Le Technopark de Casablanca a accueilli ce mardi un séminaire sur le « Pilotage du développement durable : organisation et outils ». Une occasion de débattre de la responsabilité sociale des entreprises, concept en plein essor. Le développement durable s'invite de plus en plus dans le monde des entreprises. Evoquée depuis la conférence des Nations Unies sur l'environnement humain à Stockholm en 1972, cette notion est devenue incontournable, valsant entre prise de conscience, obligation et engagement. « Depuis le sommet de Rio en 1992, les normes environnementales se sont développées, et de nouvelles normes vont être réaffirmées encore en 2012, lors de la Conférence sur le développement durable de Rio +20 », indique Kébir Alaoui, conseiller environnement et développement durable au PNUD. Comme de nombreux autres pays, le Maroc a pris des engagements dans ce sens. « Nous sommes des champions législatifs. Le Maroc a signé tous les textes, mais le problème, c'est leur application », constate-t-il. Coordonner les initiatives Pas toujours mis en œuvre, les textes sont pourtant bel et bien là, et certains entrepreneurs pionniers ont commencé à intégrer cette dimension dans leurs sociétés. « Beaucoup d'entreprises peuvent faire du développement durable sans le savoir, avec des initiatives éparses. Pour consolider la démarche, il faut coordonner», préconise Mehdi Alaoui Mdaghri, directeur associé d'EGANEO. C'est là qu'intervient la notion de « responsabilité sociale des entreprises » (RSE) qui désigne justement la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Encore à ses débuts au Maroc, la RSE a déjà été incorporée par certaines organisations dans leur stratégie. C'est le cas notamment de Méditel, qui a rajouté en 2008 à l'intitulé de son département de communication institutionnelle la notion de RSE. « Pendant longtemps, on faisait la RSE sans nous en rendre compte. Puis, nous avons décidé de nous structurer, avec une équipe et un budget dédiés », nous raconte Siham Belmamoun, manager responsabilité sociale à Méditel. Une image d'entreprise citoyenne Mais à l'origine de ce choix, la motivation est-elle de faire du marketing d'entreprise ou un véritable engagement citoyen ? « Il y a un impact d'image mais ce n'est pas de la communication », estime Siham Belmamoun, avant d'ajouter «Mais il est vrai que la RSE peut être perçue comme telle au niveau du management ». Et pour cause, inscrire le développement durable dans l'entreprise peut se révéler une opportunité économique. En terme d'outil marketing, « le consommateur est un citoyen », rappelle ainsi Soufiane Idrissi Kaitouni, directeur exécutif d'APEBI. D'où l'intérêt de concilier logique économique, responsabilité sociale et éco-responsabilité. 3 QUESTIONS À … Jessy Robert, Directeur France et pays francophones d'Enablon. Votre société de conseil en développement durable, Enablon, est en train de s'implanter au Maroc. Quel premier diagnostic faites-vous de la prise en compte des enjeux de développement durable par les entreprises marocaines ? J'ai été surpris. Il y a des pionniers dans ce domaine au Maroc. Il est important de trouver des entreprises qui vont montrer l'exemple. Ces pionniers de la RSE sont ceux qui vont créer un effet boule de neige. Je ne peux pas les citer, mais ce sont des entreprises dans plusieurs domaines d'activités, du bancaire aux industriels. Comment convaincre une entreprise marocaine d'investir dans le développement durable ? Il est nécessaire qu'il y ait une prise de conscience des dirigeants et des chefs d'entreprises. Ce sont eux qui peuvent insuffler la dynamique. Les dirigeants doivent porter le message, en mettant par exemple des indicateurs de performance sur le RSE dans le bilan annuel. La législation, qui peut fixer des seuils de pollution par exemple, est un fort incitateur également. Au Maroc, il existe des dispositifs avec des obligations qui vont dans ce sens. Mais il faut que la réglementation soit appliquée, contrôlée, voire même sanctionnée. Comment responsabilité sociale et développement durable s'imbriquent-ils ? RSE et développement durable sont profondément liés. Aujourd'hui, l'opposition se fait plus entre l'économique avec la performance financière et la performance RSE. La RSE a souvent été construite sur un critère environnemental, mais à présent, le critère social se renforce. Il y a une volonté des jeunes de se retrouver dans les valeurs sociales de l'entreprise. Ce critère est important. C'est notamment par la jeunesse que se fait la prise de conscience. En ce sens, une des forces du Maroc est sa jeunesse.