Co-fondateur de l'Alliance des Indépendants, Yassine El Bahlouli explique au Soir échos ses perspectives et ses priorités quant à l'intégration des jeunes dans la gestion de la chose publique. L'Alliance des indépendants (ADI) n'a pas de prétention revendicative. C'est un think tank initié au début du mois dernier par de jeunes cadres avides d'étancher leur soif de participer activement à la construction du Maroc de demain. L'ADI se veut être un laboratoire d'idées, mais aussi une plate-forme de débat et d'action organisée autour d'un réseau composé d'antennes de représentions dans les différentes régions du royaume. Soutenu par le RNI, l'ADI se défend d'en porter les couleurs et insiste sur sa volonté de «faire de la politique autrement». Les explications de son co-fondateur, Yassine El Bahlouli. L'ADI est née de la volonté de jeunes cadres d'apporter de l'eau au moulin des partis politiques et des institutions. A l'approche des élections, quel rôle s'assigne l'ADI ? L'ADI n'est nullement un mouvement revendicatif, mais un cercle de réflexion marocain, assimilé à un laboratoire générateur d'idées créatives et à forte valeur ajoutée, créé par de jeunes cadres marocains. L'ADI est en train de jouer un rôle très important. En tant que force de proposition, d'abord, pour l'élaboration du programme électoral du parti qui nous a ouvert ses portes, à savoir le RNI. L'ADI compte également organiser et participer à des tables rondes et workshops en présence de politologues, économistes et sociologues marocains ainsi que d'experts étrangers. Le gouvernement semble se diriger vers l'option de la mise en place d'une liste nationale alliant jeunes et femmes. Qu'en pensez-vous ? D'un côté, l'ADI est pour le respect, le renforcement et l'accélération de la mise en place du processus de la parité instaurée par la nouvelle Constitution en ce qui concerne la promotion de la participation de la femme marocaine dans la vie politique. D'un autre côté, compte tenu de la nature de ses adhérents, composés essentiellement de jeunes cadres dynamiques, l'Alliance souhaite l'instauration d'un quota national consacré aux jeunes cadres lors des prochaines législatives. Le chemin vers la réconciliation des jeunes avec la chose publique implique forcément un renouvellement générationnel et progressif de la classe politique. En outre, l'ADI lance un appel aux partis politiques pour faire figurer des jeunes des deux sexes en tête de liste au niveau des listes locales. Votre alliance ne cache pas son appartenance au RNI, mais insiste toujours sur le fait de ne porter aucune couleur politique. Ne trouvez-vous pas que ce penchant RNIste finira par l'emporter sur l'aspect «Indépendant» de votre alliance ? Certes, l'ADI a été l'œuvre de jeunes cadres membres et sympathisants du RNI, parti avec lequel elle partage par ailleurs les principaux fondements de sa vision. Lorsque le comité préparatoire a présenté le projet de l'Alliance au président du RNI, Salaheddine Mezouar, qui nous a témoigné le plus grand support ainsi que Moncef Belkhayat, parrain de l'ADI, en plus de plusieurs ministres RNI dont Aziz Akhannouch et Yassir Znagui, nous avons clairement insisté sur notre entière autonomie et liberté à pouvoir produire des propositions et émettre les recommandations que nous jugeons pertinentes avec justement cette vision que nous, jeunes cadres marocains, représentons de la société dans laquelle nous vivons. Ce que l'ADI produira n'est en aucun cas tributaire d'un éventuel pré-alignement. L'indépendance de l'ADI est avant tout une richesse pour le RNI, c'est le laboratoire de ses idées, l'observatoire de ses actions et le recul de ses adhérents. C'est, entre autres, ce qu'a séduit les nouveaux membres de l'ADI. Nous recevons une dizaine de candidatures de jeunes cadres marocains par semaine, de plusieurs régions du Maroc, de la France, des Etats Unis pour adhérer à l'ADI ; c'est que notre concept connaît un franc succès surtout avec l'utilisation de nouveaux moyens de communication (Twitter, Fan page sur Facebook, procédure d'adhésion électronique, portail,…). L'ADI, c'est faire de la politique autrement… Certains de vos détracteurs estiment que l'ADI sert tout simplement de campagne électorale prématurée au RNI. Que leur répondez-vous ? Aujourd'hui, le Maroc est entré dans une dynamique irréversible dans laquelle chacun a une responsabilité et un rôle à jouer. Nous, les jeunes cadres, à travers ce groupe de réflexion, voulons apporter notre participation en proposant des idées et des recommandations que nous comptons soumettre aux autorités appelées à gouverner notre pays. Puis, le discours adressé à la Nation par SM le Roi Mohammed VI à l'occasion de la fête du Trône en juillet dernier est très clair. Les partis politiques ont le devoir de se rapprocher des jeunes. Ces derniers sont les leaders de demain, aussi est-il temps qu'ils soient pleinement intégrés dans le processus de renouvellement des institutions du royaume. Plusieurs mouvements se sont formés après la Constitution, quelle est votre valeur ajoutée ? A la différence des autres initiatives, certes louables à tous les niveaux, l'ADI est constituée exclusivement de jeunes cadres, une catégorie qui a été négligée et marginalisée par les partis politiques durant les trente dernières années au point que le Maroc a connu un saut générationnel dangereux. La valeur ajoutée de l'ADI se fait via l'implication de cette catégorie dans le débat public et surtout sa réconciliation avec la politique ainsi qu'à travers la préparation d'un gisement de « cadres politiciens» pour le Maroc de demain. La vision de l'ADI est «long-termiste» ; dans nos commissions et groupes de travail, on parle plus de la relève politique pour 2016 et 2021.