adoptée le 27 novembre à l'encontre du régime. Cette mesure prévoit un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes. L'institution panarabe envisage, en outre, de réduire de 50% les vols aériens, y compris ceux de la compagnie syrienne, si Damas ne donne pas de réponse satisfaisante avant le 15 décembre. Ces différentes sanctions ont pour but d'asphyxier financièrement le régime de Bachar el-Assad. Selon le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, une éventuelle révision de ces mesures pourrait intervenir dans les prochains jours si les autorités syriennes ne répondent pas favorablement aux exigences arabes. La commission ad hoc a aussi demandé au Croissant rouge de mettre sur pied un plan humanitaire d'urgence au profit du peuple syrien. Crime contre l'humanité Le dernier rapport publié par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la crise syrienne met en exergue plusieurs cas de violation des droits, notamment à Homs. Selon Navi Pillay, haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, la répression a déjà fait 4000 morts dont 307 enfants. Le mois de novembre a été le plus meurtrier d'après Paulo Pinheiro, un des experts de la Commission internationale d'enquête sur la Syrie mandatés par l'ONU. «Même si nous n'avons pas eu accès à la Syrie, cela ne veut pas dire que nous n'avons pas des informations crédibles», a-t-il soutenu. Plus de 14 000 personnes ont été arrêtées parmi les contestataires, et plus de 12 400 ont dû fuir le pays, a dénoncé le rapport. Navi Pillay appelle la communauté internationale à «prendre des mesures urgentes et efficaces pour protéger le peuple syrien». «Si on n'y met pas un terme maintenant, la répression brutale du régime de Bachar el-Assad peut plonger le pays dans la guerre civile», a averti la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. Une résolution condamnant la répression a ainsi été votée par le CDH. Sur les 47 membres que compte l'organe, 37 ont voté pour, 6 pays se sont abstenus et 4 ont voté contre (Cuba, la Russie, l'Equateur et la Chine). «Le rapport de la commission d'enquête est politiquement motivé et basé sur des informations mensongères propagées par des parties se trouvant hors de Syrie et par des organes de presse malhonnêtes, tout en ignorant les informations présentées par Damas. Cette résolution est injuste et préparée à l'avance par les parties hostiles à la Syrie», a indiqué, samedi, un communiqué du gouvernement syrien, contestant ainsi cette résolution.