Le 9e Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger a récompensé Bicyclette, film turc de Serhat Karaaslan pour cette édition qui a présenté 55 opus issus d'aires géographiques diverses. «Je suis très heureux d'être présent, lors de ce festival qui m'a permis de faire de nombreuses rencontres, je remercie les organisateurs de cet événement et le jury », a déclaré avec simplicité, le réalisateur turc, Serhat Karaaslan, quelques secondes après avoir reçu le Grand prix de cette 9e édition au cinéma Roxy, qui célèbre le court-métrage dans la mythique cité du Détroit. Bref, allant à l'essentiel, ces quelques mots de remerciements sont à l'image du film, Bicyclette. L'opus d'une durée de 17 minutes, embarque le spectateur dans le monde des déshérités, des ténébreux, des oubliés. Firat, héros-enfant et son père s'échinent à faire la collecte des ordures afin de survivre. Le petit garçon rêve d'avoir un vélo. Au beau milieu des amoncellements de déchets, il trouve un jour, un vélo. Malgré une roue manquante, il décide de l'utiliser. Rétention de dialogues, prédominance du langage de l'image, film d'atmosphère parfois proche de l'univers de Kiarostami et de Bergman, cette œuvre respire la dimension cinématographique d'un bout à l'autre, signant définitivement l'émergence de la jeune école du cinéma turc. Le Prix du scénario a récompensé le film espagnol, En uniforme, réalisé par Irene Zoe Alameda. L'opus met en scène Margaret, une fillette solitaire, dotée d'une rare capacité d'observation, évoluant à travers un monde parallèle et un imaginaire riche, qui lui proposent une lecture différente de son environnement, loin des idées reçues de la société. Le Prix Spécial Jury, a couronné Sur la route du paradis, d'Uda Benyamina. La cinéaste avait été découverte lors du 7e Festival, alors qu'elle présentait, Ma poubelle géante. C'est l'actrice Majdouline Idrissi, que la réalisatrice a vivement saluée et remerciée pour sa composition extraordinaire. Le Prix de la réalisation a été attribué à Reverse, de George Grigorakis, représentant la Bosnie-Herzégovine et la nouvelle narration des films des Balkans. Autre jalon de ce festival, inspiré de l'Histoire algérienne et de sa jeunesse aux prises avec la révolte d'octobre 1988, surnommée depuis, octobre rouge , le film Demain, Alger ?, signé par Amine Sidi-Boumediene. En adéquation avec une actualité à présent criante dans le monde arabe, qui ne cesse de souffler son printemps ces derniers mois, cet opus nous rappelle que l'Histoire ne cesse de se répéter et que les gouvernements devraient œuvrer à l'avenir de leur jeunesse en mal de vie et de perspectives… Autre pépite de ces moments de cinéma, l'ovni Androïd, de Hicham Lasri. Totalement libre, déjanté, d'une esthétique extrême, ce court-métrage inclassable est fidèle à la patte du jeune réalisateur marocain qui nous plonge dans son univers noir et blanc, urbain, tachycardique au plus profond de la ville de Mohammedia. Cette 9e manifestation, placée sous le signe de la richesse, de l'échange, de l'art de la rive Sud a manifestement offert de fortes rencontres humaines, de nouvelles amitiés, des regards divers et des approches différentes, ouverts sur l'autre, le questionnement, la découverte. Au fil de débats débutés le matin au lendemain des projection à l'hôtel Chellah, se poursuivant ensuite entre le chien-loup au café Hafa, s'achevant dans les nuits du Number One et du Rubis. Libre comme l'exercice du court-métrage, et l'esprit tangérois.