En dépit du contexte marqué par le creusement du déficit budgétaire, les besoins du Trésor demeurent modérés, et sa sortie sur le marché interne de la dette ne devrait pas avoir d'impact sur le niveau des taux obligataires, estime une analyse publiée récemment par Attijari Intermédiation. Le marché obligataire connaîtra-t-il une nouvelle orientation de ses taux ? Les analystes d'Attijari Intermédiation précisent dans leur dernière note que non. Selon celles-ci, «le marché obligataire est conforté par le retour remarqué du Trésor vers le financement intérieur mais n'augure nullement une hausse brusque des taux obligataires». En effet, les analystes prônent un scénario de quasi-stabilité des taux, voire une légère hausse ne dépassant pas les 10 points de base, d'ici la fin d'année. Toutefois, ce scénario ne tient pas compte de l'hypothèse d'une sortie à l'international compte tenu de la conjoncture internationale défavorable, ou encore de nouvelles opérations de privatisations. La variation de la courbe des taux dépendrait donc uniquement du retour du Trésor vers le financement intérieur. «Un retour qui ne devrait pas exercer de pressions majeures sur les taux obligataires d'ici la fin de l'année en cours», tiennent à souligner les analystes d'Attijari Intermédiation. Besoins modérés Les raisons de cette conclusion découlent tout d'abord de la stabilité qui a caractérisé les taux primaires, depuis le début de l'année en cours ; en dépit d'un climat conjoncturel plus fragile et des incertitudes qui entourent la structure budgétaire de l'Etat suite aux importants dépassements budgétaires constatés en cours d'année. Par ailleurs, les estimations des analystes tablent sur une levée, par l'argentier de l'Etat, de plus de 64 milliards DH au terme du troisième trimestre de l'année en cours, conjuguée à 12 milliards DH de recettes durant le quatrième trimestre, les sorties du Trésor sur le marché de la dette devront s'établir à une moyenne mensuelle de levées brutes comprises entre 13 et 15 milliards DH. Les levées sur le marché de la dette seraient donc au total comprises entre 36 et 45 milliards DH. Demande en repli Par ailleurs, il y a lieu de souligner que la demande en papier frais que le Trésor injecte sur le marché a sensiblement baissé d'un trimestre à l'autre. Dans un contexte de déficit de liquidité, les soumissions de l'argentier de l'Etat ont ainsi accusé un net repli de 14% au troisième trimestre par rapport au second trimestre, et de 28% par rapport au premier trimestre de l'année en cours. La demande s'est ainsi établie à 130,4 milliards DH, au troisième trimestre, contre 152,6 milliards DH au terme du second trimestre et 180,5 milliards DH au terme du premier trimestre. En évolution annuelle, la baisse est de l'ordre de 21,6%, malgré l'anticipation des acteurs de marché d'une augmentation des besoins du Trésor et la réalisation d'un déficit budgétaire plus important en 2011, estimé à 35 milliards DH par rapport à 2010 où le déficit n'était estimé qu'à 30 milliards DH. Les sorties du Trésor sur le marché de la dette, d'ici la fin d'année, devront s'établir à une moyenne mensuelle de levées brutes, comprises entre 13 et 15 milliards DH Par tranche de maturité, la demande des investisseurs demeure axée sur la maturité 2 ans. Cet engouement résulte essentiellement des avantages qu'elle offre en terme de durée de placement, de taux de rendement et de liquidité sur le marché secondaire, en comparaison à un arbitrage, en cas d'investissement boursier. Toutefois, la faiblesse des rendements obligataires sur le marché secondaire a diminué les positions acheteuses et a réduit le volume des positions vendeuses en attendant plus de visibilité sur l'orientation des taux durant les mois à venir. Une situation qui risque de persister d'ici la fin de l'année.