Cherif Diallo est un pur produit Iberia. Entré à la compagnie il y a 26 ans, ce Sénégalais de naissance et Marocain de cœur a gravi tous les échelons en bâtissant une expérience solide au Sénégal, en Espagne et au Maroc, son second pays. Il est à la tête de la filiale marocaine depuis 2004. C'est dire s'il connaît bien les enjeux d'un secteur passionnant autant que stimulant. A l'occasion de l'ouverture de la ligne Rabat-Madrid, Cherif Diallo confie au Soir échos l'impact de cette nouvelle desserte sur l'activité d'Iberia Maroc. Iberia vient de lancer son vol entre les capitales marocaine et espagnole. Quelle en est la motivation ? Je voudrais d'abord vous rappeler l'enracinement de notre compagnie au Maroc, puisque le premier vol international opéré par Iberia s'est fait vers le Maroc. Par ailleurs, nous desservons Tanger depuis 1966 ! Avec l'ouverture de Rabat, ce sont maintenant 4 destinations que nous couvrons au Maroc : Tanger, bien entendu, Casablanca, Marrakech et, aujourd'hui, Rabat. Au total, ce sont maintenant 20 vols hebdomadaires entre les deux pays. L'ouverture de Rabat s'est imposée par la demande des hommes d'affaires et des différents représentants gouvernementaux qui ont besoin de se rendre dans l'une des deux capitales sans perdre de temps en faisant le détour par Casablanca. Ceci reflète aussi l'importance des relations bilatérales entre les deux royaumes qu'il était naturel d'accompagner. La présence du président de la compagnie aérienne Iberia et d'International Airlines Group (IAG), Antonio Vázquez, à la soirée inaugurale organisée à l'ambassade d'Espagne est une preuve de l'importance pour notre compagnie de cette ouverture. Quelle est la fréquence de ce vol ? Ces vols seront opérés sur des Airbus de la famille A320, équipés d'une classe business et d'une classe éco. Il s'agit d'un vol sans escale. Les vols sont programmés deux fois par semaine : lundi et vendredi. Quel est l'impact de cette nouvelle desserte ? Aujourd'hui, nous avons une offre complète sur le Maroc. Avec deux vols quotidiens entre Casablanca et Madrid, opérés en code share avec la RAM, nous avons une offre en phase avec la demande professionnelle et touristique. Quelle est la position d'Iberia au Maroc ? Nous transportons chaque année un peu plus de 220 000 passagers. Madrid est un hub important. Sur la totalité de nos passagers en provenance du Maroc, seuls 17% restent à Madrid. Le reste se retrouve dans d'autres villes du pays, continue sur la France ou encore se rend en Amérique latine où notre présence est très forte puisque nous desservons la quasi-totalité des pays de la région. Actuellement, la part de marché d'Iberia entre le Maroc et l'Espagne est de 37 et 46 % entre le Maroc et l'Amérique latine. La société prévoit que le nouveau vol entre Rabat et Madrid permettra d'augmenter cette part. Comment se porte Iberia ? Sur le plan international, la santé de la compagnie est excellente. La fusion avec British Airways dans IAG (International Airlines Group) nous a permis de sortir du rouge grâce à de meilleures synergies et des économies d'échelle. Nous tablons sur 400 millions d'euros d'économies supplémentaires dans les quatre prochaines années. La filiale marocaine contribue à hauteur de 5 millions d'euros au chiffre d'affaires de la compagnie avec une douzaine d'employés. Puisque les synergies semblent être positives, est-il question d'entrer au capital de TAP, la compagnie portugaise ? Pour l'instant, il s'agit d'une simple rumeur. Aucune information officielle n'est disponible de part et d'autre. Quels sont les points forts d'Iberia ? Je parlerais de notre position en tant que hub pour l'Europe, mais aussi et surtout pour l'Amérique latine, qui est de plus en plus présente dans les déplacements des Marocains. Enfin, je parlerais de notre politique commerciale agressive. Là où il y a de la concurrence, les coûts baissent et la qualité s'accroît. Au sein de la compagnie, nous avons aussi mis en place un plan ambitieux pour l´amélioration de nos produits et services avec un investissement de 150 millions d´euros, entre 2009 et 2011, qui inclut des mesures d´amélioration de la classe business sur les longs courriers (Business Plus, NDA) et sur les moyens courriers, avec la business club, mais aussi la rénovation de nos salles VIP. Nous venons aussi de renouveler nos menus avec la participation de 4 prestigieux chefs espagnols. Et nous continuons à travailler pour une nouvelle classe Business sur les vols de longues distances sans oublier une amélioration de la cabine touriste également pour les longues distances. Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ? La concurrence, comme je le disais, à l'instant est un stimulant important. L'essor du low-cost nous oblige à traquer les surcoûts cachés et à améliorer notre efficience opérationnelle. C'est dans ce sens que notre présence se renforce sur Internet. Notre site web, ainsi que notre application iPhone, sont autant d'outils pour nous rapprocher de nos clients. Vous pouvez, par exemple, utiliser votre téléphone comme carte d'embarquement. C'est simple, c'est pratique et le fait de ne pas imprimer de papier offre un gain de temps et d'argent. Comme je l´ai dit tantôt, nous continuons à dédier tout notre savoir-faire à répondre et satisfaire aux attentes de nos clients, et c'est un défi constant de tous les jours.