Le président syrien Bachar al-Assad persiste et signe. Dans une interview accordée au journal britannique The Sunday Telegraph, il menace d'enflammer toute la région en cas d'intervention militaire étrangère dans son pays. «Voulez-vous connaître un nouvel Afghanistan ou même des dizaines d'Afghanistan ? La Syrie n'hésitera pas à embraser toute la région. Il existe une ligne de faille, et si vous jouez avec la Terre, vous risquez de provoquer un séisme», a prévenu, le président Bachar Al-Assad dans une interview accordée au journal britannique The Sunday Telegraph. Le chef de l'Etat syrien, confronté depuis huit mois à une contestation sans précédent de son régime, met les Occidentaux en garde contre toute «ingérence étrangère». En dépit des différentes mesures de sanction adoptées par la communauté internationale depuis le début du soulèvement populaire, la répression sanglante contre les protestataires continue. «La Syrie n'est pas l'Egypte, la Tunisie ou le Yémen. L'histoire est complètement différente ; et la politique, aussi. Six jours après le début des manifestations, j'ai entamé des réformes. Lorsque nous avons commencé à annoncer des réformes, les problèmes ont commencé à décroître. La vague a commencé à refluer. Les gens ont commencé à soutenir le gouvernement», a-t-il affirmé. Bachar al-Assad continue toujours d'accuser des groupes terroristes d'être responsables du chaos dans le pays. Il pointe notamment les Frères musulmans et assure qu'il va les combattre jusqu'au bout. «Nous combattons les Frères musulmans depuis les années 1950, et nous continuons d'être en lutte», a-t-il également déclaré dans cette interview, la première accordée par le président syrien à un journal occidental depuis le début de la répression. «Voulez-vous connaître un nouvel Afghanistan ou même des dizaines d'Afghanistan ? La Syrie n'hésitera pas à embraser toute la région» Bachar el-Assad, président syrien. Alors que la communauté internationale le presse d'engager des changements considérables à la tête du pays, il assure que des réformes sont déjà en cours. «Le rythme des réformes n'est pas trop lent. Envisager l'avenir exige de la réflexion», a estimé le chef d'Etat syrien. Zone d'exclusion aérienne en question Samedi, les opposants ont manifesté en appelant la communauté internationale à établir une zone d'exclusion aérienne dans le pays comme ce fut le cas en Libye, il y a quelques mois. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins 40 personnes ont péri ce weekend dans des manifestations, comme dans les villes de Hamas et de Homs. En sus de la répression contre les protestataires, c'est désormais la guerre ouverte entre l'armée régulière et les soldats déserteurs qui ont rejoint la contestation. Selon Moussab Azzawi, de l'OSDH, la population demande une zone d'exclusion aérienne pour permettre aux déserteurs d'assurer la protection des civils. Pour rappel, la répression a déjà fait plus de 3 000 morts, selon le bilan de l'ONU. L'opposition, qui a d'ores et déjà mis sur pied le Conseil syrien de transition(CST), chargé de renverser le régime de Damas et de préparer la transition politique, demande à la Ligue arabe de geler l'adhésion de la Syrie. Rencontre avec la Ligue arabe L'organisation a rencontré, le 28 octobre, les autorités syriennes en vue de proposer une sortie de crise. «Le comité ministériel arabe a exprimé son rejet des meurtres de civils qui se poursuivent en Syrie, et a exprimé l'espoir que le gouvernement syrien prendra les mesures nécessaires pour les protéger», a indiqué, vendredi, un communiqué de la Ligue arabe au Caire. Toutefois, la délégation estime qu'il y a néanmoins un espoir. «Nous avons perçu l'attachement du gouvernement syrien à œuvrer avec la Commission arabe pour parvenir à une solution de la crise», a déclaré le représentant du Qatar, Cheikh Hamad, le chef de la délégation. Mais l'opposition a déjà clairement fait savoir que la seule issue à la crise reste la démission de Bachar el-Assad. «Nous n'accepterons que sa démission et son procès», a expliqué l'un des opposants. Face à la situation qui ne cesse d'empirer, la communauté internationale, notamment les Européens, envisagent de nouvelles mesures de sanction au Conseil de sécurité. Cependant, la Russie et la Chine, deux alliées fidèles de Damas, sont hostiles à ces mesures, estimant qu'elles sont inutiles et contre-productives.