Le Conseil de sécurité ne parvient toujours pas à parler d'une seule voix sur la répression en Syrie. Alors que la répression s'intensifie en Syrie, le Conseil de sécurité des Nations unies n'arrive toujours pas à accorder ses violons. Cela fait plusieurs mois que l'organe de décision de l'ONU multiplie les réunions entre ses membres en vue de voter, ne serait-ce qu'une simple condamnation des nombreuses exactions commises par le régime de Bachar al-Assad contre son peuple. La dernière rencontre entre les quinze membres le 4 octobre dernier s'est, de nouveau, achevée en queue de poisson. Face à la menace du veto brandie par la Russie et la Chine, alliées fidèles de Damas, les Américains et les Européens, qui sont les instigateurs de ce projet de sanction, n'ont eu de choix que d'atténuer le contenu des mesures prévues. Mais rien n'y fit. Pékin et Moscou ont mis leur menace à exécution. «Les Etats-Unis sont furieux du fait que ce Conseil a complétement échoué dans sa tentative de traiter un défi moral urgent et une menace croissante à la paix régionale», a déploré la représentante américaine Susan Rice. «Le peuple courageux de Syrie peut maintenant voir qui dans ce Conseil soutient ses aspirations à la liberté et aux droits de l'Homme universels et qui ne le fait pas», a-t-elle ajouté. Longtemps accusé par l'opinion publique de soutenir le régime d'Al-Assad, Washington tient désormais à prouver sa bonne foi au peuple syrien. Gérard Araud, l'ambassadeur de France à l'ONU, n'a pas pu masquer son indignation. «Le veto russe et chinois est une expression de mépris pour les aspirations légitimes qui s'expriment courageusement en Syrie depuis cinq mois. C'est un rejet de ce formidable mouvement en faveur de la liberté et de la démocratie qu'est le Printemps arabe», a-t-il déclaré à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité. Selon le diplomate français, il n'est pas question de baisser les bras. «Qu'on ne s'y trompe pas, ce veto ne nous arrêtera pas. Aucun veto ne peut donner le feu vert aux autorités syriennes, qui ont perdu toute légitimité en assassinant leur propre peuple», a-t-il souligné. Ce nouvel échec du Conseil de sécurité montre les divergences abyssales qui subsistent entre ses membres dans le dossier syrien. «Ce n'est pas à Paris, Washington ou Londres de décider de la légitimité des dirigeants dans le monde arabe ou ailleurs. Nous avons vu cela en Côte d'Ivoire, puis en Libye et maintenant une nouvelle fois en Syrie», a déclaré le représentant russe Vitaly Churkin pour justifier le choix de son pays. D'après Vitaly Churkin, le texte présenté par les Occidentaux est «inacceptable». Sur le terrain, trois soldats et un civil ont été tués dans des affrontements mardi entre les forces syriennes et des déserteurs de l'armée dans la région de Jabal-al-Zaouiya, au nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Selon plusieurs médias libanais, des chars syriens ont franchi la frontière libanaise mardi dernier, à la recherche de soldats déserteurs qui auraient trouvé refuge dans un village du Liban, proche de la frontière entre les deux pays. Par ailleurs, Amnesty International a publié un rapport lundi qui dénonce plusieurs violations des droits humains commises par le régime actuel contre des protestataires syriens à l'étranger. «Nous avons recueilli des témoignages de manifestants dans plusieurs régions du monde. Souvent, lorsque des gens sont allés manifester ou qu'ils se sont fait le relais de protestations par le biais de Facebook ou d'autres moyens, ils ont reçu des courriers électroniques, des coups de fil ou des visites de la part d'officiels des ambassades syriennes ou encore d'autres personnes qui travaillent pour le régime syrien à l'étranger», a dénoncé Neil Sammonds, chercheur sur la Syrie pour Amnesty International. «Cette surveillance a aussi été utilisée par les services de sécurité en Syrie pour harceler des membres des familles de Syriens établis à l'étranger. Par exemple, nous avons le cas de personnes âgées de 66 et de 73 ans, qui sont les parents d'un militant syrien vivant aux Etats-Unis. Ils ont été tabassés chez eux à Homs. La famille d'autres militants en Suède a également reçu la visite des services de sécurité. Six d'entre eux ont été arrêtés et deux ont été torturés, alors qu'on les interrogeait sur les activités de leurs proches établis à l'étranger», a-t-il poursuivi. Tout porte à croire donc que rien ne peut arrêter la machine à tuer du régime de Bachar al-Assad.