Les conclusions du rapport de l'ONU sur l'attaque de la flottille de Gaza en 2010 ont été rendues publiques jeudi en avant-première par le New York Times. Après de multiples reports, la publication du rapport a provoqué un regain de tensions entre la Turquie et Israël. Les conclusions du rapport de l'ONU, remises au secrétaire général Ban Ki- moon vendredi, épinglent les pro-Palestiniens tout comme l'armée israélienne. Le blocus naval de Gaza est « légal et approprié », tranche le rapport, mais l'assaut de la flottille qui a essayé de rompre le blocus le 31 mai 2010 est « excessif et irraisonné », juge-t-il. Sur ce deuxième point, le rapport souligne que la perte de vies humaines lors de l'assaut est inacceptable et que le traitement des passagers par les militaires Israéliens a été « abusif ». Concernant le blocus imposé à Gaza, «Israël fait face à une menace réelle contre sa sécurité de la part de groupes militants à Gaza. Le blocus naval a été imposé en tant que mesure de sécurité légitime de façon à empêcher l'entrée d'armes dans Gaza par la mer et sa mise en œuvre respecte les exigences du droit international», justifient les enquêteurs. Après les événements, plusieurs points du déroulement exact de l'assaut étaient restés controversés. Par exemple, la résistance des passagers face à l'armée israélienne. Le document onusien de 105 pages n'élude pas cet aspect et indique que lors de l'assaut des commandos sur le bateau Mavi Marmara, ils ont rencontré « une résistance organisée et violente d'un groupe de passagers ». De plus, le rapport juge l'initiative des militants pro- palestiniens « imprudente ». «De graves questions se posent à propos de l'attitude, de l'identité véritable et des objectifs » des organisateurs, estime le rapport. Le panel de quatre enquêteurs indique que les conclusions se basent uniquement sur des informations provenant d'Israël ou de Turquie. Bien que finalisée depuis plusieurs mois, la publication du rapport a été reportée à plusieurs reprises. La raison? Les tensions entre la Turquie et Israël qui ont tenté depuis les faits de rabibocher leur relation brinquebalante. Pour les deux parties, la publication du rapport rend encore plus délicate toute réconciliation et les deux pays ont émis de nombreuses objections sur le rapport avant sa publication. Des négociations ont bien eu lieu entre la Turquie et l'Etat hébreu, mais elles ont échoué. Israël était prêt à exprimer des regrets et verser des indemnités aux familles des victimes turques, mais Ankara a exigé de véritables excuses, ce à quoi s'est refusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu, indique jeudi le New York Times. Le principal sujet de contrariété pour la Turquie réside dans la reconnaissance du blocus naval et de la légitimité des forces israéliennes à intercepter tout navire dans les eaux internationales, comme ce fut le cas en 2010. Résultat : après sa publication, l'effet immédiat de telles conclusions ne s'est pas fait attendre. La Turquie a annoncé vendredi en représailles sa décision d'expulser l'ambassadeur d'Israël à Ankara et de suspendre tous ses accords militaires avec l'Etat hébreu. « A ce stade, nous prenons les mesures suivantes : les relations entre la Turquie et Israël sont ramenées au niveau de deuxième secrétaire (d'ambassade). Tous les responsables ayant un rang supérieur à celui de deuxième secrétaire, comme l'ambassadeur, rentreront dans leur pays avant mercredi », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Pour le moment, Israël a, de son côté, fait savoir qu'il accepterait ce rapport avec des « réserves ponctuelles ». Plusieurs bémols apparaissent à la lecture du rapport. Tout d'abord, le panel de quatre enquêteurs indique que les conclusions se basent uniquement sur des informations provenant d'Israël ou de Turquie, mais qu'aucune véritable enquête n'a été menée en dehors de cela. Pas de témoignage recueilli ni de document consulté. Autre point, sur les quatre enquêteurs, I'Israélien et le Turc se sont dissociés des conclusions du rapport. Dans une annexe, l'Israélien Joseph Ciechanover dit son désaccord avec ce jugement, expliquant que les soldats israéliens ont agi en état de légitime défense. Le Turc Ozdem Sanberk discute, lui, la légalité du blocus et conteste que la flottille a mal agi.