Si la Koutla reste la priorité du PJD, ses membres, eux, n'ont pas arrêté de position commune quant à leur participation au gouvernement de Benkirane. Vingt-quatre heures après la nomination de Abdelilah Benkirane, en tant que chef du gouvernement, l'heure des tractations pour la formation du prochain exécutif a bien sonné. La réunion du secrétariat général du PJD, tenue mercredi, devait se pencher, en principe, sur cette question. Catégorique, Saâdeddine El Othmani affirme : « Jusqu'à présent nous n'avons reçu aucun signal d'un parti exprimant ouvertement sa volonté de former avec nous le prochain gouvernement ». Et d'ajouter : « C'est une affaire qui nécessite du temps ». Il est clair que les frères de Abdelilah Benkirane ne comptent pas précipiter les choses, préférant attendre que les directions respectives de l'USFP et du PPS déclarent officiellement leurs positions pour ou contre une adhésion au gouvernement Benkirane. « C'est le conseil national qui est appelé à décider de participer ou non au gouvernement de Benkirane ». Abou El Fadl Idriss, membre du bureau politique de l'USFP Le PJD est clair dans son approche. Le président de son conseil national ne cache pas sa préférence pour une coalition avec les trois composantes de la Koutla. « C'est ce que nous espérons », lance-t-il. Mais, au même titre que le secrétaire général, il ne ferme pas pour autant la porte au Mouvement populaire de Mohand Laenser et à l'Union constitutionnelle de Mohamed Abied. Ces deux partis ne cachent pas leur souhait de figurer sur la photo de famille du premier gouvernement constitué sous la nouvelle Constitution. Pour le PJD, l'UC et le MP représentent deux solutions de rechange en cas de basculement de l'USFP dans les rangs de l'opposition. Dans ce cas de figure, les 32 sièges de la Haraka et les 23 de l'UC dépassent de loin les 39 glanés par le parti de la Rose, lors des législatives anticipées, et permettront facilement au parti islamiste de constituer sa majorité parlementaire. L'USFP joue la carte de la prudence Les socialistes se laissent désirer pour autant. La réunion de lundi du bureau politique de l'USFP a laissé la porte grande ouverte à toutes les options. « C'est le conseil national qui est appelé à décider de participer ou non au gouvernement de Benkirane », déclare, non sans réserve, Abou El Fadl Idriss, membre du bureau politique de l'USFP. Jusqu'à présent, aucune date n'a été arrêtée pour la tenue d'une session extraordinaire du parlement du parti. « Nous attendons des nouveautés avant d'entreprendre une telle mesure », affirme le responsable. Une approche propre à la direction de l'USFP, expérimentée avec succès, en 2002, avec Driss Jettou et, en 2007, avec Abbas El Fassi, en dépit de son mauvais score lors de ce scrutin. En somme, l'USFP temporise, conscient que désormais la balle est dans le camp du PJD. Par ailleurs, le basculement du parti de la Rose dans l'opposition n'est pas dénué d'avantages. Une “cure” d'opposition ne peut être que bénéfique pour un parti qui se limite aujourd'hui aux petits calculs politiciens. « En principe nous sommes en faveur de la participation au gouvernement de Benkirane ». Un membre du bureau politique du PPS En revanche, du côté du PPS, les signaux qui parviennent de la direction du Livre sont plutôt encourageants. « En principe, nous sommes en faveur de la participation au gouvernement de Benkirane », nous confie, sous couvert d'anonymat, un membre du bureau politique du PPS. C'est ce qui ressort de la dernière réunion du bureau politique de cette formation, tenue le même lundi. « Le contexte hautement sensible que traverse le Maroc nous interpelle tous et exige de nous un sens élevé de la responsabilité. D'autant que les électeurs n'ont pas sanctionné les partis de la Koutla », explique-t-il. En effet, Istiqlal, USFP et PPS comptabilisent 30% des sièges à la Chambre des représentants alors que le PJD n'a que 27%. Les trois composantes de la Koutla, malgré les déclarations d'intention, semblent ne pas s'acheminer vers l'adoption d'une position commune quant à la question de la participation au gouvernement Benkirane. « À l'exception de la réunion de samedi, aucune autre rencontre entre partis de la Koutla n'est programmée durant les jours prochains », souligne notre interlocuteur du PPS.